Stömb - Massive Disturbed Meta Art

Stömb - Massive Disturbed Meta Art

Chroniques 22 Mai 2023
Stömb - Massive Disturbed Meta Art ou se perfectionner inlassablement

En 2018, après les conseils avisés de MaxYme, j’ai pu me rendre au Heart Sound Metal Fest. Un festival magnifique qui m’a permis de voir pour la première fois deux groupes que j’adore : Vola et Leprous, mais aussi de découvrir un groupe incroyable : Stömb.
Après avoir dévalisé leur stand et poncé leur discographie pendant presque deux ans, j’ai pu prendre une grosse claque avec From Nihil et les interviewer sur notre chaîne Twitch quelques mois plus tard.
Le temps a encore passé et est arrivé en ce début d’année l’annonce qu’il me fallait : le quatuor était de retour !
Massive Disturbed Meta Art  (MDMA) est sorti le vendredi 17 mars chez Season of Mist et Klonosphere. Mixé par Léo Natale, qui a participé à la composition de The Extantrasy et An Absence of Sun, et masterisé par Pierrick Noel.



Ma seule déception fut la direction visuelle prise par cet album ; je m’explique. From Nihil arbore une peinture abstraite colorée après une succession de pochettes abstraites, puis MDMA arbore cette pochette psychédélique très flashy.
Je sais que cet album n’a pas les mêmes ambitions que le précédent, From Nihil porte sur “le chaos cosmique, le néant et l’insignifiance de l’homme dans l’univers, tandis que MDMA porte sur un “voyage mystique et spirituel via l’usage de psychotropes”.
Un changement de visuel, certes très adéquat, vous en conviendrez, mais qui se démarque vraiment de leurs autres pochettes. Il faut dire aussi que j’ai une préférence tout à fait personnelle pour l’artwork de From Nihil (peinture réalisée par Sylvie Gedda).



Toutefois arrêtons de tourner du pot, car ce qui nous importe n’est pas le visuel à proprement parler, mais le contenu auditif. De ce point de vue là, Stömb régale énormément en nous apportant plein de surprises et de nouveautés : des ambiances électros, une invitée au chant, plusieurs musiciens éparpillés sur l’album, dont l’excellent Quentin Godet qui vient succéder à son collègue Pierre Daniel (Kadinja) qui nous livrait le premier solo de guitare de l’histoire du groupe. A ce moment-là, j’aurai aimé pouvoir vous renvoyer à mon interview du groupe où l’on avait évoqué ce véritable tour de force. J’avais été en effet surpris par cet intrus que j’avais trouvé plus qu’hors propos à ma première écoute du morceau Towards Deliverance. Alors que maintenant, je n’arrive plus vraiment à le distinguer. Bref, Stömb m’avait complètement retourné l’esprit ! Malheureusement, cette interview est perdue à jamais, à charge de revanche cependant, car il y a plein de choses à dire sur ce nouvel opus !

The Realm Of Delirium
Les 10 premières secondes s’avèrent extrêmement classiques, les guitares ambiantes en arrière plan nous rappellent sans difficulté l’album The Grey, jusqu’à ce que Laure Le Prunenec (ex -Igorrr/Rïcïnn/Corpo Mente) ne se mette à chanter. En effet, c’est bien la première fois que l’on entend du chant sur un morceau de Stömb, du moins des envolées lyriques et des onomatopées. On ne discerne pas vraiment de langage, mais plutôt une nouvelle piste instrumentale. On peut donc se poser la question si c’est le même langage co-inventé par Laurent Lunoir et Laure pour Igorrr, Oxxo XooX et Rïcïnn (NDLR : remarque très pertinente de mon collègue Hakim).
Le fait que cette artiste ait travaillé avec Igorrr m’a sauté à la figure, même si je suis vraiment un profane dans la discographie du groupe, ce genre d’expérience vocale m’a vraiment rappelé les souvenirs que j’avais lors de mes découvertes de morceaux comme Tout Petit Moineau ou Cheval. On est bien sûr bien loin de cette excentricité musicale, mais le travail dans les mélodies vocales vous fera certainement dire la même chose.
The Realm of Delirium est certainement un parfait morceau introductif, il nous montre déjà à lui tout seul que Stömb nous réserve plusieurs surprises !

Sidereal Lucid Dreamer
Nous voilà retombés sur une ambiance plus classique : polyrythmies, Djent et lignes ambiantes, voire flirtant avec le Post-Rock, à la guitare ! On pourra aussi savourer cet interlude ambiant avec une section rythmique électronique nous permettant de voyager plus sereinement entre les différentes parties du morceau. On est loin d’avoir un morceau de Djent classique, même si on s’y attend de la part de Stömb, avec des crescendos menant à des parties presque atmosphériques. Bref, on découvre un morceau déjà plus alambiqué que le précédent avec des transitions toutes soignées que l’on pourrait sans aucun doute trouver dans n’importe quel groupe de Metal Progressif moderne.
Mention spéciale à l’évolution du morceau qui nous propose comme conclusion une évolution du riff introductif sur une voix grave via certainement un didgeridoo. Malheureusement les livrets de leurs albums ont toujours été très peu bavards sur les instruments présents.

Kaleidoscope
Quoi de mieux que de commencer Kaleidoscope par une boucle électrique ? Une nouvelle fois, on pourra être surpris par le tournant mélancolique et planant du morceau. Je m’attendais personnellement à quelque chose de bien plus agressif pour continuer sur la lancée du morceau précédent, mais il n'en est rien. Dans un premier temps, le morceau se voudra très accueillant avec sa batterie électronique proche du trip hop et des guitares claires, ce n’est qu’à l’arrivée de la batterie organique que la morceau prendra son envol vers des riffs acérés, mais avec toujours ce fond de guitare atmosphérique. Je ne sais pas si je me rends compte que maintenant, mais on ne peut pas nier les influences Post-Rock du combo sur le travail du son des guitares.
En troisième partie, on retrouvera un certain moment de tranquillité avec des guitares très aériennes. Elles ne seront pourtant pas énonciatrices d’un nouveau déchaînement de riffs, mais de l’arrivée paisible et progressive d’un piano qui conclura finalement seul ce morceau.

The Extantrasy
A partir de ce morceau-là j’ai été plus que surpris: lignes de synthés presque darkwave avec des synthés grandiloquents, proches de BO de films futuristes, dès les premières secondes, je me demandais véritablement où j’étais bien tombé ! D’autant plus le drop nous embarque dans un délire électro très proche de l’ambiance du jeu Cyberpunk, une sorte d’acid futuriste ! La basse au synthé est bien entraînante, ça foisonne de sons par ci par là, jusqu’à nous embarquer encore plus loin dans la seconde partie du morceau sur un riff bien Djent et dissonant à souhait sur les mêmes synthés lancinants.
Les idées s'enchaînent, les mélodies se mêlent et s’entrecroisent sur un rythme effréné. Nous voilà parti dans un voyage rocambolesque et épique ! On ne peut être que fasciné par les idées de compositions qui s'enchaînent !
Il faut maintenant essayer de trouver Léo Natal de The Dali Thundering Concept à la guitare sur le morceau, un autre groupe que j’ai découvert au Heart Sound Metal Fest 2018. Peut être sur le passage atmo et dissonant à la troisième minute, qui sait ?

Meta Art
Retour des mélodies planantes avec une base rythmique électronique ! La surprise est ici de taille en la présence de Jørgen Munkeby (Shining NO/Emperor) au saxophone. En plus d’adorer cet instrument, j'adore le voir de plus en plus sur des productions de Metal Progressif (Tesseract, Klone, Riverside…). Meta Art ne nous propose pas un simple featuring pour un petit solo de saxophone, mais une véritable œuvre composée en harmonie avec le saxophone pour des ambiances jazzy, dissonantes, post-rock… Bref on est sur du grand art, qui me rappelle pour le crescendo la claque que j’avais pu prendre en découvrant le titre éponyme du premier album de Bruit ≥.
En plus de nous présenter un morceau rafraîchissant, Stömb nous propose, sans aucun doute, le plus savoureux crescendo de leur discographie ! Un morceau parfait pour nous rappeler que ce devrait être pour moi un bon groupe de progressif : un voyage et des nouvelles prises de risques à chaque album !

In The Eye of Aghemahra
Nous voilà repartis sur une ambiance de films de Science Fiction avec cette chorale inquiétante sur cette base rythmique à la fois indus et bruitiste accompagnée par une batterie organique. Ceci n’était pourtant que l’avant goût d’une terrible avalanche de riffs acérés et percutants : on passe du Djent au Black Atmo sans aucun préavis. Voilà un autre morceau foisonnant d’idées pour notre plus grand plaisir ! D’autant plus qu’il est le morceau le plus long de l’album ! On aura bien sûr le droit à un interlude plus ambiant pour reprendre notre souffle, comme le groupe aime en distiller dans chacun de leurs albums, qui nous permettra d’enchaîner sur une partie plus groovy voire quelque peu Post Metal avant de sombrer encore sur cette alternance de Metal Atmosphérique, de Djent, de Black Atmo et que sais-je encore.

An Absence of Sun
A ne pas confondre avec la chanson In the Absence of Sun d’Evergrey, même si ces deux se voudront plus mélancoliques que les autres chansons de l’album. Par ailleurs, j’aime beaucoup l’aspect Synthwave et minimaliste de l’intro qui me rappelle un Giancarlo Erra sous vitamines ; le hasard veut que je range Stömb juste à côté de ses albums.
Mais ne vous laissez pas avoir par cette apparente tranquillité ! Stömb ne manquera pas de nous assommer avec des riffs encore bien acérés pour nous faire vivre, tel un roller-coaster, plein de sensations différentes propres à l’adage : le calme avant la tempête. Là encore on pourra s’amuser à chercher la patte guitaristique de Léo Natal (The Dali Thundering Concept).

Of Absolute White
Plus de fioritures pour celle-là : on attaque directement sur du dur ! Un morceau quelque peu plus habituel si l’on regarde la discographie du groupe et qui me rappelle The Grey.
On est cependant face à un morceau bien plus complexe qu'il en a l’air avec ses multiples couches comme des voix ou des éléments électros. On pourra aussi retrouver un bien beau riff dissonant à souhait pour conclure ce morceau !

The Altered
En voilà une musique bien chargée, on peine au début à trouver un repère tellement on est surchargé d’informations. On y verra néanmoins plus clair au fur et à mesure que les guitares s’éclairciront, même si on reste sur un son bien massif propre au Djent avec des tournures certainement plus recherchées que le titre précédent. Plusieurs fulgurances sont à noter pour les deux dernières minutes magistrales.

Transcendance
Comme dirait Max : quoi de mieux que de finir un album par une apothéose finale ?! Il est vrai que Transcendance est presque à égalité avec In The Eye of Aghemahra avec ses 8min17.
Le morceau adopte une structure en dent de scie avec une première partie planante afin de reprendre nos esprits, puis une seconde partie plus explosive et enfin une troisième partie calme.
Pour la partie explosive, on gardera cependant un côté plus Metal Atmosphérique voire grandiloquent que réellement Djent, ce qui permet de découvrir un nouveau solo de guitare dans la discographie du groupe.
Comme lors de la découverte de From Nihil, le solo de guitare me surprend encore ! A voir si celui de Quentin Godet (Ten56 / Kadinja) me paraîtra, tout comme celui de son collègue Pierre Daniel, plus que naturel à force d’écoute.
On pourra aussi découvrir tout en discrétion le travail de Marien Lebreton au piano sur la conclusion de ce morceau.


Stömb signe à nouveau un album transcendant et rafraîchissant ! En tout cas, la promesse du voyage est tenue, pour le côté mystique ou spirituel, je ne suis pas encore convaincu.
Toutefois, le voyage fut de qualité et me remplit de curiosité sur la manière dont sera joué l’album en concert : serait-ce comme pour Earthside avec les invités sur bande ? Nous verrons bien !
MDMA est pour moi une sacrée expérience que n’importe quel fan de Djent ou de Prog Moderne devrait essayer !

A propos de Gauvain

Jadis chroniqueur acharné, Gauvain préfère dorénavant occuper son temps libre à l'animation de lives hebdomadaires sur notre chaîne Twitch à la découverte de groupes intéressants. La légende raconte qu'on y passerait jamais de Metal... Il n'est cependant pas rare de le voir publier quelques articles à l'année quand l'envie lui prend.