Votum - Duḥkha

Votum - Duḥkha

Chroniques 13 Décembre 2020
Votum - Duḥkha ou l’histoire d’une longue attente

Bienvenue à toi amateur ou amatrice de Progressif car aujourd’hui nous allons nous pencher sur le nouvel opus des Polonais de Votum, composé de Bartosz Sobieraj, au chant, de Piotr Lniany et Adam Kaczmarek aux guitares, de Zbigniew Szatkowski aux claviers, de Bartek Turkowski à la basse ainsi que d'Adam Lukaszek à la batterie. Après avoir ponctué 2020 de singles et remixs toujours étranges, le groupe est de retour avec le successeur de :Ktonik: sorti en 2016.
Duḥkha, leur cinquième album, est donc paru le 25 novembre 2020 chez VRecords en version digitale. Les versions physiques, comme les vinyles, arriveront début 2021, tandis que les CD ne sont pour l’instant pas encore clairement annoncés. D’ailleurs, le vinyle blanc, à l’instar de la version noire, comportera les titres remixés à la sauce électro de One of Them et Void par le guitariste Piotr. Après avoir vogué au gré de différentes influences à travers chaque album, Votum semble là encore continuer son chemin pour nous proposer une nouvelle fois un autre voyage.


:Ktonik: avait beau être un mélange de passages tranquilles et épiques, Votum semble avoir voulu explorer la noirceur et la lourdeur que les musiciens avaient distillées dans leur précédent album. Certes on gardera cette variété d’ambiances mais le sextet creuse plus la dimension dissonante et agressive. Après tout, Duḥkha est “un terme trouvé dans l’ancienne littérature indienne signifiant “l’embarras, l'inconfort, quelque chose de désagréable, difficile, causant de la douleur ou de la tristesse””. Ce qui semble plutôt bien coller aux différentes chansons de l’album qui “parlent des difficultés de la condition humaine”. En tout cas, la pochette semble bien représenter la complexité et la puissance du mot grâce à l’artiste polonaise Olga Eme qui nous offre une toile abstraite laissant place à toute interprétation.

Votum décrit donc dans son album plusieurs thèmes sociaux mais base son discours essentiellement sur la détresse psychologique, la dépression, le mensonge, la perversion de nos âmes, le côté retors aussi que peuvent avoir les humains sur internet. Les mélodies sont alors l’incarnation complète du chaos ou du désespoir que l’on peut sentir en soi à certains moments à travers de nombreuses explosions au sein de leurs morceaux, comme a pu le faire Sleep Token dans ses deux premiers EP, mais avec une touche électro en plus. En effet, le groupe semble laisser une part importante à l’électronique qui sera souvent la base des parties rythmiques ou même un faire-valoir des moments plus agressifs et dissonants des différents morceaux avec du Dubstep. Une touche qui semble bien s’adapter au contexte moderne dans lequel se place l’album.

Un disque qui se voudra d’ailleurs un brin court, surtout que certains morceaux sont assez vieux, Hate date par exemple de décembre 2018. En effet 30 minutes dont un bonus track cela peut sembler un peu mince. Néanmoins, le fait que ce titre bonus soit une collaboration avec Anneke Giersbergen sur ce nouveau morceau Prey n’est pas pour me déplaire. Merci d’ailleurs à elle d’avoir lancé cet appel d’offre pendant le premier confinement pour avoir permis à cette version de naître ; Anneke cherchait alors à faire des collaborations avec plusieurs groupes différents pour rythmer ses semaines. Et on peut dire que sa participation au titre Prey, traitant du mal-être et de la dépression, est pertinente et ses lignes de chant proposent une véritable montée et une dynamique nouvelle par rapport à la version d’origine ; c’est peut-être pour ça que c’est cette version qui ouvre l’album et non l’originale qui sera placée en avant dernier.
En tout cas, Votum signe ici un album bien moins accessible que son prédécesseur et sûrement moins joyeux entre les paroles et l’énergie des morceaux. Certes, on n’est pas dans des mélodies dépressives mais on sent une sorte de désespoir et de colère dans certains riffs ou même dans certaines façons de chanter de Bartosz Sobieraj qui peut avoir un chant très émotif. Le simple fait d’écouter la version acoustique de Hate vous le fera ressentir au plus profond de vous.


Pour conclure, Votum sort avec Duḥkha un album que j’attendais impatiemment depuis presque un an, avec la sortie du premier single très entêtant Lamb of Cyber God, Hate m’apparaissant comme un titre original sorti juste pour le “No Hate Speech Movement”. Un album court mais impressionnant qui le rend d’autant plus savoureux mais ardu à cause de toutes les particularités à assimiler. Même s’il faut avouer que les remix électros proposés par le guitariste Piotr Lniany ne sont pas du tout pour moi. J’attends vivement le jour où je pourrai les voir en live pour vivre et subir de plein fouet la puissance de ces morceaux.

A propos de Gauvain

Jadis chroniqueur acharné, Gauvain préfère dorénavant occuper son temps libre à l'animation de lives hebdomadaires sur notre chaîne Twitch à la découverte de groupes intéressants. La légende raconte qu'on y passerait jamais de Metal... Il n'est cependant pas rare de le voir publier quelques articles à l'année quand l'envie lui prend.