Soen - Imperial

Soen - Imperial

Chroniques 28 Janvier 2021
Soen - Imperial ou un début de renouveau?


Bienvenue aux amateurs et amatrices de Metal Progressif car aujourd’hui nous allons nous pencher sur le cinquième album des Suèdois Soen. Imperial sort le 25 janvier chez Silver Living Music, le même label que pour Lotus, leur précédent opus qui était lui aussi sorti en début d’année. Imperial continue sur la lancée initiée par Lykaia avec un seul mot pour chaque titre. Il est d'ailleurs le premier disque du groupe avec le bassiste Oleksii “Zlatoyar” Kobel.
Imperial est un album qui se veut fin prêt car le batteur Martin Lopez, ex-Opeth, le dit lui-même : “nous avons pu passer jusqu’à 12h par jour pendant plusieurs mois pour [l’] amener là où on voulait vraiment, en travaillant principalement sur le groove et le flow de l’album”.


Soen avait frappé très fort en 2019 avec son album Lotus, qui fut pour moi un des meilleurs albums qu’il m’ait été donné d’écouter en 2018-2019. Mon attente pour Imperial était donc immense et je ne vous cache pas que les premiers singles sortis m’ont bien surpris. Certes, je ne m’attendais pas à redécouvrir Lotus sous une autre forme mais on peut dire que Antagonist m’a bien déboussolé : tout d’abord avec la nouvelle façon de chanter de Joël Ekelöf beaucoup plus grave qu’à l’accoutumée, du chant saturé par de la distorsion mais aussi avec des mélodies assez étranges que j’avais du mal à juger. Puis arriva Monarch, ce titre me rassura davantage sur les capacités de cet album avec une mélodie accrocheuse et une batterie impressionnante, mais surtout des ponts très mélodiques qui m'ont de suite replongé dans la beauté de Lotus. J’étais donc fin prêt pour aborder ce disque dont l’approche de sa sortie plus qu’imminente ne faisait que me poser plus de questions encore sur ce qu'il pouvait être.

Et on peut dire que la première écoute fut déroutante : j’étais loin d'imaginer que ce pouvait être Imperial ! L’album commence avec toute sa puissance sur Lumerian, qui peut nous faire penser au démarrage tout aussi impressionnant de Lotus avec Opponent. On est aussi de suite accroché par le chant envoûtant de Joël et les riffs ravageurs qui déferlent sur nous. Et bien sûr on retrouve le tout entrelacé par ces moments paisibles et atmosphériques qui charment tant dans leurs musiques ; surtout depuis l’arrivée du nouveau guitariste Cody Ford.
S’ensuivra Deceiver qui est lui aussi le descendant parfait de Lotus avec ce petit côté à la Martyrs avec ces changements multiples d’ambiance et une fin touchante ; même si Martyrs reste pour moi supérieure à celle-ci, la comparaison est assez juste.
Après Monarch, Illusion, l’unique ballade du groupe, vous ravira sûrement par la première mise en avant des pianos ainsi que des soli de Cody Ford qui ne font qu’embellir cette aventure atmosphérique. Il est en tout cas beau de signaler que malgré son éloignement dû à sa nationalité canadienne, il a pu participer d’une aussi belle manière à ce morceau. De plus, chaque écoute nous fera remarquer toujours plus la beauté et la justesse de ses soli.

Une fois franchie cette première moitié, l’album nous entraîne vers d’autres contrées musicales avec notamment Antagonist suivi de près par Modesty. Ce titre est très surprenant pour un morceau réalisé par Soen surtout par son intro au son compressé de violons (?!). Le refrain a aussi de quoi surprendre avec cette double voix suivie par ce même son compressé déjà entendu auparavant. Même le solo, bien que beau, arrive un peu précipitamment à mon goût… Bref, il n’est pas dur de deviner que j’ai eu du mal avec ce titre à la première écoute, tout comme le prochain titre : Dissident.
Pourtant son introduction aurait dû me mettre du baume au cœur avec ce son de guitare très proche des riffs de Lotus. Mais là encore un sentiment étrange m’assaille : je n’arrive pas à accrocher aux lignes de chant de Joël ainsi qu’au refrain. Il y a en effet un “je-ne-sais-quoi” qui me perturbe. Est-ce dû à Kane Churko, chargé du mix et du mastering d’Ozzy Osbourne et de Bob Dylan, qui est plusieurs fois intervenu dans le processus de création pour apporter des conseils à Joël ? Ça je ne pourrais le dire, mais en tout cas cette dernière partie s’est avérée plutôt compliquée pour moi.
Mais la fin de cet album m’a bien vite contredit avec Fortune. Un morceau qui m’a agréablement surpris de par sa composition et qui m’a fait penser à l’extraordinaire When The Walls Go Down d’Evergrey de par ses arrangements et sa montée crescendo en intensité ; il faut dire que j’ai toujours eu un faible pour les musiques alliant à la perfection leur son avec la majesté des violons. Un morceau qui m’a laissé sur un tellement bon moment que je n’ai pu m’empêcher d’écouter à nouveau Imperial.


Pour conclure, Imperial n’est pas un album aussi simple d’approche que l’est Lykaia et pas aussi sublime au premier regard que Lotus. Cependant, Imperial est un album à qui on doit laisser une seconde chance ! De la même façon que Panther de Pain of Salvation que j’ai chroniqué l’année dernière, Imperial de Soen est un album qui se bonifie véritablement après chaque écoute. Un album qui nous livre ses plus beaux secrets à chaque fois qu’on s’y attarde un peu plus. Même Deceiver et Dissident pour lesquels j’avais beaucoup de mal lors de mes premières écoutes sont presque devenus les plus mémorables ; peut-être aussi car j’avais envie de croire en la beauté cachée de ces morceaux.
Cependant, Soen a toujours été un groupe très poétique et engagé, j’ai donc vraiment hâte de recevoir ma copie physique de cet album pour enfin découvrir et mieux comprendre les différentes chansons, ainsi il ne pourra qu’en devenir meilleur car c’est en s’asseyant pour lire les paroles que la magie de Soen prend aussi tout son sens...

A propos de Gauvain

Jadis chroniqueur acharné, Gauvain préfère dorénavant occuper son temps libre à l'animation de lives hebdomadaires sur notre chaîne Twitch à la découverte de groupes intéressants. La légende raconte qu'on y passerait jamais de Metal... Il n'est cependant pas rare de le voir publier quelques articles à l'année quand l'envie lui prend.