Unprocessed - Angel: Entre violence et techniques fines

Unprocessed - Angel: Entre violence et techniques fines

Chroniques 30 Octobre 2025

Les Allemands d’Unprocessed n’ont pas chômé durant ces deux dernières années, depuis la sortie de l’album qui les a propulsés sur les routes du monde entier aux côtés de Tesseract, August Burns Red ou encore Jinjer l’année prochaine.
Malgré un emploi du temps plus que chargé, le groupe a su trouver le temps de nous livrer une nouvelle dose de riffs et de breaks plus que satisfaisante avec Angel.

Comment ne pas évoquer le talent monstrueux des musiciens, tant chaque morceau semble plus fou que le précédent ?
Manuel Gardner Fernandes (chant et guitare) nous offre une panoplie vocale décoiffante, accompagnée d’une guitare oscillant entre accords aériens et sons tordus et rapides. Christoph Schultz harmonise le tout et propose des réponses efficaces aux phrasés de Manuel. David John Levy, quant à lui, navigue entre le Cyberpunk et le R&B à travers ses synthétiseurs, tout en posant une basse groovy qui souligne l’importance du batteur Leon Pfeifer, dont les rythmes solides et aérés donnent une cohésion remarquable à l’ensemble.

L’album s’ouvre sur un 111 d’une exemplarité… exemplaire ?
Tout est là pour contenter à la fois les fans de la première heure et ceux qui ont découvert le groupe plus récemment. L’intro au clavier laisse immédiatement place à une avalanche de notes : rien n’est de trop, et la structure ne laisse jamais place à la prévisibilité. L’ingéniosité du morceau annonce d’ailleurs le meilleur pour la suite.

À peine le temps de souffler que Sleeping With Ghosts vient nous asséner ses coups de cordes martelées avec précision. Son break final provoque une “douleur fantôme” subite — le genre de moment qui fait grimacer les visages, signe qu’un break est réussi.
Beyond Heaven’s Gate offre une respiration bienvenue, plus Pop-Punk dans l’esprit, sans pour autant perdre en intensité.

Sacrifice Me, premier single sorti il y a plus d’un an, semble être le cœur autour duquel s’est construit tout l’album. On y retrouve les éléments marquants des morceaux précédents, fusionnés dans un hymne émouvant, sublimé par sa montée finale.
Dommage pour Snow Lover qui, bien que redoutablement efficace en tant que single, souffre un peu de sa position. Son riff principal, lourd et plus simple, fonctionne mais peine à égaler la puissance émotionnelle de son prédécesseur.

Terrestrial relance la machine dès les premières secondes, nous inondant de sons de guitares avant de déchaîner chant et batterie dans une pure énergie metalcore. Le morceau suit une structure plus classique, mais son exécution prouve une nouvelle fois la maîtrise allemande en la matière.

Arrivés à mi-parcours, Your Dress nous plonge dans une atmosphère Dark synth et Cyberpunk, teintée de new wave sur sa seconde moitié. Planant et hypnotique, son riff final nous emporte si loin qu’on ne voudrait jamais qu’il s’arrête.
Dans la même lignée, Where I Left My Soul nous offre une balade chargée d’émotions, de frissons et de murs sonores. La voix claire et angélique de Manuel apporte ici une véritable pause dans l’intensité de l’album.

Une pause… vraiment ?
Pas pour longtemps : Solara, avec en invité le Suisse “Zélli” de Paleface Swiss, vient tout fracasser avec une violence cathartique. Une douleur qui fait du bien, hurlée en pleine face.

La transition First Tongue, morceau au piano, nous emmène tout en douceur vers Perfume — troisième moment d’apaisement de l’album. Ce titre, presque progressif, fait évoluer son ambiance sans jamais nous relâcher. C’est le morceau qu’on écoute le cœur lourd, quand on veut entretenir ses émotions. Et il y parvient, jusqu’à sa superbe outro.

Le riff tranchant de Head in the Clouds nous ramène brutalement sur terre : les émotions, c’est bien, mais nous sommes ici pour les guitares saturées et la technique. La présence du rappeur Jason Butler s’intègre parfaitement aux couplets, et le break final, d’une justesse exemplaire, nous laisse sur notre faim.

Heureusement, Dark Silent and Complete arrive pour clore l’album avec toute la violence espérée.
Les changements de tempo, les graves saturées et l’intensité de la première moitié contrastent avec un passage plus calme et aérien. Le groupe refuse de nous laisser repartir paisiblement et conclut sur une dernière vague d’émotions, puissante et viscérale.


Alors, que penser de Angel ?
À la fois violent et doux, l’album tient ses promesses techniques tout en surprenant par ses ambiances progressives proches du post-rock.

Pour tout admettre, cette dernière me déçoit un peu, j’ai le sentiment de ne pas retrouver ce que je viens chercher en écoutant du Unprocessed et même si leur approche plus aérienne est réussie, le mélange peut ne pas plaire à tout le monde.
Qu’on aime ou non, Unprocessed force le respect par son talent et son inventivité. Sa richesse sonore et sa diversité permettent à chacun d’y trouver son compte — preuve qu’Angel ouvre la porte à d'autres horizons

A propos de Guillaume W

Guillaume est grand comme son âge et aime écouter les sons qu'il veut écouter. Passionné de métal, de jazz et de jeux-vidéos, il arrive en big 2025 pour nous régaler les yeux de ses avis auditifs.