
Sleep Token - Even in Arcadia
Chroniques
6 Juin 2025
Sleep Token - Even in Arcadia ou la suite logique
Le 9 mai 2025 sortait chez RCA Records le quatrième et nouvel album du groupe anglais Sleep Token. Après un Take Me Back To Eden qui a submergé en 2023 le monde Metal et encore plus les Américains, il semblerait que Even in Arcadia va poursuivre le même chemin.
En effet, si Take Me Back To Eden signait la conclusion de la trilogie initiée par Sundowning, Even in Arcadia signe un nouveau départ pour le combo ; d’où le nouveau costume du chanteur Vessel et certainement la nouvelle direction visuelle pour les clips et la pochette.
L’album se décompose comme suit :
- Look To Windward
- Emergence
- Past Self
- Dangerous
- Caramel
- Even In Arcadia
- Provider
- Damocles
- Gethsemane
- Infinite Baths
Si Take Me Back To Eden (TMBTE) reprenait la formule de Sundowning en la complexifiant avec une bien meilleure production, Even in Arcadia reprend la formule de son prédécesseur avec quelques nouvelles touches.
On pourra citer par exemple l’ajout de saxophone, de Reggaeton ou même de Math Rock parmi les nombreuses influences musicales qu’adore saupoudrer le groupe dans ses chansons. On pourra bien sûr retrouver tous les éléments musicaux ou les gimmicks de composition du précédent, ainsi toutes les personnes ayant adoré le précédent, tomberont forcément dedans. Néanmoins, si comme moi, TMBTE vous avait moins convaincu ; ceci vous explique certainement pourquoi c’est le seul album de Sleep Token non chroniqué ici, vous serez certainement dubitatif. Le passage d’une trilogie très singulière à un album reprenant tous les codes préalablement établis par sa conclusion a forcément de quoi réduire nos attentes : où est la distinction claire avec ce nouvel arc musical ?
Si l’engouement absolu sur les réseaux pour cet énigmatique groupe anglais ne s’est pas calmé avec les années ; il faut dire que le groupe joue beaucoup avec les rumeurs et les messages codés, de mon côté, mon engouement s’est un peu terni.
Mais bon, il est dur de passer d’un groupe qui vous plaît de moins en moins alors qu’il plaît de plus en plus autour de vous. On se retrouve enfermé dans un drôle de paradoxe que je n’arrive pas trop à m’expliquer, ou du moins si un petit peu :
Si les gimmicks de composition de Sleep Token étaient très marqués dans les premiers EPs, Even in Arcadia reprend les mêmes gimmicks de son prédécesseur, ce qui enlève drastiquement l’effet de surprise sur certains changements d’atmosphère au sein des morceaux. Il faut dire aussi que je voulais m’attendre à une tout autre proposition musicale pour nous proposer toujours quelque chose d’autre.
En effet, les passages rapés à la Travis Scott, les passages trip/hop électro, les questions réponses piano/voix, le chant Black Metal à la Zeal & Ardor sont des éléments bien assimilés et maintenant presque indissociables des morceaux de Sleep Token.
Les véritables surprises pour moi furent justement les petits changements distillés ici et là avec de nouveaux genres musicaux ou de nouveaux instruments permettant de nous étonner à nouveau ou même certains sons de claviers qui iront même lorgner sur l’OST de Zelda.
Pourtant, je suis loin d’être lassé par la voix de Vessel que je trouve toujours belle et encore plus polyvalente qu’auparavant, mais musicalement, je m’y retrouve moins.
Le fait d’avoir un produit encore plus codifié m’a ennuyé.
Pour vous dire, je croyais même que le projet President serait un autre projet musical tenu par les membres de Sleep Token pour proposer quelque chose de moins codifier et d’expérimenter à nouveau - President étant un groupe arrivé de nulle part sauf pour les personnes surveillant de près la sphère de Sleep Token.
Peut-être aussi que je n’aime pas la répétition et que la reprise de codes musicaux que je trouve trop perceptibles m’ennuient ? Dans le sens où certains clins d'œil ne m’ont pas rendu extatique, juste de marbre.
Toutefois, l’album est très loin d’être mauvais, il est même au-dessus de TMBTE car je trouve les longueurs des morceaux mieux gérées ; par contre arrêtons avec les fins en fade out par pitié !
Even in Arcadia est une proposition musicale super singulière dans le paysage Rock, c'est indéniable ! Mais elle n’est que la suite logique de TMBTE et son parachèvement. Maintenant, je vais être curieux de savoir où le groupe nous mènera par la suite : est-ce qu’il continuera son voyage musical dans la même direction ultra codifiée ou se permettra-t-il de nouvelles folies par la suite ?
En tout cas, cet album semble enflammer les fans avec plein de nouvelles théories sur l’histoire qui nous est contée depuis presque 10 ans. Si jamais vous n’étiez pas au courant, tout un univers fantastique s’est construit autour des alter egos des membres, et plus particulièrement de Vessel, son chanteur, ce qui a notamment abouti à la sortie d’un roman graphique “Teeth of God” sur l’histoire de TMBTE. De plus, Vessel adore mettre des rappels ou des leitmotivs qui se retrouvent d’un album à l'autre, ce qui ne peut qu’attiser la fascination et la curiosité des personnes les plus passionnées. Et l’absence de livrets à chaque album pousse les gens à retranscrire les paroles à chaque fois, ce qui parfois amène au débat sur ce que Vessel a bien pu vouloir dire et toutes les références qui s’y cachent.
Un monde fascinant à n’en point douter !
Si mon cœur était unanime sur les premiers disques de Sleep Token, Even in Arcadia, fait comme TMBTE en son temps et me convainc qu’à moitié de sa splendeur avec des titres comme Look to Windward, Dangerous, Provider ou Gethsename. N’étant pas à une contradiction près, lesdits morceaux ne sont pas exempts des défauts que j’ai déjà pu citer auparavant.
Néanmoins, je tiens à vous préciser que les voir en concert est un événement mémorable et incroyable ! Donc, n’hésitez pas à vivre cette expérience la prochaine fois qu’ils repasseront, en espérant que ce ne soit pas non plus dans un stade d’ici-là.
A propos de Gauvain
Jadis chroniqueur acharné, Gauvain préfère dorénavant occuper son temps libre à l'animation de lives hebdomadaires sur notre chaîne Twitch à la découverte de groupes intéressants. La légende raconte qu'on y passerait jamais de Metal... Il n'est cependant pas rare de le voir publier quelques articles à l'année quand l'envie lui prend.