
-ii- - Apostles of the Flesh
Chroniques
23 Octobre 2025
-ii- - Apostles of the Flesh ou une nouvelle aventure musicale
Le 3 octobre est sorti en indépendant le deuxième album du projet Nancéien -ii- (à prononcer “ Two Eyes”). Après plusieurs singles sortis en 2024 de manière autonome et complètement indépendante, il est temps pour nous de découvrir ces 12 chansons.
Le projet regroupe :
- Hélène Ruzic : chant, piano, voix
- Benjamin Racine : guitares, percussions, synthétiseurs, piano, bouzouki, xaphoon
- Maxime Keller : basse, synthétiseurs, piano préparé
- David L'Huillier : batterie, percussions
L’album se décompose comme suit :
- The Birth of Venus
- Digging for Blood
- Lotis
- Sisyphus in Red
- The Fountain of Helicon
- Pearls beneath the Embers
- L'Onde et l'Abysse
- Where the Diamonds are Hurled
- Sisters of the Coven
- - Under the Skin
- When Beauty is a Crime
- Virginia's Mirror
Depuis 2018, -ii- ne cesse de nous proposer de nombreux morceaux et singles à chaque fois différents les uns des autres. Il est ainsi aisé d’avoir ces morceaux préférés selon la direction entreprise par le projet à une certaine période. Il faut dire aussi qu’Hélène et Benjamin sont des artistes très prolifiques et avec plusieurs projets musicaux différents : Fournaise (Rock Volcanique chanté en créole) et Daski (Noise Rap).
Nous sommes donc face à leur côté -ii-, un côté beaucoup plus vaporeux. Un univers troublant où se mêlent de multiples influences lorgnant sur le Dark Rock, le Shoegaze, le Doom, le Post-Rock ou même l’Indus parfois. Pour vous donner une idée, à une époque le style évoqué était le Witchgaze, un terme bien évocateur selon moi pour le côté changeant et mystérieux que revêt la musique du combo.
Apostles of the Flesh est donc un album bien singulier. En effet, si je ne m’abuse, il semble être le premier à brasser véritablement autant d’influences diverses mais aussi d’instruments différents au sein d’une seule et unique chanson.
Par ailleurs, on aura aussi droit à un véritable interlude au milieu de l’album avec le titre “L’Onde et l’Abysse”. Première chanson en français dans leur discographie placée sous la forme de la poésie où Hélène déclame un poème avec un piano visité par une brise marine lointaine. Une composition qui, je ne sais pourquoi, m’a rappelé le projet de Lorsque les volcans dorment.
Une pièce qui nous permet donc de reprendre notre souffle avant la deuxième moitié du disque. Une partie pas nécessairement différente de la précédente. En effet, cette étape n’était pas annonciatrice d’un changement de direction, mais plus d’un moment suspendu avant de reprendre notre voyage.
Et je pense que parler de voyage est approprié ici. On ne parle pas d’aventure au lointain grâce à des mélodies psychédéliques aux instruments folkloriques, ici on se laisse bercer par les synthés, la voix changeante d’Hélène et les ambiances fluctuantes, mais jamais agressives des autres morceaux.
A cet égard, il est certainement moins sombre que le précédent album, mais aussi plus accessible. Je ne sais pas si la variation de multiples instruments m’a aidé, mais j’ai trouvé cet album beaucoup plus parlant à mes yeux que le précédent. Certainement cet aspect moins monolithique et plus dynamique y est pour quelque chose …
Pour conclure, je dirai que Apostles of the Flesh est un album fascinant à bien des égards dans lequel il est simple de sombrer. Les paroles sont toujours aussi empreintes de sensualité et de poésie qu’il est libre à chacun d’y voir ce qu’il a envie d’y comprendre et ainsi se laisser porter vers son propre imaginaire.
Il est aussi marrant de constater que, tels les 12 apôtres de Jésus, nous sommes face à 12 titres aux identités originales et variées dont le thème central est la chair. Oui, j’ai fait un peu mon détective du dimanche sur celle-là, mais peut-être que le nom de l’album ne vous avait pas encore sauté aux yeux.
Pour vous donner plus de contexte, voilà ce qu’en dit Hélène dans le dossier presse de l’album :
“C’était surtout vrai avec Extinction, mais on a un certain attrait pour les apôtres et autres icônes religieuses. Tout ce qui touche à la spiritualité nous inspire. La chair est pour sa part liée au corps, sujet très cher à nos yeux. On a beau avoir un peu évolué sur le plan social, on a envie de mettre le corps au centre de nos réflexions. La question de la chair est traditionnellement niée, voire jugée péjorativement, notamment en Occident. Il est important de pouvoir se réapproprier son corps, d’en prendre soin. L’album parle beaucoup de mes expériences vécues avec mon propre corps, ce qui lui est arrivé, et ce que j’en ai fait.”
A propos de Gauvain
Jadis chroniqueur acharné, Gauvain préfère dorénavant occuper son temps libre à l'animation de lives hebdomadaires sur notre chaîne Twitch à la découverte de groupes intéressants. La légende raconte qu'on y passerait jamais de Metal... Il n'est cependant pas rare de le voir publier quelques articles à l'année quand l'envie lui prend.