Live Report : BRUIT ≤ et Alcest au Plan à Ris Orangis le 17/10/2025

Il y a des univers musicaux qui correspondent sans qu’on ne s’y attende. Des évidences parfois. Mais ce petit quelque chose qui une fois la relation faite, fait que l’on ne peut plus ne pas y penser.

L’univers dystopique, politique et sombre de Bruit ≤ rencontre la nostalgie, la bienveillance et l'émerveillement d’ Alcest au sein d’une tournée française et tout ce que l’on peut dire c’est que les groupes se sont bien trouvés.

BRUIT ≤ (Post-Rock - FR)

La salle se tamise et alors que les musiciens de Bruit ≤ foulent du pas la scène sur les sons d’introduction d’Ephemeral, dans le public quelques uns s’adonne tout de même parfois à la question du “Mais du coup c’est quoi comme groupe là ?”. Ces même spectateurs, souvent, ne se rendent pas encore compte qu’ils s'apprêtent à vivre la demi-heure la plus intense de leur semaine.

Le parterre est réceptif: dès l'entrée de la batterie, le silence est total et le groupe s’en donne à cœur-joie.

Brut et tout en crescendo, le quatuor Toulousain nous retrace dans les grandes lignes le message de son dernier album The Age of Ephemerality tout en y incluant deux morceaux au message similaire de le premier album The Machine Is Burning and Now Everyone Knows It Could Happen Again (ce titre d’album est bien trop long, non ?), notamment pour la clôture de leur set.

Seul bémol à ce tableau, mais vraiment pour chipoter, les remerciements juste avant le dernier morceau nous sortent de l’ambiance jusqu’ici posée. Et bien que le dernier morceau soit effectué encore d’une main de maître (ou plutôt de huit mains de quatre maîtres), il faut du temps pour replonger dans le bain et faire notre au-revoir à Bruit ≤.

En effet, BRUIT ≤ a pour habitude de nous plonger dans un voyage intense où les visuels en rythme avec les morceaux subliment le mur de son mis en place. Du moins, cela est vrai si vous ne gardez pas les yeux fermés pour vous laisser davantage porter par cette musique puissante.

Ainsi, une pause dans nos aventures et nos rêves fait toujours bizarre, mais cela s’explique certainement par le contexte de la première partie. Comme le dit bien Clément : “il n’est pas simple de jouer devant un nouveau public” surtout quand le groupe “n’est pas sur les plateformes de streaming” (NDLR : la discographie du groupe n’est disponible que sur Bandcamp ou sur YouTube). Les concerts deviennent alors pour ce quatuor leur “propre plateforme de streaming”. On découvrira à l’occasion de ce bref discours les noms des techniciens : Thierry qui a improvisé ce soir-là les lumières aux côtés de Romain qui façonne le son du combo “depuis belle lurette”.

Alcest (Blackgaze - FR)

Quelques dizaines de minutes plus tard, c’est au tour des papes du Balckgaze d’entrer sur la piste.

Du tout au tout, et pour le mieux (comme le dira Clément de Bruit ≤ après le concert lors de la conférence), nous passons des larmes aux sourires avec Alcest qui vient défendre Les Chants de l’aurore.

Comme pour leur concert de l’Olympia, nous découvrons une scène simple, mais pourtant magnifique. Quelques roseaux et joncs séchés viennent habiller la scène entre quelques lumières placées ici et là, ainsi qu’un astre brillant en fond de scène qui s’entoure de draps blancs bien texturés. Bien sûr, nous retrouvons aussi les oiseaux de la pochette de l’album en son centre.

Bref, il est temps de découvrir pleinement la musique d’Alcest dans d’excellentes conditions.

Malgré la fatigue qui se lit sur le visage du groupe ; on est en effet à la moitié d’une tournée de 17 dates dont la plupart en France, on lit aussi beaucoup de joie et de légèreté.

Les sourires se mêlent aux regards complices où on sent que tout est bien rôdé pour nous apporter le meilleur moment possible.

On pourra se laisser porter par les chœurs féminins ou quelques ambiances ajoutées par des backings tracks pour avoir l’expérience la plus entière.

Neige, n’étant pas un grand bavard, on aura quand même le droit à plusieurs interactions tout au long du concert de près d’une heure et demie en comptant le rappel. Car si l’on oublie les mercis silencieux, Neige n’a pas hésité à rappeler à son auditoire d’aller écouter ce super groupe de Post-Rock Toulousain que l’on a pu (re)découvrir auparavant (et on peut dire que plusieurs personnes ont bien suivi l’exemple), mais aussi de rappeler que cela faisait chaud au cœur de voir un public avec un tel engouement devant lui. Car, comme on l’a appris après le concert lors de la conférence, Alcest n’a jamais été un projet censé fonctionner et que Neige est toujours surpris que la musique qu’il a créé pour lui en extériorisant son histoire soit appréciée ou trouve un écho en d’autres personnes.

Et en voyant le public ce soir-là, beaucoup de personnes semblaient entièrement conquises par la musique proposée :une setlist traversant les âges entre Les Chants de l’aurore, Spiritual Instinct, Kodama, Écailles de lune et Les Voyages de l’âme.

Après s’être remis doucement de nos émotions, le Plan nous proposait une conférence un peu spéciale : Apéro Metal by Mado & The Secrets of Bands !

Un moment d’échanges avec le groupe Alcest, Clément de BRUIT ≤ (Violon, basse, guitares, claviers…) et leur tour manageuse au sein du restaurant de la SMAC parisienne.

L’échange était animé par Mado qui orientait les débats ou qui laissaient la parole au public resté en nombre.

Un moment singulier où l’on ne pouvait ni prendre de photos ou enregistrer pour rester pleinement dans l’échange. Une belle occasion pour certains pour poser des questions sur la formation d’Alcest, le processus créatif des deux groupes, sur l’organisation de la tournée, sur les prises politiques de BRUIT ≤ et plein d’autres questions entre anecdotes et questions philosophiques.

Mais Neige a pu aussi nous poser des questions sur notamment comment nous, le public, découvrons de nouveaux groupes maintenant ? Quels sont les médias les plus utilisés pour parvenir à dénicher la perle rare ? Est-ce les magazines, les plateformes de streaming, les concerts, les festivals, les chaînes de télévision comme Arte, le bouche à oreille…

En tout cas, le moment était fort intéressant. Heureusement pour le groupe, ils avaient des impératifs horaires à respecter, car sinon je pense que la foule serait restée jusqu’au bout de la nuit pour discuter.

Texte par Guillaume et Gauvain.

Photos par Gauvain