Interview Fractal Universe
Interviews
7 Mai 2019
A l'occasion de leur tournée française avec Virvum et The Black Dahlia Murder, j'ai pris mon petit balluchon pour aller poser quelques questions aux Lorrains de Fractal Universe sur leur Tech' Death prometteur. En compagnie d'Hugo - guitariste, Vince - chanteur-guitariste et Clément - batteur.
Radio Metal Sound : Combien de temps avez-vous mis pour enregistrer l’album ?
Radio Metal Sound : Combien de temps avez-vous mis pour enregistrer l’album ?
Vince : L’enregistrement a commencé en mai 2018 et s’est fini en juillet 2018 pour tout ce qui est mastering. Donc du début des prises de batterie à la fin de l’enregistrement, du mixage, etc., il y a eu trois mois
Clément : Et du coup l’album était prêt un an et trois mois après la sortie d’Engram of Decline
Clément : Et du coup l’album était prêt un an et trois mois après la sortie d’Engram of Decline
Radio Metal Sound : La voix de Vince est encore plus mise en avant que sur Engram of Decline, avec beaucoup plus de jeu, de textures... Comment qualifies-tu l’évolution de ta voix et est-ce un choix délibéré de la part des membres du groupe ?
Vince : Pour la première partie, j’ai beaucoup travaillé ma voix ces deux dernières années pour diversifier ce que je pouvais proposer en terme de technique, de textures sonores, et je pense que ça s’est fait assez naturellement car finalement les morceaux de cet album sont assez variés : énormément de dynamiques, énormément de couleurs du coup on s’est dit qu’il fallait que le chant suive cette évolution là. C’est vraiment une histoire de capturer les différentes atmosphères au sein des morceaux.
Pour la mise en avant je ne sais pas si elle est au premier plan dans nos morceaux. C’est sûr qu’elle a une importance, au même titre que tous les instruments, mais je ne dirais pas qu’elle est omniprésente. Mais c’est sûr que comme il y a beaucoup de textures différentes ça garde l’attention de l’auditeur.
Pour la mise en avant je ne sais pas si elle est au premier plan dans nos morceaux. C’est sûr qu’elle a une importance, au même titre que tous les instruments, mais je ne dirais pas qu’elle est omniprésente. Mais c’est sûr que comme il y a beaucoup de textures différentes ça garde l’attention de l’auditeur.
RMS : Sur cet album les morceaux sont beaucoup plus courts, avec des atmosphères plus sobres ce qui le rend plus accessible qu’Engram of Decline. C’est un processus de création différent de celui d’Engram Of Decline ? Pourquoi un tel changement de style ?
Vince : Le processus de composition a été le même que précédemment c'est-à-dire que je fournis la grande majorité des compositions. Du coup je compose déjà les morceaux sur Guitar Pro, je prépare les préproductions, je les envoie à tous les autres, on en discute tous ensemble, on travaille les arrangements, les détails, on peaufine éventuellement la structure… Donc non, fondamentalement y a rien de différent sur cet album là. Je pense que c’est surtout qu’on a gagné en maturité, on arrive mieux à exprimer ce qu’on cherche à exprimer. On essaye aussi de mieux distiller les éléments, ne pas partir dans tous les sens mais créer à partir d’un fil conducteur un morceau qui soit cohérent d’un bout à l’autre autour de parfois seulement une seule idée et essayer de l’exploiter au maximum. Je pense que c’est dans ce sens là que les morceaux sont finalement plus courts, ont des structures un peu plus mémorables, plus accessibles, mais ce n’est pas une volonté d’aller dans cette direction là mais un processus naturel d’affinement de notre manière de créer.
RMS : Cet album, malgré le fait qu’il soit plus accessible, est-il pour autant moins technique ? Que ce soit dans l’exécution ou dans la composition.
Clément : En ce qui me concerne là on a fait tourner notre setlist pour The Black Dahlia Murder et je la trouve plus dure que ce qu’on faisait sur Engram of Decline, je la trouve plus exigeante techniquement et même si l’album peut paraître moins technique au niveau du jeu de batterie c’est encore un cran au dessus de ce qu’on faisait sur Engram of Decline.
Vince : Au niveau des guitares c’est aussi le cas car c’est pas forcément la même approche, y a énormément de textures différentes et ça pousse à diversifier notre jeu et c’est une difficulté aussi, faire ressortir les différentes atmosphères au niveau sonore du coup l’album a aussi son gros lot de difficultés. Comme le disait Clément, le set est assez difficile et finalement on commence à se sentir vraiment à l’aise au bout de quelques concerts avec ces morceaux là et je pense que ça ira de mieux en mieux
Clément : Après c’est vrai qu’au niveau de la batterie y a beaucoup d’univers différents, même sur trente minutes tu passes d’un morceau comme Masterpiece’s Parallelism à Fundamental Dividing Principle où y a du shuffle assez rapide, des petits passages jazzy, beaucoup de ghost notes donc y a vraiment une palette très compliquée à bien restituer sur scène, je pense pas que les morceaux soient plus rapides qu’Engram of Decline.
Hugo : C’est ça, les morceaux sont un poil plus variés et on va mettre l’accent sur autre chose, un peu plus de groove, un peu plus de recherche de son et tout ça… Aussi au niveau du chant car on a un peu plus de chœurs, le fait de travailler le backing tout en jouant c’est encore autre chose et on n’a pas forcément mis moins d’investissement personnel, de travail de l’instrument dans cet album là, peut-être même un peu plus
RMS : Y a-t-il des conflits dans le groupe par rapport au fait que Vince compose la grande majorité des morceaux ?
Hugo : Des discussions oui, des conflits non. Peut-être des choses qui sont remises en cause de temps en temps mais en général on a tous une grande confiance en la qualité de composition de Vincent. Souvent quelqu’un va émettre une remarque en disant « peut-être que ça faudrait le faire d’une autre manière », « tel arrangement le faire un peu différemment » mais c’est jamais conflictuel en tous cas.
Clément : C’est ce qui est bien c’est que quand quelqu’un a un truc à dire on s’écoute tous et on essaye de voir jusqu’où va aller cette idée là et on essaye de décider intelligemment si c’est bien ou non. On se rôde de mieux en mieux là-dessus et on verra pour les prochaines qui arrivent et qui passeront par ce chemin là.
Ce qui est marrant c’est qu’il y a plusieurs phases quand on bosse de nouveaux titres, y a la phase où on les écoute avec les maquettes que Vince fait, après on commence à les bosser, à les jouer dans la salle de répétition et du coup on les redécouvre et à chaque phase de la préparation de l’album y a des petites remises en question mais jamais rien de fondamental dans le travail de Vince.
RMS : Votre morceau préféré de l’album ?
Hugo : Sur scène j’adore Fundamental Dividing Principle, la nouvelle piste de Rhizome of Insanity et le morceau qui conclut le set. J’adore le groove de ce morceau, c’est vraiment un plaisir à jouer ; sentir le rythme, sentir l’alchimie qui se développe et la fin en apothéose.
Vince : Pour ma part j’aurais beaucoup de mal à me décider car tous les morceaux sont assez récents, y en a qu’on a joués sur scène que deux ou trois fois pour l’instant. C’est vrai qu’on prend encore beaucoup de plaisir à les jouer et si je devais en choisir un, peut-être Architectural Aberrations car c’est un morceau assez intense avec une fin assez épique, qu’on place généralement sur nos setlists
Clément : On les a tellement joués, il y a toujours des périodes où t’en préfères un et deux semaines après tu le supportes plus. En ce moment j’aime bien Masterpiece’s Parallelism car c’est un morceau où il faut être dedans du début à la fin, y a pas de temps mort pour la batterie et la moindre erreur de concentration fait tâche donc c’est un peu un défi.
RMS : Y a-t’il un tri dans les morceaux choisis pour apparaître sur la version finale de l’album ? Des morceaux qui n’ont jamais vu le jour car ils ont été recalés ?
Vince : Ca ne s’est pas produit pour le moment. Il y a un morceau qu’il a fallu retravailler sur l’album d’avant mais il n’a pas été mis à la poubelle, on a réussi a récupérer le truc en le retravaillant différemment. Vu que c’est moi qui compose et que je fournis des morceaux déjà assez aboutis en général je peux moi-même faire le tri des idées qui me paraissent déjà pas bonne et pour l’instant le cas de figure ne s’est pas produit. On verra, ce n’est pas exclu mais pour l’instant les dix morceaux qui ont été composés sont les dix morceaux qui ont fini sur l’album.
RMS : Vous aviez l’habitude d’écrire vos paroles avec Arthur Massot, mais je ne l’ai vu crédité nulle part cette fois, avez-vous arrêté votre collaboration ?
Vince : Si, il est bien crédité sur l’album et c’est bien à lui qu’on doit à nouveau les paroles et le concept. C’est une collaboration qu’on aime beaucoup car Arthur est quelqu’un d’assez proche de nous qui connait bien notre musique. Ca s’est passé comme la dernière fois : on lui a envoyé tout l’album en préproduction et on discuté ensemble de savoir quel concept pourrait coller, savoir comment mettre ça en forme, quel ordre donner aux morceaux pour que ça colle à la fois à la thématique et que ça reste cohérent musicalement
RMS : J’ai cru comprendre que le thème principal de l’album était la folie. Pourquoi avoir choisi ce thème ? Y a-t-il un lien avec Engram Of Decline ?
Vince : Y a pas forcément de lien conceptuellement parlant mais c’est la même personne qui est à l’origine de ces concepts là. L’idée était d’explorer le thème de la folie sous toutes ses facettes, de se questionner sur notre rapport à la folie, de savoir si c’est quelque chose de purement péjoratif comme c’est souvent le cas dans la société ou si c’est une partie de nous-mêmes qu’il faudrait apprendre à découvrir et du coup ça a mené à un tas de questions par rapport au langage, à la société… Finalement ça se reflète assez bien dans la musique qui, elle aussi, a tout un tas de facettes avec toutes les ambiances, toutes les dynamiques, et c’est en ce sens là qu’on a trouvé que cette thématique collait bien.
RMS : On doit surement beaucoup vous demander quels groupes vont ont influencés. Mais votre musique ne se résume pas qu’à du Metal. Du coup, quels artistes « non metal » vous ont influencés ?
Vince : Au niveau des artistes metal c’est assez évident que la scène Death Metal Progressif/Technique nous a influencé, moi j’ai grandi en écoutant Death, Cynic, Atheist, c’est vraiment des choses qui m’ont beaucoup marqué dans mon adolescence et plus tard y a eu des groupes comme Gorod, Necrophagist, Obscura, qui ont eu un gros impact aussi. Aujourd’hui j’écoute beaucoup plus de Metal Progressif, TesseracT, Leprous, Haken, et pour tout ce qui est extérieur au Metal y a beaucoup de Jazz, de musique classique, de musiques de films… Tout ça je pense que c’est des choses qui viennent enrichir les compositions. Ca ne se remarque pas forcément de manière évidente mais derrière y a tout un bagage harmonique de choses qu’on a entendues, qui viennent se mélanger et qui viennent créer la musique
Clément : Des batteurs, je bosse beaucoup de choses de David Garibaldi, de Gavin Harrison (Porcupine Tree) et je suis un grand curieux du coup dès que je vois quelque chose qui me plaît dans une vidéo je veux comprendre ce qui se passe, j’essaye de le rejouer et c’est comme ça que de nouvelles idées viennent s’ajouter à ce que propose Fractal Universe
Hugo : J’ai grandi avec les guitaristes Metal qu’on a tous eus en héros, moi c’était Dimebag Darell pendant mes années collège et ensuite je suis plus tombé dans le côté Death Progressif/Technique, Necrophagist, Obscura notamment, et j’ai pas forcément de compositeur où je puise des éléments extra-metal à mettre dans mon jeu car j’en ai pas forcément plus besoin que ça.
RMS : Le morceau bonus est une version acoustique de Collective Engram. Pourquoi avoir choisi ce morceau en particulier ?
Clément : A la base on avait envie d’essayer quelque chose d’innovant et il se trouve que par le biais d’un dispositif d’accompagnement on a eu la possibilité d’enregistrer un titre en studio pendant deux jours et on s’est dit que c’était une bonne occasion car deux jours n’étaient pas suffisants pour faire quoi que ce vis-à-vis de Rhizomes of Insanity. On s’est dit qu’on allait essayer de faire un morceau acoustique, on en parlait déjà avant et l’occasion s’est produite et on verrait bien ce qu’on allait en faire et il se trouve que Metal Blade nous a demandé un morceau bonus et on l’avait sous la main.
Vince : Collective Engram est un morceau qui se prête assez bien à ce genre d’arrangements, c’est un morceau qui a beaucoup de guitares en son clair à la base, des percussions sont déjà dans la version originale, du coup y avait seulement quelques pas de là à faire un arrangement avec ce morceau. Forcément après y a eu des riffs qui ont eu plus à être retravaillés que d’autres mais c’était une expérience très intéressante, très enrichissante.
RMS : Valentin et Vince se sont rencontrés à la MAI, Hugo fait de la guitare classique au conservatoire... Est-ce que les enseignements que vous avez suivis influencent votre jeu ? Ou vous préférez faire une distinction claire entre Fractal Universe et vos études musicales?
Vince : Nan je pense que c’est vraiment un tout c’est à dire que j’ai pris de cours de guitare assez jeune, j’en ai tiré beaucoup de choses. J’ai aussi pris des cours de guitare avec le guitariste d’Obscura, y a eu l’enseignement à la MAI et je pense que tout ça a contribué à former le musicien que je suis aujourd’hui, tout le bagage théorique, tout le bagage technique, les connaissances en terme d’harmonies… C’est tout un tas de choses qui viennent enrichir notre vocabulaire, enrichir ce qu’on est capable d’exprimer avec notre instrument du coup je pense que non y a pas de distinction claire, on ne se met pas non plus de limites dans ce qu’on veut faire avec le groupe. Y a des fois où on va puiser dans ces connaissances là et des fois où on va plutôt se laisser guider instinctivement, comme ça nous vient à l’esprit
Hugo : Pour ma part c’est un petit peu des deux du coup. Au final la pratique de l’instrument classique est complémentaire de la musique Metal, c’est pas la même chose au niveau de ce que ça peut nous apporter musicalement en terme d’émotions… Après ça m’a aussi permis d’accueillir un certain bagage technique et théorique du solfège, de l’harmonie, du rythme et aussi un peu de rigueur dans la méthode de travail de l’instrument, notamment pour ce qui est physique : les positions, les tensions du corps, ça m’a plutôt servi à ce niveau là dans Fractal Universe pour la pratique de la guitare électrique. Donc c’est différent mais ça apporte quelque chose de complémentaire
Clément : Pour ma part j’ai pas le même parcours qu’eux, je suis principalement autodidacte, j’ai pris quelque cours mais l’essentiel de mon travail vise à améliorer mon jeu Metal extrême et à développer du nouveau vocabulaire derrière la batterie. De toute façon ça s’applique directement sur ce que propose Fractal Universe dans les compositions.
Alors que le Tech' Death peut être dur à décrypter dans sa composition comme dans ses thèmes, la musique de Fractal Universe gagne ici en clarté et je les remercie infiniment pour leur temps et la précision de leurs réponses. Je vous incite vivement à acheter leur album que vous trouverez sur Bandcamp ainsi que sur leur site où vous aurez de plus amples informations sur le groupe. Enfin, tenez-vous au courant de leur actualité en les suivant sur les réseaux sociaux car ils passeront peut-être par chez vous!
A propos de Baptiste
Être ou ne pas être trve ? Baptiste vous en parlera, des jours et des jours. Jusqu'à ce que vous en mourriez d'ennui. C'est une mort lente... Lente et douloureuse... Mais c'est ce qu'aime Baptiste ! L'effet est fortement réduit face à une population de blackeux.