Chronique The Ocean - Holocene

Chronique The Ocean - Holocene

Chroniques 25 Mai 2023

Bonjour à toutes et à tous,

Voici le moment que vous attendiez tous.tes, le nouvel album de The Ocean (Prog/Sludge/Post-Metal) sort enfin. C’est le 19 mai 2023, à travers son propre label Pelagic Records, comme toujours, que le groupe vous gratifiera de son incroyable musique. Comme vous le savez sans doute, vous qui me suivez, c’est mon groupe préféré depuis longtemps, et j’ai évidemment énormément de choses à raconter à leur propos. Ils font partie de mon histoire personnelle depuis plus de dix ans, et sont à l’origine de nombreux moments de joie, de névroses, de détresse, de nostalgie, et sont surtout dans mon cœur.

Leur nouvel album, Holocene, tourne en boucle chez moi depuis que je l’ai reçu dans ma boîte mail. C’est l’ultime effort d’une très longue lignée d’albums incroyables, reprenant l’évolution de la planète (par rapports aux temps géologiques) et de l’espèce humaine, d’un point de vue scientifique, philosophique et résolument politique. Les prises de positions sont toujours très nettes avec ce groupe, et nous aurons l’occasion d’en reparler plus loin dans cette chronique. En bref, nous vivons la conclusion d’un voyage entamé avec le magnifique Precambrian, sorti en 2007, continué par les excellentissimes Phanerozoic I & II, sortis respectivement en 2018 et 2020. Je précise que j’avais chroniqué ces deux albums sur d’autres sites, vous pouvez les retrouver ici :

Chronique Phanerozoic I : https://blackrootsmetallistic.home.blog/2018/12/24/chronique-dalbum-1-the-ocean-phanerozoic-i-palaeozoic-un-album-necessaire-en-2018/

Chronique Phanerozoic II : http://skullnews.de/2020/08/10/review-the-ocean-collective-phanerozoic-ii-mesozoic-cenozoic/

Holocene reprend là où son prédécesseur s’est arrêté. L’holocène est le dernier segment de l’histoire géologique de la planète Terre. Ou plutôt, l’actuel segment sur lequel nous évoluons depuis à peu près 11700 ans. De ce fait, l’album va nous parler de choses bien plus proches de notre présent, j’irai même jusqu’à dire, d’actualité, sans métaphore filée autour d’extinctions de masse dans l’histoire de notre planète. Cet espace temporel donnait son titre au dernier morceau du précédent album, et aujourd’hui, son univers est étendu en plusieurs morceaux pour le plus grand plaisir de nos ouïes. Et j’ajouterais que si c’est la fin d’une ère, ce n’est pas tant un objet fini, en cela que je l’interprète comme le lien entre les précédents albums et le duo Heliocentric / Anthropocentric, sorti en 2010, dont les concepts explorent divers aspects culturels, scientifiques et religieux de l’homme moderne.

Avant de s’y mettre, je me permets de vous rappeler que j’ai interviewé le groupe l’an passé, où on parle de beaucoup de choses quant à leur discographie, les prémices du nouvel album, et plus encore. Vous pouvez visionner la vidéo ici :

Commençons par regarder la pochette, comme toujours réalisée par les soins minimalistes de l’artiste Matin Kvamme :


Evidemment, la première chose que cette pochette nous évoque, c’est un énorme œil. Un œil dont la pupille nous éclaire de ses multiples points, et dont l’aura nous illumine par ses nombreux rayons, qui cerclent l’ensemble du tableau, comme un soleil rayonnant. Le fond noir nous offre un contraste important par rapport aux autres couleurs plus claires, ce qui donne à cet œil un regard fixe, froid, puissant, qui nous perce et qui, d’en haut, nous domine. Il nous donne l’illusion de l’omniprésence, un peu comme un Argus Panoptes et sa multitude d’yeux. Mais je ne suis pas sûr que ce soit chez les grecs qu’il faille chercher une référence. Ce n’est pas la première fois que le groupe utilise un œil étrange comme ceci dans ses visuels. Souvenez-vous de l’affiche de la tournée de 2018 avec Downfall of Gaïa et Herod (meilleure tournée du monde, je précise).




Voyez cet œil surplombant le trilobite, en haut de l’affiche ? Cela ne vous rappelle rien ? C’est le genre de signes couramment utilisés chez diverses mouvances pseudo-scientifiques, sectaires et conspirationnistes, comme les Illuminatis. Concept très bien repris par le leader de secte Ami dans le manga 20th Century Boys de Naoki Urasawa, d’ailleurs. Je vous laisse en juger :




Je mentionne ce manga un peu pour le plaisir du fait que c’est mon manga préféré, mais aussi parce que, même si c’est une fiction, ce personnage est le leader de secte par excellence, et c’est une œuvre révolutionnaire (au sens de la révolution, évidemment), au même titre que la discographie de The Ocean, qui a toujours eu à cœur de démolir les croyances dangereuses que l’espèce humaine a pu développer (et c’est là que je vous invite à retourner vers Heliocentric et Anthropocentric, qui sont très bien pour ça ; écoutez les morceaux « The Origin of Species » ou « Anthropocentric », vous ne serez pas déçus). Critiquer des croyances néfastes, des conneries innommables, le groupe continue à le faire sur Holocene, et nous allons l’aborder plus en détail dans l’analyse des morceaux.

Des morceaux, nous en avons huit. L’holocène peut être découpé en 5 sous-parties (bien qu’un redécoupage très récent des temps géologiques en propose 3, mais passons), le préboréal, le boréal, l’atlantique, le subboréal et enfin le subatlantique. Toutefois, sauf compositions très longues (ce qui n’est pas impossible avec le groupe, en soi), ça ne semblait pas suffisant pour un album complet. Ainsi, nous avons trois pistes supplémentaires pour compléter la tracklist, que voici :

1 - Preboreal
2 - Boreal
3 - Sea of Reeds
4 - Atlantic
5 - Subboreal
6 - Unconformities (Feat Karin PArk)
7 - Parabiosis
8 - Subatlantic

L’album fait au total 52 minutes et 26 secondes. Il explore des terrains familiers, ainsi que de nouvelles facettes sonores, tout en maintenant une patte bien spécifique qui fait que l’on sait directement que c’est eux, dès la première écoute. Quelque chose de notable qui change, sur l’ensemble du disque, est la présence accrue d’éléments électroniques, apportés par le claviériste Peter Voigtmann. En effet, la genèse de l’album se situe dans le fait que ce dernier a apporté d’abord des idées électroniques avant toute autre démarche compositionnelle, là où d’ordinaire, c’est Robin Staps, guitariste et compositeur, qui vient d’abord avec des riffs ou des lignes de chant. Il a donc repris certaines idées de Peter, les a transformées et interprétées à la sauce The Ocean, et voilà, ça fait Holocene. Il est grand temps de reprendre ces morceaux un par un et de les décortiquer. Voici le lien Bandcamp de l’album, histoire de vous échauffer les oreilles pendant votre lecture :


Preboreal

On commence avec le premier morceau, « Preboreal », qui avait été révélé mi-janvier en guise de premier single. Nous n’avions à ce moment-là pas de date de sortie, et ne pouvions qu’attendre calmement plus de nouvelles. Dans tous les cas, j’étais ravi. Comme le groupe l’avait avancé, le côté électronique en toile de fond est bien là, et c’est ça qui nous accueille dès les premières secondes. J’ai vu pas mal de gens , et Peter Voigtmann lui-même, commenter une influence issue de Massive Attack dans tous ces synthétiseurs. Je ne veux pas trop m’avancer plus à ce sujet, car c’est un groupe qui malheureusement ne fait pas partie de ma culture musicale, mais je creuserai la question plus tard, pour sûr ! On remarque que les guitares sont d’abord toutes douces, on est sur quelque chose assez ambiant, plutôt côté Post-Rock de la force, parmi les choses les plus douces que le groupe a pu nous proposer depuis Heliocentric. Toutefois, un son plus saturé prend forme pour la seconde moitié du morceau, après un interlude avec un texté parlé sur lequel je reviendrai ensuite, promis. Je remarque aussi une présence importante de cuivres sur le morceau, des instruments loin d’être inconnus dans la discographie du groupe, mais qui prennent ici une place certaine. Le jeu de batterie de Paul Seidel est toujours aussi varié, rapide et technique, j’adore. Ce premier single était pour moi une réussite, même si une part de moi aurait voulu que Loïc Rossetti, au chant, crie un peu. L’album aura des morceaux avec du chant saturé évidemment, mais la première moitié est plutôt calme, de ce point de vue-là. Toutefois, sa voix claire me semble ici plus versatile, je le redécouvre presque, et au final je suis super content de sa performance vocale sur tout le long de l’album.

Bon, c’est pas le tout, mais que nous raconte ce morceau ? Côté paroles, on a encore une fois plein de choses à raconter. Je précise que plus que de paroles, comme ça a été le cas dans d’autres albums auparavant, comme Heliocentric et Anthropocentric, le texte chanté nous est livré avec un peu de paratexte qui me semble très important compte tenu du propos. Les paroles de ce morceau sont exclusivement reprises de la traduction de La Société du spectacle, de Guy Debord, essai publié en 1967. Le morceau reprend donc un thème principal de cet ouvrage, celui selon lequel les images, et par là, il faut comprendre, des produits marketés pour servir le capitalisme, ou des représentations faussées d’un idéal fantasmé, inatteignable pour la masse qui consomme lesdites images. Je vais commencer par reprendre la citation offerte en introduction aux paroles : « Là où le monde réel se change en simples images, les simples images deviennent des êtres réels, et les motivations efficientes d'un comportement hypnotique. » Si on l’associe au texte du refrain : « the spectacle is not a cluster of images, rather it’s a social relation, mediated by all those images: images are all there is, the quality of life is being impoverished, embrace the loss of knowledge and critical thinking », je pense qu’on peut arriver à un message certain que le groupe veut nous transmettre. Les images que l’on voit, dans la publicité, les réseaux sociaux, celles diffusées par nos politiciens, beaucoup de choses viennent saturer notre vision, nous empêchant un certain recul, par la masse informe de données plus ou moins inutiles nous ravageant l’horizon constamment. En bref, on critique ici une perte de nos moyens d’identifier les bonnes des mauvaises informations, noyées dans un flot constant de foutaises. Pire, certaines personnes pourraient se trouver happées dans les différents mécanismes qui nous obligent à faire partie de la société du spectacle moderne, dont nous faisons les frais tous les jours, à subir de fausses informations et à propager des idées dangereuses. Et alors là, ces personnes perdent totalement le contrôle (et croient pourtant l’avoir). Bref, tout ceci contribue à une perte du savoir, à un abrutissement masqué auquel nous devons faire attention. Est-ce un dessein politique ? Ça se discute. Je pourrais parler longuement de notre système éducatif, vu que c’est un peu mon boulot, mais c’est pas le sujet de la chronique. Ce message n’est pas seul. Plus haut, je mentionnais une section de texte parlé dans le morceau. Très intéressant de le remarquer, c’est un extrait parlé en français. On sait que le chanteur du groupe est francophone, mais ça n’était encore jamais arrivé. On entend « Les idées s’améliorent. Le sens des mots y participe. Le plagiat est nécessaire. Le progrès l’implique. Il serre de près la phrase d’un auteur, se sert de ses expressions, efface une idée fausse, la remplace par l’idée juste. » Nous devons cette citation à Isidore Ducasse (1846-1870), plus connu sous le nom de Comte de Lautréamont, écrivain père du surréalisme reconnu pour Les Chants de Maldoror. Ce n’est pas la première fois qu’il apparaît dans la discographie de The Ocean, pour ça il faut remonter jusqu’à Precambrian ! Cet extrait nous évoque une certaine idée du progrès, l’amélioration continue des savoirs des uns et des autres, illustrée par la phrase suivante dans le texte d’où provient cette citation « Une maxime, pour être bien faite, ne demande pas à être corrigée. Elle demande à être développée. » En d’autres termes, l’humanité et ses connaissances demandent à être approfondies. Mais le spectacle de Guy Debord nous fait stagner. Certains des thèmes évoqués ici, notamment par rapport à la publicité, et à tout ce qui est marketé dans notre monde capitaliste, ne sont pas sans rappeler ce dont nous parle le morceau « The Greatest Bane », sur l’album Fluxion, sorti en 2004.

“We are divine, Deities of the modern age. The sentinels of humanity's cage. We are divine, captivators of the greatest bane, we're the phantoms you'll never see, watching over your sleep, we are in your dreams. See our symbols again. Won't get them out of your head. They exude sensations of wealth. Temptations no one withstands. We are divine, captivators of the greatest bane, the sentinels of humanity's cage. We let you breathe the foul air of supremacy. We design your identity to comply with our needs.”

Ca date, mais c’est toujours valable.

 

Boreal

On continue avec un morceau très court, un peu moins de quatre minutes. Des guitares mystérieuses agrémentent une nappe de synthétiseurs éthérée, sur laquelle Loïc commence à nous chanter d’une voix très claire et douce les petits mots dont il a le secret. Le morceau se renforce gentiment, apportant ensuite la batterie, puis après la première moitié du morceau passée, les guitares saturent et on passe en mode Doom Metal, avec une attaque qui fait déhancher les cervicales comme le groupe sait si bien le faire. On remarque que le chant est altéré avec une légère saturation pour lui donner de la distance, accentuant une certaine aura mystique à ce morceau. Le Doom l’emporte et laisse place à nouveau aux synthés. Bref, mais efficace.

Pour commencer à commenter les paroles, je reprendrai encore une fois d’abord la citation de Debord trouvée en paratexte : « La séparation fait elle-même partie de l’unité du monde,
de la praxis sociale globale qui s’est scindée en réalité et en image. » C’est bien cette idée de division qui est reprise ici. Les paroles sous-tendent que les discours auxquels nous sommes confrontés créent des camps, séparés par des opinions opposées et l’impossibilité de communiquer, de raisonner entre les différentes parties. Cela se manifeste sous la forme du concept du « Eux » et « Nous ». L’appartenance à un « nous » renforce le soi, des esprits similaires contribuent à la création d’une communauté forte et d’un sentiment d’appartenance. C’est louable, mais dans la dualité « Eux » et « Nous », il y a cette idée de l’opposition ennemie et inexorable de ces deux idéaux. Dans notre société, on nous apprend bien trop à nous diviser, on l’observe dans les inégalités hommes-femmes, dans diverses manifestations du racisme, dans la séparation économique et sociale entre la bourgeoisie et le prolétariat. On apprend à se détester, et à se conforter dans un « nous sommes mieux que les autres, ce sont les autres qui sont à l’origine de tous nos problèmes. » Comme vous le savez, c’est une hérésie. La conclusion du morceau nous invite à nous confronter à nos peurs. C’est bien la seule façon d’accepter l’autre, en supprimant ces peurs irraisonnées.

 

Sea of Reeds

Encore un morceau très doux, avec de nombreux cuivres, du vibraphone et des arrangements très calmes, qui s’étendent sur un peu moins de six minutes. Lorsque ce morceau a été dévoilé comme single, j’avais un peu de mal à l’écouter indépendamment du reste, mais j’admets aujourd’hui qu’il s’enchaîne très bien dans la continuité de l’album, donc je ne suis pas déçu !

J’aimerais vous parler moi-même de ce que ce morceau veut apporter comme message, mais Robin Staps a déjà tout dit lorsque le clip a été dévoilé, donc je vais simplement retranscrire ses mots, repris directement de la promotion française du groupe :

« Comme beaucoup de paroles de The Ocean, cette chanson a été inspirée par la Bible, le récit de l'Exode dans l'Ancien Testament. Dieu a divisé les eaux de la mer Rouge, la mer des Roseaux, pour que les Israélites puissent fuir les Égyptiens, et il a bloqué les roues des chars de leurs persécuteurs avant de les noyer dans la mer », raconte le guitariste Robin Staps. « L'Ancien Testament regorge de récits de guérisons miraculeuses, d'eau transformée en sang, de sauterelles tombant du ciel, de séparation de la mer... Mais le concept d'amour peut-il avoir sa place dans une doctrine qui s'appuie sur des pouvoirs surnaturels pour prouver la toute-puissance de son dieu ? Un dieu qui sépare les eaux de la mer pour décider qui va vivre et qui va mourir est une entité redoutable, et la leçon à tirer de l'Exode est qu'il faut adorer un dieu doté de pouvoirs aussi immenses, en dépit de quoi il nous fera un sale coup. Mais un dieu qui a besoin de miracles pour convaincre ses brebis de l'admirer et de suivre son leadership ne peut être qu'un dieu vaniteux, et dans la vanité résident la faiblesse et la vulnérabilité, même pour un dieu... Parce que le moi vaniteux dépend de l'admiration des autres. Et c'est là l’élément important au niveau des relations humaines : la dépendance. »

J’y ajoute un paragraphe issu de la promo internationale (ma traduction) :  

« On voit souvent les gens qu’on aime comme des divinités, et on conçoit l’amour comme une force surnaturelle, quelque chose qui nous frappe sans prévenir, nous transforme nous et le monde autour de nous. Mais dès qu’on retire cette coloration surnaturelle, l’amour, c’est fondamentalement un choix. C’est une décision volontaire que de s’abandonner à quelque chose ou quelqu’un (parfois même on se force dans ces choses-là), ou non. Cela se résume essentiellement au fait de voir quelqu’un à votre niveau, et bien qu’il peut y avoir une certaine forme de vénération, s’il y en a de trop, cela créera une hiérarchie qui va tout ruiner », nous raconte Staps.

Compte tenu du fait que son commentaire sur ce morceau était très riche et détaillé, il n’était donc pas nécessaire que je fasse de même.

 

Atlantic

Il aura fallu 23 ans pour que mon groupe fétiche, The Ocean, sorte un morceau intitulé Atlantique. Tout vient à point qui sait attendre. Bon, évidemment, il n’est pas question de l’océan, mais du temps géologique, troisième strate de l’holocène. Peu importe, ça me fait plaisir. Nous voici enfin sur une composition plus longue, de presque neuf minutes ! C’est peut-être mon morceau favori de l’album, après de multiples écoutes, mais je n’arrive jamais à me décider pour ces choses-là. La première moitié du morceau est essentiellement électronique, ce qui était au départ déroutant, et que je ne m’imaginais pas autant apprécier (j’ai assez peu d’expériences avec les musiques électroniques). Nous sommes ça et là accompagnés par des cuivres, mais ce n’est qu’à partir de la cinquième minutes, que la saturation des instruments s’opère, et que le morceau prend une nouvelle forme plus Prog Metal. Le chant sur tout l’album était alors clair jusqu’ici. Les premiers cris de Loïc se superposent à son chant clair ; en effet, nous avons très couramment deux voix qui s’entremêlent, et ça passe très bien. Progressivement, le morceau devient plus lourd, avec une part de ce côté Doom que j’apprécie tant. La fin du morceau mène sur un build-up qui se conclut sur un ultime cri rauque et grave, qui donne des frissons et met tout le monde d’accord.

Avant les paroles, une courte question nous est proposée en guise paratexte : « Does daydreaming subvert the world? », une citation reprise de l’auteur belge Raoul Vaneigem, un collègue proche de Guy Debord. Vous m’excuserez, je n’ai pas la VF officielle de celle-ci. La rêverie permet-elle de changer le monde ? Si l’on associe rêvasser et inaction, j’ai bien peur que non. Il est, à mon sens, question de différents maux qui peuvent affliger les individus, tels la dépression, mais aussi l’aigreur et les mauvais comportements que nous commettons à cause de notre mal-être. Des problèmes qui méritent d’être déconstruits, qui appellent à un important travail sur soi pour corriger nos erreurs et devenir une meilleure version de nous-mêmes. Mais le protagoniste de ces paroles ne semble pas vouloir changer : « If you can understand all the patterns that redound to your detriment, if you can understand all the patterns: why do you keep repeating them? » Pourquoi perpétuer des comportements malsains ? On est souvent enfermés dedans à un moment donné, on se retrouve reclus dans un cercle vicieux dont on ne peut s’échapper. « Immerse in the dark that you chose to surround you. You’re so hurt and so weak and you’re so damn afraid of the truth. And you chew on your pain by denying the past and begriming what used to be your nest. You’re filled to the brim with a guilt that you can’t come to terms with. » Je pense que cet extrait est assez clair. Notre personnage est précisément dans le cas de figure que je décrivais plus haut. Il est évident, et c’est littéralement ce que les paroles nous disent, que cette personne doit changer de façon radicale, mais que ces changements n’ont pas pu être opérés pour cause d’années de déni et de procrastination. Mais la rêvasserie est terminée. C’est ce sur quoi le morceau se termine en un cri violent. Est-ce que rêvasser permet de changer le monde ? Non. Ne vous méprenez pas, la détente et la rêverie sont des actions louables et nécessaires. Mais les grands changements, pour soi comme pour notre entourage et la société, ne viennent pas sans efforts. On change le monde par la sueur de nos fronts et par les actes, dans la douleur et la souffrance, parfois, mais pas sans rien faire.

 

Subboreal

Voici l’autre morceau qui est peut-être mon préféré. Sauf si c’est encore celui d’après. Ou celui d’après. Bref, c’est dur, mais ça veut dire que l’album est excellent, et ça c’est positif. Le morceau fait un peu moins de cinq minutes et oscille entre des parties qui mettent soit en avant les synthés soit des guitares saturées façon Doom/Sludge qui invitent à la bagarre. Encore une fois se superposent des cris et du chant clair, jusqu’à la troisième minute du morceau, après quoi seul un chant saturé sur une chanson tout ce qu’il y a de plus Sludge Metal nous attaque les oreilles. Petite descente d’organes pour moi à ce moment-là. Clairement, l’instru plus les cris de Loïc viennent là nous mettre quelques mandales.

“Capitalism could appropriate even the most radical ideas and return them safely in the form of harmless ideologies.” Voilà ce que nous avons avant les paroles. Cette phrase de l’internationale situationniste (groupe de pensée réunissant justement Debord et Vaneigem, entre autres), résume bien la pensée de l’auteur. Le capitalisme vous fera croire que tout un tas de choses néfastes sont inoffensives, ou juste des petites idées qui ne vous veulent aucun mal, et laissera se propager des courants de pensée nauséabonds sous couvert d’une liberté d’expression galvaudée. C’est exactement comme ça qu’on se retrouve avec des mouvements foireux comme QAnon (vous savez, les supporters de Donald Trump cinglés qui ont envahi le Capitole) et tout un tas de groupuscules sectaires, pseudoscientifiques et conspirationnistes comme les platistes, les lithothérapeutes, devins et autres cartomanciens qui veulent vous soigner le cancer avec un bout de quartz et un chèque de 1000 dollars. Bref, c’est un exemple comme des tas d’autres, mais j’avoue, je les déteste. Je ne mentionne pas tout ça sans raison, car c’est tout le thème du morceau. Et des conspirationnistes à la noix, nous en avons vu des millions ces dernières années, en particulier par rapport au Covid. Le monde dans lequel nous évoluons nous impose de vivre de façon précaire. Beaucoup d’entre nous n’étions pas préparés à ce qu’une multitude de choses parte en cacahuète. « We’ve gotten used to the cues. We’re waiting for the next batch of bad news, another bolt out of the blue. We’re waiting for the next batch of bad news. We’ve gotten used to the simple fact: all we hold dear is hanging by a thread. And every haven that we fabricate can only be an intermittent space. » Nous avons l’habitude qu’on nous annonce de nouvelles horreurs, et on a pris le pli. Nous avons pris conscience que tout ce qui nous était cher ne tient à rien et peut être anéanti à tout moment. Cela reprend des thèmes déjà explorés par le groupe. Le capitalisme est une chose, mais les inégalités multiples, le réchauffement climatique, la pauvreté et l’exploitation des plus faibles, les guerres sont à la source de tout ce qui fait que tout ce que nous aimons risque d’être détruit à tout instant. Pour se prémunir de tout ça, certaines personnes vont faire de la prévention, de la science, vont éduquer. D’autres sombreront dans des mouvements conspirationnistes pour nourrir leur déni et leur ignorance. Lorsque le chant se met à saturer pour de bon, c’est tout ce dont il est question : « it’s clear that you do have a strong tendency to fall for conspiracy theories. Have you ever noticed the myths you believe? They grow on the soil of your own inner fears. Brace yourself for the worst. Now you’re done, you’ve built your castle, all alone to live in it, all alone to rot in it. »

 

Unconformities (feat. Karin Park)

Voici le traditionnel morceau avec un guest. Mais pas Jonas Renkse de Katatonia ou Thomas Liljedahl de Breach, que nous sommes habitués à entendre avec The Ocean. Non, cette fois, c’est Karin Park, que vous connaissez peut-être si vous suivez Pelagic Records, car le label comprend le projet solo de la chanteuse norvégienne ainsi que le groupe Årabrot, dont elle fait partie, qui a par ailleurs déjà eu l’occasion de tourner à au moins deux reprises avec The Ocean. Le morceau fait neuf minutes, et peut être séparé en deux parties, la première, où Karin chante avec sa merveilleuse voix, sur des cuivres, des synthés, des guitares mystiques, une basse lancinante et une batterie qui ne cessera jamais de me surprendre. Après la contribution vocale de Karin, Loïc reprend le chant avec un ligne répétée, sur laquelle je reviendrai un peu plus tard, toujours avec une instrumentation calme ; toutefois, on pressent que la pression monte, et c’est là que le morceau explose, que la vitesse de la batterie s’accélère de façon significative, pour nous proposer la section la plus énervée de l’album, agrémentée par des cris toujours aussi efficaces, certains très longs, qui percent par-dessus tout le reste de la musique.

Là où d’ordinaire Robin écrit les paroles, ici, c’est Karin qui a écrit le texte. Elle nous explique elle-même le message que le morceau transmet, que je vais vous traduire ci-après :

 « Concrètement, les paroles sont inspirées de quelque chose qui m’a frappé à plusieurs reprises récemment. Différentes histoires dans lesquelles ont disaient à des homosexuels qu’ils devaient se faire baptiser pour se purifier de leurs pensées et devenir hétéros. En 2022, je trouve ça dingue. J’ai entendu une telle histoire de la part d’un syrien lors d’une pièce de théâtre à la Pride récemment, et j’ai lu aussi que cela arrivait dans des églises en Suède, financées par de l’argent de l’Etat. Les fusillades à Oslo n’ont fait qu’ajouter de l’huile sur le feu (Note du traducteur : le 25 juin 2022, un extrémiste a tiré sur des lieux associés à la communauté LGBTQIA+ pendant la Pride). Je me suis dit que je voulais écrire quelque chose là-dessus, même si ce n’est pas très clair. L’intro de la chanson sonnait comme quelqu’un qui avance dans l’eau, vêtu de blanc, ça sonnait comme un invitation, me suis-je dit. J’ai grandi dans une église où les gens pensaient que l’homosexualité était une maladie, c’est donc un sujet délicat pour moi, et d’une manière ou d’une autre, j’ai pensé que ça irait bien avec le sujet général de l’album. »

Le texte lui-même dénonce une corruption de l’innocence, et de ce que sont ces personnes qui n’ont rien demandé, qui parfois sont encore des enfants. Les thérapies de conversion, c’est mal. Loïc répète sans cesse « Don’t turn on the bright lights », les lumières colorées faisant potentiellement référence aux couleurs du drapeau des fiertés. La différence est très mal acceptée dans certains milieux, et des membres de la communauté LGBTQIA+ sont contraints de se cacher, par peur de représailles, souvent peur pour leur vie. C’est ce discours insidieux qui leur est implanté dans ces thérapies, selon quoi être soi-même ne saurait être toléré. C’est mal. Soyez comme vous êtes.

 

Parabiosis

Voici enfin le second single dévoilé par le groupe, avec un excellent clip que je vous invite à regarder. Un petit morceau de huit minutes, très influencé Rock Prog, avec des mélodies vocales très enjouées ! Au début, Loïc nous chuchote mélodieusement quelques mots sur des synthés et des percussions distantes. Commence alors une partie de chant clair endiablée, avec derrière des guitares qui nous envoient des riffs clairs et techniques d’une variété indéniable. Les couplets s’enchaînent avec un chant bien mis en avant, où l’on peut entendre tout ce que Loïc peut proposer sans crier. Comme je le disais plus haut, j’ai le sentiment que sur cet album, où les chants clairs sont très présents, il y a un grand effort de variation et de techniques de chant, on ne s’ennuie donc jamais. J’ai eu à quelques reprises l’impression que c’était la première fois que je l’entendais chanter ainsi. Après une première moitié toute en douceur, à la quatrième minute, après un léger silence, it’s Doom time again ! On reçoit un riff écrasant, le genre qui fait headbanguer jusqu’au sol, toujours accompagné de chant clair, sur lequel progressivement se superpose un chant saturé, pour lequel je cite mon cher collègue Baptiste quand je lui ai fait écouter le morceau en mars dernier : « Ben il est énervé le monsieur ! ». C’est vrai, mais pourquoi ? Après ce passage très Doom, le morceau reprend un des motifs de ses débuts et se conclut à nouveau dans le calme.

Voici notre paratexte, que l’on doit à nouveau à Raoul Vaneigem : « Our task is not to rediscover nature but to remake it » ; notre travail n’est pas de redécouvrir la nature mais de la recréer. J’en profite pour commencer par brièvement expliquer ce qu’est la parabiose, puisque c’est le titre du morceau. La parabiose, c’est quand deux êtres vivants vivent conjointement, fusionnés, tant et si bien que leurs systèmes se relient également entre eux. C’est un genre de relation parasitaire. Un exemple que vous connaissez peut-être, est celui de certaines espèce de baudroies abyssales, où les mâles, tout petits, fusionnent littéralement avec le système sanguin de la femelle pour servir d’organe reproducteur, sans jamais pouvoir se détacher. Bref, ça c’est un exemple naturel. En expérimentation scientifique, il s’agit de joindre deux êtres vivants pour voir ce que ça fait. En l’occurrence, c’est une technique qui a été étudiée pour travailler sur le vieillissement. On a joint une souris jeune et une souris âgée pour voir si l’organisme jeune pouvait contribuer à la santé de l’organisme âgé. Réponse : Oui. Par conséquent, il y a forcément de richissimes milliardaires qui se sont demandés si on ne pouvait pas devenir immortels et rajeunir en continuant à étudier ce procédé. Ce serait quand même dommage d’être riche sans être immortel, non ? Bref, ça va dans la lignée de nombreux travaux qui veulent étendre l’espérance de vie humaine, que l’on peut relier à une certaine volonté de vie éternelle et à ce vieux poncif biblique « Vous serez comme des dieux ». C’est bien exactement ce dont traite le morceau, et le clip vidéo associé, dans lequel on voit les membres du groupe, vieillis, rajeunir dans cet espèce d’hôpital dans lequel ils se retrouvent. Evidemment, les paroles critiquent ce désir d’immortalité, car ce n’est pas la bourgeoisie qui fera quoi que ce soit de bien avec la vie éternelle, on se doute bien qu’ils ne feront que répéter les mêmes conneries. L’immortalité, de toute façon, est un fardeau, une punition éternelle, donc le seul remède, comme le texte le dit bien, est le suicide. La recherche en sciences de santé pour permettre à toutes et à tous de mieux vivre est essentielle, mais la quête sans fin de la jeunesse n’a pas de sens. Il faut accepter le caractère fini de la vie, il faut accepter de vieillir, également. De toute façon, le 21ème siècle, c’est pas le bon moment pour vivre trop longtemps, compte tenu du monde pollué, réchauffé, en guerre que nous laissons derrière nous. Je vous propose de jeter un œil à cet extrait des paroles, qui souligne bien tout ce que je viens de vous raconter : « Homo deus, by removing death from our lives, how different has our world become? We stay young ’til thy kingdom come. Face death, effacing death from our everyday lives, tell me just how clean have we become? How safe have we become? How bleak has it become? How dead have we become? » Tout ceci ne présage rien de bon. C’est d’ailleurs sur ce segment là que Loïc chante en saturé, on comprend donc bien que ces questions sont rhétoriques. Les réponses sont déjà là. Le morceau se termine sur une citation remaniée de Guy Debord, qui donne : « The illusive promise of paradise representing a denial of earthly life is no longer projected into the heavens, it’s embedded within earthly life itself ». La notion de Paradis, au sens religieux, n’est plus. Le rejet de la vie terrestre, ou plutôt, de la vie mortelle, lui, est toujours là. Et c’est évidemment la planète Terre devenue Paradis pour les ambitieux immortels, qui en fait, et en fera, les frais. Bientôt un Paradis Perdu, sans aucun doute.

 

Subatlantic

Nous voici enfin arrivés au dernier morceau de l’album. Pour ces sept dernières minutes, nous sommes accueillis par un chant féminin lointain et mystérieux, suivi par des notes de piano et de guitares qui viennent renforcer cette introduction mystique. En y réfléchissant, ça me rappelle un peu « Triassic », sur l’album précédent. Ce chant féminin vient s’associer aux chants saturés et clairs superposés de Loïc, avec progressivement des attaques Doom/Sludge qui nous offrent les moments les plus lents de l’album, qui rappellent un peu « Benthic: The Origin of Our Wishes » sur Pelagial. La seconde partie du morceau, bien plus agressive, me rappelle d’ailleurs encore une fois cet album. Un solo de guitare vient orner ce morceau de Sludge avant que les cris ne reprennent, pour conclure sur une idée qui n’est pas étrangère au groupe : on va tous crever. Nous sommes laissés sur des cuivres et des synthés, et ainsi la musique se termine.

Je disais qu’on va tous crever, parce que c’est vrai, évidemment, mais aussi parce que le thème principal des paroles de ce morceau n’est pas nouveau pour The Ocean. Je vous renvoie à « Permian: The Great Dying », sur Phanerozoic I, qui fait diverses allusions au réchauffement climatique et au fait que nous allons brûler sous les rayons du soleil. Yes. Nous sommes pour la dernière fois nourris d’une citation de La Société du Spectacle : « Le spectacle est le soleil qui ne se couche jamais sur l’empire de la passivité moderne. Il recouvre toute la surface du monde et baigne indéfiniment dans sa propre gloire. » Je pense que tout à déjà été dit à ce sujet. Le spectacle est l’avatar du capitalisme qui ronge notre société, contre lequel personne ne fait grand-chose, puisque nous sommes bien trop habitués à vivre sous ses lueurs faussement salvatrices. L’associer à un soleil dans le texte de Debord permet de faire l’analogie avec l’astre céleste lui-même et son effet sur les températures. On sait bien que ce n’est pas le soleil le coupable, ce sont les activités humaines qui sont le résultat de tout cela. Comme le dit le texte des paroles : « Take heed, it’s getting warm », ou encore l’idée que c’est maintenant une conséquence inaltérable de notre mode de vie. Le texte reprend en des cris avec la force d’un bulldozer le principe de la passivité évoqué par Debord : « Don‘t act as if you were unaware of what lies ahead, squeeze the last drop, lick it up. Grow a better crop, use it up. We‘ve had time to develop the plot ». Ne fais comme si tu ne savais pas, continue à user et exploiter les ressources de la planète, jusqu’à la dernière goutte. Voilà l’idée. On connait tous des personnes qui vivent sans se soucier du sort des autres, du sort de l’environnement, qui se sentent protégés par leur statut. C’est un privilège bourgeois, c’est tout. On s’en doute bien encore une fois dans les paroles, car il est fait mention d’un éventuel nouveau départ, sur une nouvelle colonie ailleurs dans l’espace, comme le veulent des cinglés type Elon Musk. Autant l’idée de la vie ailleurs dans l’univers est super, mais personnellement, je ne veux pas vivre sur une planète où il n’y a pas de poissons. Je suis bien sur Terre, malgré tout. L’album se finit sur ce qu’il reste de notre civilisation : des villes de sable sous un soleil éclatant. Le désert, quoi. Pas quelque chose de très hospitalier.

 

Voilà, l’album est enfin terminé. Pour conclure, je reviens sur cette idée que je mentionnais plus tôt, le spectacle comme l’avatar du capitalisme, vecteur d’ignorance, de pseudo-vérités et synonyme d’un danger certain pour notre société qui n’a pas plus de recul qu’un rhinocéros qui charge. L’album coup de massue contre l’ignorance. La science a toujours fait partie intégrante de The Ocean, et la démolition de croyances douteuses comme sur des morceaux tel que « The Origin of Species », sur Heliocentric. Il n’y a pas d’alternative à la théorie de l’évolution, pas de place donc pour des pseudo-sciences ou des sectes qui prétendent vous faire gober le contraire. Avec Anthropocentric, ces deux albums avaient à cœur de déconstruire les mythes religieux qui sont à la source des sociétés occidentales, car rien de tout ceci n’a de sens. Le travail n’est pas terminé, ceci dit. Car il y a des liens envisageables entre ces croyances, leurs mécanismes, et les mouvements pseudoscientifiques et religieux (les mêmes qu’avant) qui gangrènent encore le monde moderne. De cette manière, je trouve qu’Holocene fait bien le lien entre l’activité récente du groupe et les idées développées sur le duo d’albums de 2010, et j’irais alors même jusqu’à dire que l’ensemble que nous devons embrasser commencer avec Precambrian, continue avec Phanerozoic I puis Phanerozoic II, se développe une ultime fois avec Holocene pour nous mener vers Heliocentric et Anthropocentric. D’ailleurs, ce nouvel album mise beaucoup sur des ambiances plus calmes, surtout sur sa première moitié, et en ce sens me rappelle musicalement Heliocentric. Peut-être que ce n’est pas un hasard. On ne le saura sans doute jamais. Dans tous les cas, évidemment que cet album est incroyable. J’ai hâte de les revoir sur scène et d’entendre ces nouveaux morceaux en live !

Là, c’est le moment où vous croyez naïvement que j’en ai fini de vous bassiner avec tout ça. Et non ! L’album ne vient pas tout seul ! Dans la boxset que vous pouviez précommander, vous allez évidemment recevoir l’album, sa version instrumentale comme c’est toujours le cas depuis quelques albums avec The Ocean, mais aussi, pour celles et ceux qui attendent des vinyles, deux autres disques. Il y a un vinyle 10 pouces qui présente la collaboration du groupe avec Karin Park, je n’arrive juste pas à savoir si c’est la piste « Unconformities » ou si c’est tout autre chose. On le saura très vite, puisque l’album sort le 19 mai, et que j’attends le facteur de pied ferme. Je vous ferai d’ailleurs une petite vidéo pour vous en montrer le contenu une fois que je l’aurai reçu.

En plus de ce vinyle 10 pouces, vous avez également un album supplémentaire, intitulé Limbus, par SHRVL (lire « shrivel »), l’alter ego de Peter Voigtmann, le claviériste du groupe. Comme je vous disais au début de cette chronique, c’est lui qui a posé les bases de Holocene, et si ses idées sont devenues ce que vous avez écouté avec The Ocean, il les a également travaillées avec ses talents électroniques pour en faire un album complet ! En voici la tracklist :

 - R1 - Response
2 - Remission
3 - Relapse
4 - Recovery
5 - Recurrence

Vous pouvez l’écouter intégralement ici :



C’est un album exclusivement instrumental de musique électronique. Et comme je vous le disais plus haut, c’est un genre musical que je connais mal, j’ai assez peu de références en la matière et je me vois mal vous en parler en détail, toutefois, je vous avoue avoir été très agréablement surpris par SHRVL et Limbus, parce qu’au départ, je n’étais pas sûr que j’allais aimer. En fait, j’ai trouvé ça super, c’est beaucoup plus riche et varié que je l’aurais imaginé. On entend certains motifs qui ont été repris sur Holocene, donc forcément, il y a quelque chose de familier qui se construit lorsqu’on l’écoute. Mais sur ses 5 morceaux, cet album nous fait voyager en diverses contrées tantôt sombres, tantôt mélancoliques, avec un côté Dark Ambient et parfois même Trap, et bien que nous n’ayons pas de guitares saturées ici, on peut y percevoir une certaine lourdeur. Le projet est ambitieux, si les quatre premiers morceaux font entre quatre et six minutes, le cinquième et dernier fait 24 minutes et explore des motifs nouveaux, que vous ne trouverez pas sur Holocene ! En plus on y entend des grenouilles. J’étais impressionné, et je me suis pris à réécouter l’album a plusieurs reprises depuis ma boîte mail.

Bref, il faut prendre ce disque comme une pièce accompagnant l’album de The Ocean, ce qui devient plus évident lorsqu’on regarder la pochette, qui est en fait une autre itération altérée de la pochette originale, comme vous pouvez le voir ci-dessous :


L’œil me paraît ici moins perçant. Nous n’avons pas tous les rayons qui s’en échappent, c’est sans doute pour ça. Enfin, le lien thématique et symbolique avec Holocene est évident. Les deux albums forment un tout, volontairement, même s’ils peuvent être écoutés indépendamment bien sûr. Et ça reste des disques dans deux styles musicaux différents, donc je pourrais comprendre que ça parle aux uns et pas aux autres. Enfin, personnellement, j’ai bien aimé.

Bref, voilà, cette fois j’ai vraiment terminé, je vous laisse profiter de votre journée (ou soirée) comme bon vous semble, et j’espère que vous aurez apprécié cette lecture et ces albums. Vous trouverez en lien ci-dessous la vidéo dans laquelle je vous déballe la boxset et vous montre son contenu en racontant ma vie et mes impressions sur les albums et les petits trucs qui vont avec. Je ferai la vidéo une fois le colis réceptionné, elle apparaîtra donc certainement un peu après la publication de cette chronique, que je mettrai à jour.


Au revoir, à bientôt.

 

A propos de Hakim

Hakim, il ne faut pas le tenter. Tout est prétexte à pondre une chronique de 582 pages (Tome I seulement). De quoi vous briser la nuque en lâchant la version imprimée depuis une fenêtre. Un conseil : Levez les yeux !