Croc Noir - Mort
Chroniques
28 Mars 2019
Le titre de l’album ne ment pas : Mort est un album résolument sombre, dans tout ce que le Black Metal a de tragique. Que ce soit dans ses titres ou dans sa composition, Croc Noir développe une esthétique misanthrope sur plus de trente-sept minutes tout en la parsemant de passages plus mélodieux qui ne perdent pas en noirceur.
Tout s’ouvre avec Dans l’abîme. Le morceau envoie un Black Metal assez classique avec une batterie très agressive qui prend un grand espace sonore et des guitares saturées médium. Le passage aux blastbeats nous emmène vers un passage au mixage plus équilibré qui met plus en avant la voix et qui nous permet de mieux apprécier les lignes mélodiques. Le morceau alterne ensuite entre des passages rapides et d’autres plus lents qui nous transportent dans une ambiance similaire aux débuts de la scène norvégienne.
S’en suit Au seuil du trépas, un morceau plus lent dans lequel est inaugurée la spécificité du groupe : son accordéon. L’instrument va notamment être mis en avant à la deuxième minute où il officie en tant que pont musical avant d’arriver sur un moment plus pêchu où il rejoint la guitare, formant un canon mélodique qui renforce la musicalité du morceau.
Son successeur, Tapis dans l’ombre est moins mélodique puisqu’il s’agit d’un morceau plus violent, suscitant une misanthropie aux relents guerriers. On peut percevoir quelques nuances de Thrash dans l’obscurité du Black, ce qui renforce l’efficacité du morceau, notamment avec la dernière partie qui allie le trémolo picking et l’accordéon dont le côté folklorique apporte une touche entêtante.
Au contraire, Egérie funeste est un titre plus déprimant et mélancolique, comme en témoignent les arpèges de guitare saturée par-dessus les guitares black. Avec ses mélodies distinguées, l’accordéon joue ses refrains et s’accorde très bien avec le reste du morceau en lui conférant un style de ballade ou de conte ancien.
Sur ses pas, Des feuilles mortes va lui aussi mettre en avant un instrument folklorique puisqu’après deux minutes d’un Black Metal appuyé, le morceau s’arrête sur une plage plus ambiante avec de la vielle à roue par-dessus une toile de fond orageuse.
L’avant-dernier morceau est Transi d’effroi et s’ouvre sur des arpèges de guitare étouffés avant que le thème ne soit repris à la guitare saturée puis soit tissé tout au long de la chanson dans un style Black Metal supplanté par les harmonies à la guitare et à l’accordéon. Enfin, Seul clôt l’album par un titre acoustique qui vient signer Mort de son encre mélancolique et résignée.
Mort est donc un album qui va en se raffinant, s’améliorant à chaque titre qu’il instaure. Si le premier morceau peut paraître un peu trop classique, Croc Noir montre par la suite qu’il sait innover avec des mélodies franchement réussies et une présence de l’accordéon qui se marie bien avec les autres instruments. Enfin, la seconde moitié de l’album est moins rude que les trois premiers morceaux et se perfectionne en s’accordant plus de temps pour développer ses atmosphères et ses mélodies.
A propos de Baptiste
Être ou ne pas être trve ? Baptiste vous en parlera, des jours et des jours. Jusqu'à ce que vous en mourriez d'ennui. C'est une mort lente... Lente et douloureuse... Mais c'est ce qu'aime Baptiste ! L'effet est fortement réduit face à une population de blackeux.