Interview Altars of Grief
Interviews
9 Novembre 2018
Version Originale: http://www.radiometalsound.fr/articles/voir/176
Alors que les longues nuits d'hiver tombent lentement sur les terres du Saskatchewan, les Canadiens d'Altars of Grief ont eu la gentillesse d'éclairer ma lanterne sur leur dernier album Iris. En ressortent les différents concepts qui ont axé la composition d'un des plus beaux albums de Doom de cette année.
Altars of Grief : Je ne pense pas qu’on ait inventé un nouveau genre, de même que les termes « Prairie Doom » ne confinent pas le groupe et ses propos. Nous venons du Saskatchewan, une province de prairies au Canada. Et je ne pense pas que c’ait l’air misérable ou de mauvaise augure pour quiconque y étant déjà allé. Cependant, ici les hivers sont terriblement longs et durs et l’endroit peut alors être totalement isolé et désert – et encore plus pour nous-autres hors des grandes villes.
L’histoire est aussi spécifique ici… Roulez toute une journée sur de vieilles routes et vous pourrez trouver des villes entières abandonnées. Tout cela a donc influencé notre musique de différentes façons, d’où l’idée du « Prairie Doom ».
Radio Metal Sound : Tous les membres du groupe participent aux parties vocales sans se marcher sur les pieds pour autant. Comment gardez-vous cet équilibre et cette organisation?
Altars of Grief : C’est apparu de soi-même avec le temps. Certains apportent une petite idée lorsqu’on compose ou qu’on répète. Et peu à peu cette idée de « mur sonore » nous est devenue inhérente. Dans le cadre d’Iris, il y a eu des morceaux (Isolation par exemple) où j’ai pris cette idée en considération et où j’ai écrit plusieurs parties de chant dès la démo. Puis, avec le temps, les autres membres du groupe ont apporté leurs propres modifications à l’ensemble et ça s’est souvent fait naturellement.
Nous avons aussi remarqué que chaque membre du groupe a quelque chose de différent à apporter. Par exemple, notre bassiste Donny a un chant guttural si grave qu’il pourrait soulever du béton, c’en est absurde. On peut particulièrement le remarquer dans Voices of Winter et dans Iris. Par contre, notre guitariste Erik a une très bonne oreille pour les voix claires et à une tessiture très versatile. Si nous avons tant de choses à notre disposition et que notre musique nous permet de les utiliser, pourquoi ne pas le faire ?
RMS : De même, comment gardez-vous une ligne mélodique cohérente entre la lenteur morose du Doom et la rapidité du Black Metal.
Altars of Grief : Je pense que l’efficacité de l’ensemble vient des arrangements. Car bien que ça n’en ait pas l’air sur le papier, les dynamiques des deux genres se complètent en réalité très bien. D’autant plus qu’à mes yeux il n’y a pas beaucoup de groupes qui peuvent produire tout un album de morceaux Doom de plus de dix minutes sans devenir un peu fastidieux – à moins d’être Bell Witch.
RMS : Qu’est-ce qui vous motive à sortir des sentiers traditionnels du Black et du Doom et à créer des albums-concepts libres dans leur expression comme dans leur histoire?
AoG : Nous avons toujours basé nos chansons sur le développement des émotions, en mettant beaucoup de nos propres sentiments. La dépression, la peine, le chagrin, l’anxiété, la haine, le ressentiment, le sentiment d’aliénation… Les sentiments sont complexes, nous essayons donc de les exprimer dans toute leur complexité.
RMS : Iris sous-tends une analyse édifiante de votre région. Pourriez-vous développer son contexte social afin d’éclaircir votre propos musical ?
AoG : Nous voulions écrire une histoire qui aurait pu se passer dans la petite communauté rurale du Saskatchewan d’autrefois. Pour la résumer, nous nous centrons sur un père dont la fille gravement malade accorde plus de foi en Dieu qu’en lui car celui-ci est en proie à des problèmes d’addiction. Ce n’est pas forcément spécifique à notre région mais avec les thèmes de l’hiver, de l’isolement, de la religion, quelques descriptions locales et surtout l’artwork fantastique de Travis Smith, on se sentait comme chez nous.
RMS : Depuis votre premier single Only Our Scars en 2014, vous avez sorti trois albums et avez partagé la scène de grands groups tels qu’Insomnium or Dark Tranquility. Comment envisagez-vous votre succès?
AoG : Nous avons toujours travaillé dur afin que tout ce que nous publions – que ce soit de la musique, des vidéos ou du merchandising – soit de la meilleure qualité possible et je pense que les gens apprécient cet effort. Nous sommes aussi extrêmement redevables à notre label, Hypnotic Dirge Records : c’est une petite équipe mais ils ont énormément travaillé avec nous ces dernières années.
RMS : Enfin, qu’attendre du futur d’Altars of Grief ?
AoG : Nous avons commencé à écrire quelques morceaux avec notre nouveau line-up mais il est un peu trop tôt pour que je puisse me prononcer. A part ça, nous avons tous d’autres groupes et projets que nous aimerions développer tout en continuant de jouer Iris sur scène. Cet hiver sera peut-être un peu plus calme mais nous comptons bien être productifs en coulisses.
Si vous voulez soutenir nos comparses canadiens, vous pouvez acheter leur album soit via leur Bandcamp soit en passant par leur label Hypnotic Dirge. Vous pouvez aussi vous intéresser à leur actualité en les suivant sur Facebook, ils le méritent.
En les remerciant une fois de plus pour le temps qu'ils m'ont accordé!
En les remerciant une fois de plus pour le temps qu'ils m'ont accordé!
A propos de Baptiste
Être ou ne pas être trve ? Baptiste vous en parlera, des jours et des jours. Jusqu'à ce que vous en mourriez d'ennui. C'est une mort lente... Lente et douloureuse... Mais c'est ce qu'aime Baptiste ! L'effet est fortement réduit face à une population de blackeux.