Virvum - Illuminance

Virvum - Illuminance

Chroniques 13 Janvier 2018
  Le Technical Death Metal, et par extension, le Death Metal Progressif, sont deux genres qui, en plus d’être complémentaires, ont connu une ascension fulgurante depuis quelques années, notamment avec des albums phares comme Cosmogenesis de Obscura en 2009, Planetary Duality de Faceless en 2008, et plus tard, The Aura de Beyond Creation en 2011, ou Incurso de Spawn Of Possession en 2012. Tous ces groupes tirent leurs origines des précurseurs des années 90, comme Necrophagist, Anata, ou Cynic

   Et de là, nombreux sont les groupes qui ont enrichi cette scène par leur créativité et leur volonté de pousser toujours plus loin les limites de la technique. Le groupe dont on va parler en fait partie, mais est selon moi trop peu reconnu par rapport à tout ce qu’il pourrait apporter s’il bénéficiait d’une meilleure visibilité. Voici l’album Illuminance, de Virvum

  L’opus, sorti en Septembre 2016, est le premier album du groupe après 2 Singles malheureusement très peu consistants. Illuminance s’inscrit clairement dans un style entre le Technical Death et le Death Progressif, avec des influences telles que Necrophagist, Beyond Creation et Fallujah. Cependant, Virvum tire son épingle du jeu grâce à un style de composition très progressif, où la technique est extrêmement bien dosée, et surtout, un jeu de guitare lead absolument époustouflant, illustrant la majesté absolue et resplendissante qui se dégage du visuel de l’album, qui est pour le moins original par rapport à l’esthétique du genre, tant il est modéré et sans extravagance. Je ne vais pas m’attarder sur la technique des musiciens, tant celle-ci est évidente au vu du genre, et ayant eu la chance de voir le groupe en live, les morceaux sont joués avec une précision chirurgicale. 
  Contrairement à du Tech Death progressif classique, cet album ne m’a pas impressionné par sa technique, mais par sa justesse, sa finesse, sa façon de placer à l’endroit parfait LE thème mélodique à retenir. Car oui, cela n’est pas forcément évident dès la première écoute, mais il faut préciser que Virvum accorde un traitement très intéressant à la structure de ses morceaux. Déjà que le Tech Death Progressif a tendance à s’éloigner des classiques « Intro Couplet Refrain Couplet Refrain… » afin de partir sur des variations plus alambiquées, Virvum ajoute à ses titres un élément qui, selon moi, est trop peu présent dans ce genre alors qu’il y a tout à fait sa place : le climax musical.

  En gros, un passage ultra marquant, un point culminant, le sommet émotionnel d’une composition. Et ces climax sont tellement jouissifs… Ils se démarquent par leur aspect atmosphérique, et par l’ambiance très « divine » qui s’en dégage, grâce au jeu de guitare lead absolument époustouflant de Groftoby Koelman et Nicola Gruhn, énormément travaillé, à base de superposition de pistes sur différentes hauteurs, et d’une utilisation du Floyd Rose qui n’est pas sans rappeler les plus belles mélodies de Fallujah. L’album s’ouvre sur The Cypher Supreme, une pièce instrumentale où ce travail sur les guitares lead est très présent. On constate également tout au long de l’album la présence occasionnelle d’effets synthétiques très planants, ou de chœurs similaires à ceux de chants religieux, le tout espacé par des arpèges clean très aériens, comme sur le morceau éponyme, Illuminance.
  Car oui, chez Virvum, la partie instrumentale est clairement au premier plan, bien que le chant soit tout de même relativement présent sur la plupart des morceaux, les absences vocales de quelques minutes sont choses communes (comme dit précédemment, l’album s’ouvre sur une pièce instrumentale). Et il me semble également essentiel de préciser l’énorme recherche sur la plupart des riffs, qui sont basés autour d’un jeu mélodique et rythmique entre les deux guitares, très souvent indépendantes l’une de l’autre, ce qui créer une atmosphère sonore très particulière, on ne sait où porter son attention tellement il y a d’éléments différents à écouter. Malgré tout ceci, le groupe garde ses racines du Tech Death, mais en ajoutant tout de même sa petite touche, comme sur le morceau Ad Rigorem, qui se veut terriblement efficace, brutal, technique, et accessible, tout en conservant un style très progressif et une construction de riff très originale.

  Mais je dois le reconnaître, même si cet album fait vraiment avancer la sphère du Tech Death, j’ai trouvé que certains éléments étaient vraiment de trop. Et par là, je vise surtout les riffs qui se veulent lourds, où les guitares se contentent de jouer leur note la plus grave, synchronisées à la grosse caisse de la batterie. Mettre ce genre de riffs incroyablement pauvres aux côtés de riffs d’une richesse énorme, lors de l’écoute, c’est limite ennuyant, voire décourageant. Après, heureusement, ce genre de riffs ne durent pas, et sont souvent un support pour un effet atmosphérique ou pour le chant, mais c’est un petit peu dommage car c’est très hétérogène par rapport au reste des riffs, et cela n’apporte rien musicalement parlant. 

  Enfin bref, cet album est quand même vraiment énorme. Et Virvum a vraiment un avenir prometteur. Sortir un premier opus aussi complet, ce n’est pas donné à tous ! Le meilleur morceau est selon moi le sublime « A Final Warming Shine: Ascension And Trepassing », qui offre un final grandiose à l’album. Mais ça serait dommage d’aller l’écouter sans passer par tout ce qu’il y a avant, le sentiment d’achèvement serait bien moindre. Car Illuminance, c’est un voyage onirique mais violent, pénétrant mais tortueux, profond mais abrupt, bref, quelque chose de vraiment marquant. 

18.5/20