öOoOoOoOo - Samen
öOoOoOoOo, prononcé “Chenille” est un duo tout droit venu de Lyon, j’aime autant vous dire que j’aurais aimé les avoir en interview mais hélas le dernier album a maintenant 7 ans et est tiré d’une exposition intitulée Salem, que j’aurais désespérément voulu voir.
Fort de 12 titres, l’album commence avec Rules of the Show qui est un morceau mêlant Pop et Soul en première analyse, et assez vite du Black Metal avec des blastbeats et une voix criée. Les violons, les chœurs, l’intensité de ce premier passage est pour ma part suffisant pour me faire accrocher à l’album. On sent déjà l’influence de groupes comme Diablo Swing Orchestra dans la rythmique ou dans les constructions où le chant guttural lourd se mêle à un synthé’ et à une rythmique funky. La fin semble rituelle avec ses percussions solistes et sa voix aiguë glaireuse, mais repart assez vite sur un passage mêlant Black Metal et Pop Rock. C’est n’importe quoi mais j’adore !
Les 4 F arrivent ensuite : Fucking Freaking Futile Freddy, qui s’ouvre sur un passage plutôt industriel avec tous ses samples de percussions métalliques auxquelles se mêlent plusieurs effets de voix, des passages d’improvisation Jazz à la batterie et des passages typés Pop. Le swing reste présent, alors que c’est pourtant un élément de composition un peu suranné.
Meow Meow Frrru réveille à nouveau un style en perte de vitesse avec le 8bit. Le mélange entre 8bit et Metal n’est pas nouveau, mais avec une voix aussi lyrique que celle-ci, c’est nouveau pour mes oreilles. La voix est totalement erratique, s’amusant de jouer de pleins de timbres différents, et rappelle - que Dieu me pardonne la comparaison - Bohemian Rhapsody. C’est tout de même forcément mieux puisqu’on a des blastbeats et du chant guttural, c’est évident.
No Guts = No Masters continue dans la lancée erratique avec un morceau toutefois plus sérieux et structuré, avec des parties Pop Rock, Black Metal, lyriques et Soul. Comme un enfant avec un trouble de l’attention, le morceau ne peut pas rester en place 1 minute, pour notre plus grand plaisir puisque ça le fait explorer plein d’horizons différents.
C’est le cas avec le violoncelle, que l’on trouve sur Bark City comme sur son prédécesseur et qui semble donner un peu de tenue aux morceaux. Ce morceau-ci semble explorer moins de perspectives, puisque même les passages de Black Metal chaotique reprennent les accents du passage précédent qui ont été marqués au piano. Les passages proches du Ragtime confirment les influences Swing du duo tandis que les passages percussifs sont bien plus atmosphériques et rassérènent l’album.
C’est aussi le rôle de Purple Tastes like White dont la structure est assez claire tout du long et - oserait-on le dire sans insulter l’album ? - cohérente ! Cela permet toutefois un véritable développement où les percussions se mêlent aux guitares et où la voix peut se développer et prendre de l’ampleur progressivement en suivant le morceau et ses guitares aiguës qui se répandent en fond.
I hope you sleep well retourne néanmoins au chaos que l’on connait, avec des guitares aux arpèges dissonants, aux voix parodiques et au chant guttural. La structure est néanmoins plus claire une fois de plus car, malgré les changements de registre qui passent du burlesque au lyrique dans le chant, le tempo’ reste sensiblement le même. Cela permet d’évoluer entre un moment presque symphonique à un autre artificiel composé en rimshots et en 8bits et d'atterrir sur un passage Pop Rock qui ferait pâlir d’envie Avril Lavigne.
C’est pourtant un Black Metal bien dense qui clôt le morceau précédent, si bien que Well-oiled Machines tranche puisqu’il s’agit d’un morceau court, d’un interlude Soul pour nous reposer avant les quatre épreuves qu’il nous reste.
Chairleg Thesis resaute dans le bizarre avec des gammes chromatiques qui lui donnent un aspect oriental qui se mêlent au Black Metal lui-même influencé par de l’Electro. Seule la voix semble être fidèle dans cet album et ne jamais nous lâcher, et c’est quand elle n’est pas masquée - comme ici - par des guitares saturées, par le chant guttural ou bien par ses différents timbres parodiques. Le morceau finit par un super canon accompagné d’un rythme chaloupé, on n’avait pas encore eu de moments caliente dans cet album, il en fallait bien un !
Avec son titre en français, Fumigène est le seul morceau qui trahit les origines du groupe. Car avec son chant RnB par-dessus les guitares saturées, ce passage a tout d’américain. Les voix s’y mélangent, le synthé’ rajoute une artificialité, et les percussions métalliques donnent à toute cette musique un aspect extrêmement irréel, car si elle est moins dérangeante que ses passages extrême, les dissonances semblent en tout point être un bug, un surplus d’artificialité qui colle aux stars.
Pourtant, loin du voyeurisme des caméras, LVI commence par une petite mélodie de boîte à musique mais garde tout au long du morceau un bourdon qui fait office de gravité et qui nous rappelle à la dissonance. Celui-ci est parfois accompagné d’un larsen, et les voix semblent alors être attirées par lui, modulées vers le bas, car les chœurs sont légèrement arrangés pour être en décalage de la tonique. Sans aller jusqu’à dire “surprenant”, un solo de guitare électrique est un nouvel élément à cocher sur la case du bingo musical qu’est öOoOoOoOo.
Enfin, pour clôturer, Hemn Be Rho Die Samen est un morceau de Black Metal dense, presque Noisy avec des blastbeats et un chant caverneux comme il faut - à l’exception du chant féminin lyrique dont il faut une fois de plus noter la qualité. Pour nous transporter une dernière fois dans le bizarre, la batterie fait appel a du 6/8 et les guitares dissonnent. Enfin, le morceau se clôt sur des éléments noisy, nous emportant une dernière fois dans sa folie.
Car il n’est pas question d’être simplement bizarre pour cet album, il est fou dans tous les sens du terme. Il est extrêmement divers et intense sur tous les points, ce qui fait de Salem une écoute incontournable pour tous les fans de musique d’avant-garde. “Chenille” se présente comme le pendant Black Metal de Between the Burried and Me, dans ses structures et ses titres deleuziens qui partent dans tous les sens et brouillent toutes les pistes. Pourtant, ses éléments presque parodiques et éminemment populaires prouvent que l’album ne se prend pas au sérieux, une qualité qu’il faut souligner car il aurait pu être prétentieux au regard de sa qualité. Il n’a pas la majesté du papillon qui prétend au royaume céleste, ce n’est qu’une petite chenille errante, dont chaque spasme est traduit par élément musical nouveau, et ainsi de suite, en avant !
A propos de Baptiste
Être ou ne pas être trve ? Baptiste vous en parlera, des jours et des jours. Jusqu'à ce que vous en mourriez d'ennui. C'est une mort lente... Lente et douloureuse... Mais c'est ce qu'aime Baptiste ! L'effet est fortement réduit face à une population de blackeux.