Au Champ Des Morts - Servants of Chaos II
Chroniques
12 Février 2019
Que ce soit Behexen, Blut Aus Nord, Yeruselem ou bien Wallachia: les artistes de la dernière compilation Servants of Chaos II sortie chez Debemur Morti ne manquent pas d’attirer mon attention. Mais ce que j’ai remarqué avant tout, c’est la sortie de deux titres d’Au Champ Des Morts, groupe limougeaud porté par Stéphane Bayle et un de mes groupes phares au sein de la scène française. Bien entendu, deux titres, ce n’est pas grand-chose dans un tel album. Et pourtant quels titres!
Le premier d’entre eux, Sanglot, s’ouvre par une musique sobre, presque minimaliste. Les guitares sont là, longues et horrifiques et les percussions sont lentes. Mais cette sobriété n’est là que pour laisser le champ libre à la voix de Stéphane Bayle, cette voix qui nous donne à ressentir tout un nuancier de sentiments désespérés. Déprimés dans leurs mots et déchirés dans leurs cris, chant clair et chant guttural alternent autour d’une voix Black très émotive et puissante. Entre ces deux pôles se trouve un chant plus aigu qui semble toujours se trainer et qui transmet toujours cette sensation de fragilité tout en gardant du coffre et de la tessiture.
A travers cette palette variée, le chant nous fait voir la fin du monde et l’absence de salut. Le sentiment se double donc d’une crise existentielle qui semble traverser toute l’œuvre d’Au Champ Des Morts.
Tout au long du morceau, c’est une atmosphère du contraste qui se développe avec les riffs Black et les quelques notes plus lumineuses de guitare qui viennent contraster avec l’épaisseur et la tristesse du Black Metal. Mais dans cette argentique, ce n’est pas la lumière que l’on vient fixer mais l’obscurité absolue du néant que nous évoquent les guitares planantes qui semblent sans cesse se répandre.
Puis au vide succède le chaos, l’explosion des blast beats et de la guitare stridentes hurlant son solo dans nos oreilles. Le tout est alors soutenu par des chants litaniques qui nous ramènent à l’occulte des questions spirituelles. Tout s’est effondré et rien ne nous attend de l’autre côté.
Le second morceau est plus atypique puisqu’il s’agit de Blashyrkh (Mighty Ravendark) d’Immortal. En effet, on peut être surpris de trouver une reprise dans une compilation d’artistes originaux et d’entendre Au Champ Des Morts jouer un morceau extérieur quand on connaît son dévouement à proposer des morceaux authentiques et très souvent francophones.
Mais là où il est dur de reprendre un morceau aussi culte que celui-ci sans le ternir ou n’être qu’une copie conforme de l’original, Au Champ Des Morts réussit à interpréter le morceau tout en gardant son atmosphère. En effet, le groupe sait garder sa signature sonore dans les guitares, dans le mixage et avec la voix toujours aussi prenante de Bayle. Si la composition et les paroles ne sont pas du groupe, son identité reste donc bien présente et ce n’est que l’énième confirmation d’un groupe mûr qui sait ce qu’il cherche même au travers d’une reprise.
En deux morceaux seulement, Au Champ Des Morts parvient à exposer toute sa puissance sans jamais perdre en nuances. Grâce à la musique comme grâce au chant, les émotions nous transportent au sein de la démarche solide et authentique d’un Black Metal contrasté alliant poésie et nihilisme. Ce sont donc deux joyaux que nous offre Au Champ Des Morts par sa musique désespérée qui nous emporte dans son abîme.
A propos de Baptiste
Être ou ne pas être trve ? Baptiste vous en parlera, des jours et des jours. Jusqu'à ce que vous en mourriez d'ennui. C'est une mort lente... Lente et douloureuse... Mais c'est ce qu'aime Baptiste ! L'effet est fortement réduit face à une population de blackeux.