L’idée m’est venue en relisant le top d’Hakim sur les poissons et sa passion pour ces animaux à la fois incroyables et terriblement cons. J’écoutais alors Varèse et ses plages sonores lentes qui feraient passer un album de Darkspace pour un club de danse, et j’ai décidé de prendre du contrepied : m’intéresser aux déserts. Là où Hakim s’intéresse à ce qui vit dans l’eau, je vais m’intéresser à ces endroits arides où personne ne passe, comme le désert de Gobi ou votre vie sentimentale.

On va commencer doucement avec Ecologist, un groupe originaire du Chili. J’ai découvert ce petit groupe il y a peu et honnêtement le son me plait beaucoup. Les blastbeats et le trémolo picking sont très bien utilisés pour faire une texture medium-grave dans un style Blackgaze qui garde la rugosité du Black. La voix n’est pas excellente, c’est vraiment le défaut du groupe, on sent que c’est pas tout à fait maîtrisé et trop en retrait mais les mélodies sont vraiment cool ! Et en plus ils sont engagés pour la défense de leur environnement, que du bon somme toute !
Las raices que decaen

On va faire un petit écart du Black Metal mais j’étais obligé d’évoquer ce groupe tant sa présence paraît évidente ? Des légendes du Death Metal, qui ont influencé nombre de groupes à se lancer dans le Brutal Death et qui ont fait pâlir des générations entières de batteurs : Nile, bien évidemment ! Le groupe est immédiatement reconnaissable grâce à ses mélodies égyptiennes qui se mêlent à un Death Metal extrêmement carré aux relents Thrash. C’est un peu traître de prendre un groupe qui a un nom de fleuve mais la thématique des déserts et du sable est bien présente dans la discographie, donc techniquement c’est valide !
Yezd Desert Ghul Ritual in the Abandoned Towers of Silence

On change radicalement de continent pour partir vers la terre des bagnats, l’Australie ! Alors évidemment, quand on parle de musique australienne on pense tout de suite à AC/DC, mais là je vais vous parler de Elysian Blaze, un groupe de Black Doom venu d’Australie méridionale, un état aride et dépeuplé. Je ne doute pas que beaucoup d’entre vous connaissent le groupe car ils sont chez Osmose Productions et que leur dernier album, Blood Geometry, a mêlé les forces d’un chant Black avec les mélodies d’un Funeral Doom (ça veut dire qu’il y a des orgues). Il y a beaucoup de mélodies très intéressantes dans les doubles-voix entre la guitare et l’orgue et le contraste entre la gravité du Black, la lenteur des passages Doom et les thèmes mélodiques aigus est plutôt cool !
Blood Geometry

On arrive dans des groupes moins connus avec Darkestrah désormais, un groupe originaire du Kirghizistan. Il y a beaucoup de choses à dire sur ce groupe : ils viennent de trois pays différents, il est représenté par une chanteuse qui assure et il y a plein d’instruments et mélodies traditionnelles. Vous vous doutez donc que c’est un groupe extrêmement divers, d’autant qu’il existe depuis 1999 ! Au niveau du style musical c’est une forme de Black épique avec des influences Folk, dans un style parfois similaire à ce qu’on pourrait entendre chez Primordial mais avec plus d’ardeur et de diversité ! Prêtez-y une oreille et vous ne serez pas déçus !
The Silk Road 

Mais on finit avec plus loufoque encore, The Desert of Träun. Si vous avez été surpris par Darkestrah, essayez un peu ce groupe-ci. Je vais vous faire une liste non-exhaustive des influences qu’on entend clairement dans le seul album du groupe, The Lilac Moon : Jazz, Black Metal, Rock Psyché, Electro et OST de jeux vidéos (au moins). C’est un creuset d’innovations, un de ces groupes rares qu’on ne peut confondre avec aucun autre tant ils essayent de trucs. Mais c’est jamais casse-tête, jamais prétentieux, et le groupe en a conscience puisqu’il fait des morceaux courts et faciles à saisir plutôt que de faire des compositions gigantesques où on ne peut rien vraiment identifier. Je vous propose d’écouter ça, prenez un buvard si vous en avez un sous la main, ça vous aidera à voyager.
The Court of the Black Metal Princess & Escape From the Crystal Caverns