Interview - Echopraxia

Interview - Echopraxia

Interviews 10 Janvier 2018
Nous avons eu le plaisir de pouvoir interviewer le guitariste Austin Woodward pour son projet solo Echopraxia. Du Metal d'Halloween? Oui oui, ça existe!

Salut Austin, comment vas-tu ? 

Austin: Ça va très bien et toi ? 

Très bien aussi ! On va principalement parler de l’EP “Pumpkin Palace” d’Echopraxia. Comment sont les feedbacks jusqu’ici ? 

Austin: Ils sont bons ! Les gens qui écoutaient déjà Echopraxia l’ont adoré et je suis super content de ça. C’est un genre très spécifique donc ce n’est pas le genre d’EP qui se propage à grande vitesse. En plus, c’est un projet solo qui n’a pas vocation à être joué sur des tournées donc c’est assez difficile de pousser les gens à s’y intéresser. 

Oui, je comprends très bien. Je suppose que ton but principal est plutôt que le peu de gens qui l'écouteront l’aiment vraiment n’est-ce pas ? 

Austin: Oui complètement, c’est avant tout un EP dédié aux fans. C’est assez étrange de faire du metal d’Halloween donc il faut aimer le concept avant de s’intéresser à la musique. Mais ceux pour qui ça a été le cas ont vraiment complimenté mon travail et c’est vraiment cool de savoir qu’il y a des gens à qui ça plaît autant.  

J’ai l’impression que cette atmosphère Halloween est vraiment devenue le centre de ton univers musical. Ton précédent album “Candle Cove” en avait déjà des influences mais il était surtout orienté Djent. Ai-je raison ? 

Austin: C’est exactement ça oui. “Candle Cove” a été fait sur un laps de temps assez long. Par exemple, le morceau “Semper Occultus” a été écrit en 2013. À cette époque j’étais surtout influencé par des groupes très typés Djent comme Periphery, Animals As Leaders ou encore TesseracT.. Mais après la sortie de “Candle Cove”, j’ai eu envie d’avancer vers quelque chose de différent et surtout plus personnel. Je me suis mis à écouter beaucoup de classique, de Black Metal, de Metal Symphonique et de Jazz. “Pumpkin Palace” a été un condensé de toutes ces influences en plus de l’aspect Djent.  

D’où t’es venue l’idée d’écrire du Metal d’Halloween ? 

Austin: En fait je n’aime pas être trop sérieux quand je compose. Je ne me dis jamais “Allez, je vais écrire un morceau progressif super épique” mais plutôt “Je m’ennuie, qu’est ce que je pourrais écrire de cool pour m’amuser ?”. J’adore Halloween, la période, les décorations, les déguisements, cette ambiance me plaît beaucoup. Un jour je me suis dit “Comment sonnerait un morceau de Metal dans le style d’Halloween? Comment faire pour qu’un morceau sonne comme ça ?”. Je m’y suis penché et au bout d’un moment j’ai réalisé que c’est ce qui m’amusait vraiment et que ça deviendrait mon style. 

Quel est le plus gros point fort de “Pumpkin Palace” selon toi ?  

Austin: Je dirais les mélodies. En ce moment, je trouve que le plus gros problème du Djent et du Metal Progressif en général ce sont les mélodies qui sont très répétitives. C’est trop souvent basé sur des gammes pentatoniques. On peut faire beaucoup de choses avec la pentatonique sur du chant par exemple. Mais en guitare je trouve que c’est dommage de se limiter à cela. C’est là dessus que “Pumpkin Palace” sort vraiment des codes pour moi. Les mélodies ont une structure particulière avec beaucoup de notes tenues, des chromatismes etc… Je trouve ça rafraichissant. 

L’artwork de “Pumpkin Palace” correspond très bien à ce qu’on peut y trouver musicalement selon moi. Qui l’a réalisé ?  

Austin: Il s’appelle Eric Kürschner et il a également fait l’artwork de “Candle Cove”. Il est vraiment génial et il est patient. Il suffit que je lui explique mes idées et le premier jet qu’il fait est déjà superbe. Ensuite, on y fait quelques retouches jusqu’à avoir quelque chose d’optimal.  

Quel est ton morceau préféré sur cet EP et sur ton ancien album ? 

Austin: Pour “Pumpkin Palace”, je dirais le morceau “Grasp of Malok”. C’est vraiment à mi-chemin entre les mélodies dont je te parlais plus tôt et les grosses rythmiques Djent qu’on adore tous. Je trouve que ce morceau est un bon équilibre entre les deux aspects. Pour “Candle Cove” je dirais “3’s Without 4”. C’est la dernière que j’ai écrite pour l’album donc c’est celle qui me semble la plus fraîche et la plus neuve encore aujourd’hui. 

Quel est ton processus d’écriture type ? Est-ce que tu composes tes riffs guitare en main ou grâce à un logiciel ? 

Austin: Il y a 3 scénarios types. Dans le premier, je suis en train de jouer et je tombe accidentellement sur un riff cool et je le travaille. Dans le deuxième, je me mets sur un logiciel de type Cubase et ça m’arrive d’écrire des morceaux entiers de cette manière. Ensuite seulement, j’apprends à le jouer. Et 3ème scénario, je suis sous la douche par exemple et j’entends quelque chose d’assez précis dans ma tête. Dans ces moments là je sors de la douche aussi vite que possible et je l’écrit.  

Les morceaux de “Pumpkin Palace” ont des noms assez atypiques, inspirés d’endroits et de personnes assez méconnues. Ratzinger est le nom du Pape Jean-Paul II, “Chinkana” est un ancien labyrinthe en Amérique du Sud. D’où viennent les autres noms ?  

Austin: Pour “The Holy See”, c’est le nom d’une institution religieuse du Vatican. “Grasp of Malok” est le nom d’une arme dans Destiny que j’aime beaucoup et j’ai énormément joué au jeu pour l’obtenir. “Tin Noses” est le nom qu’on donnait à ces médecins qui avaient des masques assez creepy pendant la période de la Peste Noire. J’ai trouvé que c’était plutôt approprié pour Echopraxia.  

Tu utilises beaucoup de noms liés au Vatican. Il y a une raison particulière ?  

Austin: C’est une institution que je trouve intéressante car ils ont des pratiques très étranges et parfois flippantes. Dans le Djent, presque tous les groupes traitent le sujet de la conspiration Illuminati à un moment ou à un autre. Personnellement je pense qu’il y a encore plus à dire avec le Vatican quand on aborde la notion de contrôle et d’influence sur le Monde. Surtout que ça s’étale sur des siècles et des siècles donc il y a beaucoup d’inspiration à prendre là dedans. Les thèmes d’Echopraxia sont très liés à la royauté et à la divinité avec une approche extrêmement corrompue. Voilà ce que je voulais retranscrire. 

Aimerais-tu faire d’Echopraxia un vrai groupe ou garder cela comme ton projet personnel ?  

Austin: Si je vois qu’il y a une vraie demande pour ça, peut-être que j’en ferais un groupe qui ferait quelques tournées. Mais ce n’est pas la tournure que ça prend pour l’instant. En plus, il y a beaucoup d’éléments difficiles à recréer en concerts, notamment toutes les orchestrations. Beaucoup de groupes utilisent des samples pour retranscrire ça en tournée. Mais avec Echopraxia il y aurait en vraiment beaucoup trop je pense. Les orchestrations sont vraiment au centre de ma musique et ce serait presque ridicule de vendre des tickets pour du live alors que la plupart de la musique serait programmée à l’avance. 

Quelle est la prochaine étape pour Echopraxia ? 

Austin: Depuis la sortie de “Pumpkin Palace” je prends une pause au niveau de la composition donc je n’écris pas en ce moment. Mais j’aimerais donner de l’ampleur au projet sur le prochain opus. Mon but serait que les parties orchestrales soient enregistrées par de vrais musiciens et que je n’ai pas à les programmer. Cela sonnerait bien plus organique et bien plus humain. Cela donnerait une toute autre atmosphère au projet je pense. Pour finir, as-tu des conseils à donner aux musiciens qui comme toi voudraient monter leur projet solo ?  

Austin: Mon conseil pour ces musiciens serait de ne pas faire de compromis sur ce qu’ils aiment musicalement et d’en inclure un maximum dans leur projet. Si tu as le filtre du “c’est bizarre” tu te fermes des portes qui pourraient te permettre d’avoir une vraie identité musicale. Écrire du Metal d’Halloween c’est bizarre à première vue, mais visiblement, il y a un public pour ça. Donc ne vous posez pas de barrières sur ce plan et votre projet sera cool. 

Merci beaucoup pour ton temps Austin et bon courage pour la suite !  

Austin: Merci! Il n’y a pas de quoi, ça m’a fait plaisir !