Interview Port Noir
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25 Avril 2022
Le jeudi 07 avril 2022, j’ai pu m’entretenir avec Love Anderson, chanteur et bassiste du combo Port Noir à propos de leur nouvel album Cuts.
Gauvain : Bonjour Love Andersson, pouvez-vous vous présenter à celles et ceux qui ne vous connaîtraient pas ?
Love Anderson : Bien sûr ! Je suis Love Anderson du groupe suédois Port Noir qui joue du Metal Alternatif avec de l’électro, de la Pop et de la RNB si je puis dire. (rires)
G : Cela fait déjà plusieurs semaines que votre album est sorti, comment ont été les retours sur scène lors de votre tournée scandinavienne et à travers les différents médias ?
L.A. : C’était vraiment super ! On a eu de très bonnes chroniques et d'excellents retours. La tournée était vraiment chouette (NDLR : Scandinavia Tour de Vola) tout comme les réactions du public !
G : En ayant vu le line-up, je ne peux qu’espérer que l’on puisse voir un jour ce type de tournée en France ou ailleurs en Europe.
L.A. : Ce serait super en effet !
G : Tout comme The New Routine, Cuts arbore l’étiquette “Parental Advisory Explicit Content”. Et j’avais pu voir dans une vieille interview que vous étiez fier de l’avoir eu pour le précédent album. Était-ce aussi un objectif pour Cuts ou est-ce juste à cause des paroles et de leurs atmosphères ?
L.A. : Au vu des paroles, il était exclu de ne pas le montrer sur la pochette. C’était un point qui faisait débat au sein du combo, car nous aimons le côté Old-School qui s’en dégage. En effet, beaucoup des albums que nous écoutions plus jeunes avaient cette mention et nous aimions ça, alors nous avons fait en sorte de l’avoir aussi.
G : The New Routine est sorti chez InsideOut contrairement à Cuts qui est sorti chez Despotz Records. Est-ce lié avec les deux ans d’attente entre l’enregistrement et la sortie physique de l’album ?
L.A. : En fait, nous avons mis fin à notre collaboration avec InsideOut avant le processus de création du nouvel album. Nous voulions être indépendants pour cet album afin d’écrire et de faire ce que nous voulions. InsideOut était super, il ne s’est rien passé de contrariant avec eux, c’est juste qu’ils sont très impliqués dans la scène Prog au sens large et que nous sentions que cet album ne pourrait pas trop convenir à cette étiquette. Nous avons donc voulu voir où nous pouvions l’emmener et une fois qu’il était fini, nous avons cherché où il pourrait finir. Rétrospectivement, Cuts aurait pu sortir chez InsideOut, mais cette séparation était quelque chose que l’on trouvait nécessaire donc nous l’avons fait. Maintenant, nous sommes chez Despotz Records qui est un label suédois et je pense qu’ils ont une audience plus large : ils ont une branche Rock-Metal, mais aussi Pop. Et nous voulions voir ce que l’on pouvait faire entre les deux styles, c’était plutôt cohérent.
G : J’ai pu remarquer un grand changement entre vos deux albums : le guitariste Andreas est maintenant crédité en tant que musicien de session. En quoi cela a-t-il impacté l’écriture de Cuts ?
L.A. : Comment dire… Lors de The New Routine, Andreas avait déjà pris un peu de distance avec l'écriture de l’album pas forcément intentionnellement. Par conséquent, ça n’a pas trop changé pour cet album, excepté que cette fois-ci seuls AW Wiberg et moi-même composons . Ceci dit, c’est un peu plus dur que lorsque nous étions trois car il n’y a pas de réelle majorité quand vient le moment de prendre des décisions. Cela devient vite plus problématique et plus chronophage à deux, mais je pense que nous nous en sommes bien sortis...
Si je devais résumer, je dirais que c’était plus dur, mais finalement on a réussi à se débrouiller (rires).
G : Vous aimez les arts picturaux, donc j’aimerais que l’on puisse discuter un peu de la pochette : Est-ce tout d’abord Héraclès qui combat Achelous ou suis-je à côté de la plaque ?
L.A. : J’essaie de m’en souvenir … Je n’arrive plus à me souvenir du nom … C’est une statue qui représente un père se battant avec ses deux fils et un serpent, mais il m’est impossible de me souvenir du nom de cette statue.
Mais ça pourrait être ce que tu me dis, mais je ne me souviens plus du tout du nom exact… Mais c’est une belle statue ! (rires)
G : C’est une question difficile !
L.A. : Oui, exactement ! Je n’arrive pas à me rappeler désolé. C’est une photo qu’a prise le batteur dans le palais royal en suède si je me souviens bien.
G : Je vais essayer de voir sur internet si je peux retrouver son nom. En tout cas je n’ai pas plus d’indice de mon côté. (NDLR : Cette statue en bronze d’Adrian de Vries se trouve dans les jardins royaux du Palais Royal de Drottningholm à Stockholm, mais les résultats de mon enquête s’arrêtent là)
G : Sur la pochette, il y a quelque chose d’étrange : un carré bleu; même s’il apparaît plus violet sur le disque physique.
L.A. : Oui, la différence de couleur est un défaut de l’impression.
G : Mais du coup, pourquoi avoir choisi de mettre un carré bleu en plein milieu de la pochette ? C’est un point qui m’a pas mal intrigué.
L.A. : C’est assez étrange je te le concède. Lorsque l’on réfléchissait à la pochette au milieu de toutes nos idées sérieuses AW avait proposé en blaguant de prendre juste une seule couleur : le bleu. Et il me disait : “faisons-le !” et je me suis dit : “pourquoi pas, j’aime bien l’idée !”. Mais notre label et notre manager nous ont gentiment dit que notre idée était de la merde et qu’ils ne l’aimaient pas du tout : “vous ne pouvez pas faire ça, il vous faut une vraie pochette”. Notre recherche faisant son bout de chemin, nous en sommes venus avec cette idée de la statue, mais d’un autre côté nous ne pouvions pas nous séparer du bleu. Du coup, l’arrière du disque est l’idée originelle de l’album (NDLR : un carré bleu avec l’étiquette Parental Advisory) et nous l’avons aussi mis sur le devant de la pochette pour nous rappeler ce qu’était notre première idée.
G : Après tout, il y a déjà des albums qui ont comme pochette une seule couleur. Ce n’est donc pas une idée si saugrenue. Je ne sais pas comment l’exprimer, mais je pense qu’avoir une pochette plus complexe rend l’album aussi plus mémorable.
L.A. : Bon, après tout le monde connaît le Black Album ou le White Album (NDLR : respectivement de Metallica et The Beatles), mais ces groupes sont un peu plus connus que nous.
G : Cependant, vous avez déjà votre propre “Black Album” (NDLR : je lui montre la pochette de The New Routine).
L.A. : Oui en effet (rires).
G : Ceci-dit, l'idée d’une pochette à la couleur unique ne serait pas si étonnante que ça quand on y pense : Any Way The Wind Carries est bien rouge avec des cercles, donc ça peut très bien faire un lien logique entre les deux.
G : S’il y a bien quelque chose que j’ai pu remarquer en écrivant ma chronique est que Cuts est votre album le plus court. Était-ce plus naturel de le faire ainsi vu qu’il est plus complexe que les précédents ?
L.A. : On en parlait depuis longtemps au sein du groupe. Il est dur de faire un album plus diversifié lorsqu’il est plus long : moins tu fais de morceaux plus tu as le temps à leur accorder. De mon point de vue, il est plus naturel de faire un album plus court mais meilleur, qu’un album plus long dont tu n’as pas eu autant de temps à lui accorder. Enregistrer une chanson prend du temps et tout te prend plus du temps. Il était donc plus futé pour nous de faire un album plus court cette fois-là.
G : C’était une idée que je partageais avec une amie : nous étions surpris par sa durée mais nous étions d’accord sur le point qu’il était bien plus complexe ou versatile que vos précédents disques et que donc nous pouvions vous pardonner ce fait.
L.A. : Conceptuellement, il est plus simple de faire un album qui paraisse complet lorsqu’il est plus court. Nous aurions pu ajouter 3 ou 4 autres morceaux, mais je pense que cela aurait impacté le résultat global et l’énergie que nous y avions mis. Nous en sommes plus satisfait ainsi.
G : Et comme vous le disiez, il est plus simple de se concentrer sur moins de morceaux
L.A. : Il était mieux pour nous de sortir un album avec neuf chansons que nous aimions vraiment que 15 dont nous n'aimions que la moitié. (rires) Tu vois ce que je veux dire.
G : On peut relever beaucoup d’influences dans Cuts : Black Metal, Electro, Metal, B.O. de films, Afrobeat, Pop, … et même de groupes comme Nirvana, Royal Blood ou The Weeknd. Est-ce que vous vouliez nous montrer encore plus d’influences qu’auparavant ? Ou était-ce plus une volonté de faire ce que vous vouliez en y prenant du plaisir ?
L.A. : : Plutôt la deuxième proposition (rires). On n’a pas trop réfléchi aux influences que nous y mettions puisqu’elles sont là qu’on le veuille ou non. Nous écoutons plein de musiques différentes, il est naturel pour nous de prendre comme inspirations des choses très différentes que l’on écoute tous les deux. Ce que je pense amusant avec écrire de la musique est de mélanger des idées que l’on aurait jamais imaginé ensemble, d’essayer de les faire correspondre et de les faire sonner similaires d’une certaine façon. Du moins, c’est mon point de vue, d’autres personnes pourraient trouver l’idée stupide ou bizarre. Mais je pense que c’est notre fil conducteur.
G : Il est toujours fascinant de connaître la manière dont les artistes composent leurs musiques ou de connaître leurs influences. Par ailleurs, avec la même amie, on s’était amusé à décortiquer l’album et à chercher toutes les influences possibles et on s’y est complètement perdu. Chaque jour, elle revenait vers moi en disant qu’elle en avait trouvé une autre que je n’avais pas forcément capté et du coup je me replongeais dans le morceau. C’était un cercle vicieux.
L.A. : Quand tu commences vraiment à analyser chaque morceau, tu peux trouver plein de choses et passer à côté d’autres qui sont pourtant très flagrantes.
G : Elle était même partie sur les VFX de certains morceaux et je me suis dis que ça allait un peu trop loin (rires). Mais c’était une façon amusante de découvrir l’album.
L.A. : C’est ce qu’il semblerait (rires).
G : J’ai pu lire dans votre dossier presse que l’album avait été enregistré en live, est-ce que vous pouvez développer ce point ?
L.A. : On voulait faire ça depuis un bon moment pour capturer un aspect plus naturel aux morceaux et la véritable dynamique derrière chacun d’eux. Mais on n’avait jamais eu l’opportunité de le faire auparavant et pour Cuts on a encore failli ne pas le faire. Au début, on avait commencé à l'enregistrer par petits bouts comme nous le faisions d’habitude, mais notre producteur nous disait : “c’est bien; mais il manque quelque chose en plus… Si vous voulez, on peut le faire en live” et comme nous voulions le faire depuis longtemps, nous nous sommes lancés. Et innocemment à la fin il nous disait que cela sonnait bien plus intense ainsi. En comparant, nous nous en sommes aussi rendus compte que c’était bien mieux comme ça ! Nous l’avons donc fait pour la plupart des morceaux, mais pour des morceaux plus électroniques comme Monument ou Emerald Green ce n’a pas été le cas.
G : C’est de suite plus dur oui (rires).
L.A. : Du moins, nous l’avons fait pour les morceaux les plus dynamiques ! Cette manière de faire est de suite plus difficile techniquement puisque tu ne peux pas faire de coupures ou d’autres manipulations permettant d'accélérer le processus. Là tu es obligé de travailler plus, mais nous sommes très heureux du résultat. Je pense que ça a vraiment fait une grande différence !
G : Je vous ai découvert en tournée européenne de Pain of Salvation et lorsque je me suis plongé dans votre dernier album en date, Any Way The Wind Carries, il paraissait bien plus paisible qu’en live. Cependant, j’avais trouvé le résultat bien meilleur avec The New Routine, jusqu’à ce que votre prestation lors de votre tournée avec Leprous me fasse changer d’avis. Vos chansons sont en effet toujours plus dynamiques et puissantes en concert ! Du coup j’avais été très intéressé lorsque j’avais lu que l’album avait été enregistré en live. Il est vrai que cet album n’est pas forcément plus violent que le précédent, mais tu as en effet ce sentiment qu’il est plus naturel - c’est assez complexe à décrire. Je pense que vous avez réussi à accomplir ce que vous recherchiez.
L.A. : J’espère vraiment ! Lorsque je réécoute les autres albums que nous avons fait par rapport à Cuts, je pense qu’il y a une certaine intensité qui y est absente, du moins pour moi.
G : Je comprends tout à fait, j’ai eu le même sentiment la première fois que j’ai écouté Puls par exemple qui a un son plus “plat” que son successeur ou lors de votre tournée. Mais c’est un sentiment qui s’efface à travers les écoutes, jusqu’à ce qu’on vous voit sur scène jouer lesdits morceaux. Pour le coup, The New Routine était vraiment exceptionnel en concert. Pour vous dire, mon père n’a pas aimé l’album à sa sortie, mais à la fin du concert il me disait que vos morceaux étaient trop bien et je lui ai juste dit que c’était tout simplement The New Routine (rires).
L.A. : C’est sympa que l’on puisse proposer quelque chose de différent durant nos concerts, mais c’est aussi un peu triste de voir que nous l’avions pas capté lors de nos enregistrements studios.
G : C’est aussi une des raisons pour lesquelles j’aime voir les groupes en concert !
G : Avec la pandémie, comme beaucoup d’autres artistes vous ne pouviez pas faire de concerts, comment est-ce de pouvoir enfin revenir sur scène ? Et êtes-vous excités par votre tournée européenne avec Imminence et The Novelists.
L.A. : Oui complètement ! Notre retour sur scène était il y a un petit moment, mais c’était génial de pouvoir rejouer après deux ans pour quelques dates. Maintenant, ça va être une longue et grande tournée, ça va être génial !
G : De plus le line-up est assez impressionnant ! Mais la date parisienne a été complète si rapidement…
L.A. : C’est en effet une petite salle (NDLR : la Boule Noire le 28 mai), mais c’est dommage pour les personnes comme toi qui ne peuvent pas venir.
G : Lorsque j’avais vu que vous veniez en France, je me suis dit “chouette je vais enfin les revoir même si je n’aime pas spécialement les autres groupes, ça me permettra de les découvrir davantage” et non : c’était déjà sold-out ! Du coup, je serai plus vigilant pour votre prochaine tournée.
L.A. : Nous reviendrons pour sûr ! Nous n’avons rien de prévu pour l’instant, mais quand nous tournons en Europe, la France en fait toujours partie !
G : J’ai maintenant une question orientée merchandising : est-ce que vous prévoyez de sortir à nouveau Puls en physique puisqu’il est quasiment introuvable.
L.A. : Je pense en effet que nous avons tout vendu.
G : Et le peu de copies trouvables ont tous des prix élevés (NDLR : à la date du 20 avril, l’offre d’occasion la moins chère sur Amazon est à 207€ et à 60€ sur Discogs).
L.A. : Je n’ai même pas une copie du disque, j’ai donné ma version à un ami. Mais pour revenir sur le sujet, je ne pense pas qu’on le ressortira de sitôt. D’autant plus qu’actuellement nous sommes dans un petit label suédois. Mais si nous continuons de jouer dix ans de plus, je pense que nous le ferons.
G : Je serai patient alors (rires).
Gauvain : Bonjour Love Andersson, pouvez-vous vous présenter à celles et ceux qui ne vous connaîtraient pas ?
Love Anderson : Bien sûr ! Je suis Love Anderson du groupe suédois Port Noir qui joue du Metal Alternatif avec de l’électro, de la Pop et de la RNB si je puis dire. (rires)
G : Cela fait déjà plusieurs semaines que votre album est sorti, comment ont été les retours sur scène lors de votre tournée scandinavienne et à travers les différents médias ?
L.A. : C’était vraiment super ! On a eu de très bonnes chroniques et d'excellents retours. La tournée était vraiment chouette (NDLR : Scandinavia Tour de Vola) tout comme les réactions du public !
G : En ayant vu le line-up, je ne peux qu’espérer que l’on puisse voir un jour ce type de tournée en France ou ailleurs en Europe.
L.A. : Ce serait super en effet !
G : Tout comme The New Routine, Cuts arbore l’étiquette “Parental Advisory Explicit Content”. Et j’avais pu voir dans une vieille interview que vous étiez fier de l’avoir eu pour le précédent album. Était-ce aussi un objectif pour Cuts ou est-ce juste à cause des paroles et de leurs atmosphères ?
L.A. : Au vu des paroles, il était exclu de ne pas le montrer sur la pochette. C’était un point qui faisait débat au sein du combo, car nous aimons le côté Old-School qui s’en dégage. En effet, beaucoup des albums que nous écoutions plus jeunes avaient cette mention et nous aimions ça, alors nous avons fait en sorte de l’avoir aussi.
G : The New Routine est sorti chez InsideOut contrairement à Cuts qui est sorti chez Despotz Records. Est-ce lié avec les deux ans d’attente entre l’enregistrement et la sortie physique de l’album ?
L.A. : En fait, nous avons mis fin à notre collaboration avec InsideOut avant le processus de création du nouvel album. Nous voulions être indépendants pour cet album afin d’écrire et de faire ce que nous voulions. InsideOut était super, il ne s’est rien passé de contrariant avec eux, c’est juste qu’ils sont très impliqués dans la scène Prog au sens large et que nous sentions que cet album ne pourrait pas trop convenir à cette étiquette. Nous avons donc voulu voir où nous pouvions l’emmener et une fois qu’il était fini, nous avons cherché où il pourrait finir. Rétrospectivement, Cuts aurait pu sortir chez InsideOut, mais cette séparation était quelque chose que l’on trouvait nécessaire donc nous l’avons fait. Maintenant, nous sommes chez Despotz Records qui est un label suédois et je pense qu’ils ont une audience plus large : ils ont une branche Rock-Metal, mais aussi Pop. Et nous voulions voir ce que l’on pouvait faire entre les deux styles, c’était plutôt cohérent.
G : J’ai pu remarquer un grand changement entre vos deux albums : le guitariste Andreas est maintenant crédité en tant que musicien de session. En quoi cela a-t-il impacté l’écriture de Cuts ?
L.A. : Comment dire… Lors de The New Routine, Andreas avait déjà pris un peu de distance avec l'écriture de l’album pas forcément intentionnellement. Par conséquent, ça n’a pas trop changé pour cet album, excepté que cette fois-ci seuls AW Wiberg et moi-même composons . Ceci dit, c’est un peu plus dur que lorsque nous étions trois car il n’y a pas de réelle majorité quand vient le moment de prendre des décisions. Cela devient vite plus problématique et plus chronophage à deux, mais je pense que nous nous en sommes bien sortis...
Si je devais résumer, je dirais que c’était plus dur, mais finalement on a réussi à se débrouiller (rires).
G : Vous aimez les arts picturaux, donc j’aimerais que l’on puisse discuter un peu de la pochette : Est-ce tout d’abord Héraclès qui combat Achelous ou suis-je à côté de la plaque ?
L.A. : J’essaie de m’en souvenir … Je n’arrive plus à me souvenir du nom … C’est une statue qui représente un père se battant avec ses deux fils et un serpent, mais il m’est impossible de me souvenir du nom de cette statue.
Mais ça pourrait être ce que tu me dis, mais je ne me souviens plus du tout du nom exact… Mais c’est une belle statue ! (rires)
G : C’est une question difficile !
L.A. : Oui, exactement ! Je n’arrive pas à me rappeler désolé. C’est une photo qu’a prise le batteur dans le palais royal en suède si je me souviens bien.
G : Je vais essayer de voir sur internet si je peux retrouver son nom. En tout cas je n’ai pas plus d’indice de mon côté. (NDLR : Cette statue en bronze d’Adrian de Vries se trouve dans les jardins royaux du Palais Royal de Drottningholm à Stockholm, mais les résultats de mon enquête s’arrêtent là)
G : Sur la pochette, il y a quelque chose d’étrange : un carré bleu; même s’il apparaît plus violet sur le disque physique.
L.A. : Oui, la différence de couleur est un défaut de l’impression.
G : Mais du coup, pourquoi avoir choisi de mettre un carré bleu en plein milieu de la pochette ? C’est un point qui m’a pas mal intrigué.
L.A. : C’est assez étrange je te le concède. Lorsque l’on réfléchissait à la pochette au milieu de toutes nos idées sérieuses AW avait proposé en blaguant de prendre juste une seule couleur : le bleu. Et il me disait : “faisons-le !” et je me suis dit : “pourquoi pas, j’aime bien l’idée !”. Mais notre label et notre manager nous ont gentiment dit que notre idée était de la merde et qu’ils ne l’aimaient pas du tout : “vous ne pouvez pas faire ça, il vous faut une vraie pochette”. Notre recherche faisant son bout de chemin, nous en sommes venus avec cette idée de la statue, mais d’un autre côté nous ne pouvions pas nous séparer du bleu. Du coup, l’arrière du disque est l’idée originelle de l’album (NDLR : un carré bleu avec l’étiquette Parental Advisory) et nous l’avons aussi mis sur le devant de la pochette pour nous rappeler ce qu’était notre première idée.
G : Après tout, il y a déjà des albums qui ont comme pochette une seule couleur. Ce n’est donc pas une idée si saugrenue. Je ne sais pas comment l’exprimer, mais je pense qu’avoir une pochette plus complexe rend l’album aussi plus mémorable.
L.A. : Bon, après tout le monde connaît le Black Album ou le White Album (NDLR : respectivement de Metallica et The Beatles), mais ces groupes sont un peu plus connus que nous.
G : Cependant, vous avez déjà votre propre “Black Album” (NDLR : je lui montre la pochette de The New Routine).
L.A. : Oui en effet (rires).
G : Ceci-dit, l'idée d’une pochette à la couleur unique ne serait pas si étonnante que ça quand on y pense : Any Way The Wind Carries est bien rouge avec des cercles, donc ça peut très bien faire un lien logique entre les deux.
L.A. : On en parlait depuis longtemps au sein du groupe. Il est dur de faire un album plus diversifié lorsqu’il est plus long : moins tu fais de morceaux plus tu as le temps à leur accorder. De mon point de vue, il est plus naturel de faire un album plus court mais meilleur, qu’un album plus long dont tu n’as pas eu autant de temps à lui accorder. Enregistrer une chanson prend du temps et tout te prend plus du temps. Il était donc plus futé pour nous de faire un album plus court cette fois-là.
G : C’était une idée que je partageais avec une amie : nous étions surpris par sa durée mais nous étions d’accord sur le point qu’il était bien plus complexe ou versatile que vos précédents disques et que donc nous pouvions vous pardonner ce fait.
L.A. : Conceptuellement, il est plus simple de faire un album qui paraisse complet lorsqu’il est plus court. Nous aurions pu ajouter 3 ou 4 autres morceaux, mais je pense que cela aurait impacté le résultat global et l’énergie que nous y avions mis. Nous en sommes plus satisfait ainsi.
G : Et comme vous le disiez, il est plus simple de se concentrer sur moins de morceaux
L.A. : Il était mieux pour nous de sortir un album avec neuf chansons que nous aimions vraiment que 15 dont nous n'aimions que la moitié. (rires) Tu vois ce que je veux dire.
G : On peut relever beaucoup d’influences dans Cuts : Black Metal, Electro, Metal, B.O. de films, Afrobeat, Pop, … et même de groupes comme Nirvana, Royal Blood ou The Weeknd. Est-ce que vous vouliez nous montrer encore plus d’influences qu’auparavant ? Ou était-ce plus une volonté de faire ce que vous vouliez en y prenant du plaisir ?
L.A. : : Plutôt la deuxième proposition (rires). On n’a pas trop réfléchi aux influences que nous y mettions puisqu’elles sont là qu’on le veuille ou non. Nous écoutons plein de musiques différentes, il est naturel pour nous de prendre comme inspirations des choses très différentes que l’on écoute tous les deux. Ce que je pense amusant avec écrire de la musique est de mélanger des idées que l’on aurait jamais imaginé ensemble, d’essayer de les faire correspondre et de les faire sonner similaires d’une certaine façon. Du moins, c’est mon point de vue, d’autres personnes pourraient trouver l’idée stupide ou bizarre. Mais je pense que c’est notre fil conducteur.
G : Il est toujours fascinant de connaître la manière dont les artistes composent leurs musiques ou de connaître leurs influences. Par ailleurs, avec la même amie, on s’était amusé à décortiquer l’album et à chercher toutes les influences possibles et on s’y est complètement perdu. Chaque jour, elle revenait vers moi en disant qu’elle en avait trouvé une autre que je n’avais pas forcément capté et du coup je me replongeais dans le morceau. C’était un cercle vicieux.
L.A. : Quand tu commences vraiment à analyser chaque morceau, tu peux trouver plein de choses et passer à côté d’autres qui sont pourtant très flagrantes.
G : Elle était même partie sur les VFX de certains morceaux et je me suis dis que ça allait un peu trop loin (rires). Mais c’était une façon amusante de découvrir l’album.
L.A. : C’est ce qu’il semblerait (rires).
G : J’ai pu lire dans votre dossier presse que l’album avait été enregistré en live, est-ce que vous pouvez développer ce point ?
L.A. : On voulait faire ça depuis un bon moment pour capturer un aspect plus naturel aux morceaux et la véritable dynamique derrière chacun d’eux. Mais on n’avait jamais eu l’opportunité de le faire auparavant et pour Cuts on a encore failli ne pas le faire. Au début, on avait commencé à l'enregistrer par petits bouts comme nous le faisions d’habitude, mais notre producteur nous disait : “c’est bien; mais il manque quelque chose en plus… Si vous voulez, on peut le faire en live” et comme nous voulions le faire depuis longtemps, nous nous sommes lancés. Et innocemment à la fin il nous disait que cela sonnait bien plus intense ainsi. En comparant, nous nous en sommes aussi rendus compte que c’était bien mieux comme ça ! Nous l’avons donc fait pour la plupart des morceaux, mais pour des morceaux plus électroniques comme Monument ou Emerald Green ce n’a pas été le cas.
G : C’est de suite plus dur oui (rires).
L.A. : Du moins, nous l’avons fait pour les morceaux les plus dynamiques ! Cette manière de faire est de suite plus difficile techniquement puisque tu ne peux pas faire de coupures ou d’autres manipulations permettant d'accélérer le processus. Là tu es obligé de travailler plus, mais nous sommes très heureux du résultat. Je pense que ça a vraiment fait une grande différence !
G : Je vous ai découvert en tournée européenne de Pain of Salvation et lorsque je me suis plongé dans votre dernier album en date, Any Way The Wind Carries, il paraissait bien plus paisible qu’en live. Cependant, j’avais trouvé le résultat bien meilleur avec The New Routine, jusqu’à ce que votre prestation lors de votre tournée avec Leprous me fasse changer d’avis. Vos chansons sont en effet toujours plus dynamiques et puissantes en concert ! Du coup j’avais été très intéressé lorsque j’avais lu que l’album avait été enregistré en live. Il est vrai que cet album n’est pas forcément plus violent que le précédent, mais tu as en effet ce sentiment qu’il est plus naturel - c’est assez complexe à décrire. Je pense que vous avez réussi à accomplir ce que vous recherchiez.
L.A. : J’espère vraiment ! Lorsque je réécoute les autres albums que nous avons fait par rapport à Cuts, je pense qu’il y a une certaine intensité qui y est absente, du moins pour moi.
G : Je comprends tout à fait, j’ai eu le même sentiment la première fois que j’ai écouté Puls par exemple qui a un son plus “plat” que son successeur ou lors de votre tournée. Mais c’est un sentiment qui s’efface à travers les écoutes, jusqu’à ce qu’on vous voit sur scène jouer lesdits morceaux. Pour le coup, The New Routine était vraiment exceptionnel en concert. Pour vous dire, mon père n’a pas aimé l’album à sa sortie, mais à la fin du concert il me disait que vos morceaux étaient trop bien et je lui ai juste dit que c’était tout simplement The New Routine (rires).
L.A. : C’est sympa que l’on puisse proposer quelque chose de différent durant nos concerts, mais c’est aussi un peu triste de voir que nous l’avions pas capté lors de nos enregistrements studios.
G : C’est aussi une des raisons pour lesquelles j’aime voir les groupes en concert !
G : Avec la pandémie, comme beaucoup d’autres artistes vous ne pouviez pas faire de concerts, comment est-ce de pouvoir enfin revenir sur scène ? Et êtes-vous excités par votre tournée européenne avec Imminence et The Novelists.
L.A. : Oui complètement ! Notre retour sur scène était il y a un petit moment, mais c’était génial de pouvoir rejouer après deux ans pour quelques dates. Maintenant, ça va être une longue et grande tournée, ça va être génial !
G : De plus le line-up est assez impressionnant ! Mais la date parisienne a été complète si rapidement…
L.A. : C’est en effet une petite salle (NDLR : la Boule Noire le 28 mai), mais c’est dommage pour les personnes comme toi qui ne peuvent pas venir.
G : Lorsque j’avais vu que vous veniez en France, je me suis dit “chouette je vais enfin les revoir même si je n’aime pas spécialement les autres groupes, ça me permettra de les découvrir davantage” et non : c’était déjà sold-out ! Du coup, je serai plus vigilant pour votre prochaine tournée.
L.A. : Nous reviendrons pour sûr ! Nous n’avons rien de prévu pour l’instant, mais quand nous tournons en Europe, la France en fait toujours partie !
L.A. : Je pense en effet que nous avons tout vendu.
G : Et le peu de copies trouvables ont tous des prix élevés (NDLR : à la date du 20 avril, l’offre d’occasion la moins chère sur Amazon est à 207€ et à 60€ sur Discogs).
L.A. : Je n’ai même pas une copie du disque, j’ai donné ma version à un ami. Mais pour revenir sur le sujet, je ne pense pas qu’on le ressortira de sitôt. D’autant plus qu’actuellement nous sommes dans un petit label suédois. Mais si nous continuons de jouer dix ans de plus, je pense que nous le ferons.
G : Je serai patient alors (rires).
A propos de Gauvain
Jadis chroniqueur acharné, Gauvain préfère dorénavant occuper son temps libre à l'animation de lives hebdomadaires sur notre chaîne Twitch à la découverte de groupes intéressants. La légende raconte qu'on y passerait jamais de Metal... Il n'est cependant pas rare de le voir publier quelques articles à l'année quand l'envie lui prend.