Mini-chronique - Vallendusk - Heralds of Strife
Chroniques
22 Décembre 2021
Focus sur un album en particulier, qui m’a beaucoup plu cette année. Pour ce faire, nous devons partir loin, loin, loin… En Indonésie, pour être précis. Grand pays, lointain pour nous peut-être, depuis la France, mais qui a depuis longtemps une scène Metal florissante, à ceci près qu’elle ne s’exporte pas autant que nos groupes européens ou américains. C’est un constat qu’on peut élargir à toute l’Asie du Sud-Est, dans l’absolu, et c’est bien dommage, vu le nombre de bons groupes qu’on peut y trouver. Aujourd’hui donc, nous allons parler du quatrième album du groupe Vallendusk, intitulé Heralds of Strife (Les héritiers du conflit), sorti en mai dernier chez Northern Silence Productions, petit label allemand spécialisé dans le Black qui nous permet d’écouter ce groupe du bout du monde, c’est quand même cool !
D’ailleurs, imagineriez-vous que le label n’est pas la seule chose allemande, sur cet album ? C’est le moment ou jamais de vous présenter brièvement l’artwork de l’album. Dans le cadre que vous voyez en tête de cet article, est repris une partie d’un tableau d’un peintre allemand du XIXème siècle pas si connu que ça, Theodore Alexander Weber. Une œuvre à part dans sa carrière d’ailleurs, puisque, naturalisé français en 1878, il devient peintre officiel de la marine. Ici, nous avons un extrait de L’Edelweiss, où l’on voit quelqu’un escalader une montagne afin de trouver la fleur du même nom. C’est une plante, aussi souvent appelée « étoile des glaciers » en français, que l’on trouve sur les hauteurs des Alpes. Une fleur couverte de symboles. Historiquement, pour les alpinistes, c’était le but ultime de la trouver, car on ne la trouvait que sur les pics les plus reculés, et est donc devenue symbole de persévérance.
Comment rattacher ça à notre album ? C’est une image très romantique du combat le plus dur qu’un homme puisse mener, et c’est par cet aspect que l’on peut facilement associer ce tableau à Heralds of Strife. L’ensemble du disque conte l’épopée romancée d’un peuple opprimé voulant protéger et reconquérir sa terre, à travers des images guerrières et différentes métaphores et références à la nature.
Je ne vous ai pas encore parlé de la musique à proprement parler, je sais, je m’y mets. Black Metal mélodique de qualité supérieure, ça blaste beaucoup, un léger écho sur le chant donne du volume à la voix, les riffs mélodiques sont très lumineux, là où souvent le Black fait dans la gravité et les ténèbres, les émotions qui en ressortent semblent plus être associées à une certaine nostalgie couverte d’espoir. Certains riffs sont repris fréquemment, avec quelques variations, tout au long de l’album. Cela peut sembler répétitif peut-être, mais avec les variations apportées à ces riffs, que ce soit en le reprenant à une autre vitesse, une autre octave, ou en acoustique, on obtient au final plutôt un thème symbolique de l’album. De plus, ça renforce la continuité et la progression de l’album et de l’aventure que vivent les personnages qui y sont représentés. Limite, on pourrait très bien prendre l’ensemble de l’album comme un seul morceau, puisque de toute façon il conte quelque chose qui est écrit de façon plutôt linéaire. Il est toutefois découpé en sections, forcément, ce qui nous fait au final un album en 7 morceaux, ou mettons 7 chapitres, une approche qui me plaît bien, vu que je peux associer l’album à un genre de conte. Les morceaux sont longs, 9 minutes en moyenne, et l’album fait un peu plus d’une heure. Je vous invite à l’écouter en entier, j’espère que vous ne serez pas déçus du voyage !
Et en espérant vous y donner goût, je vous propose d’écouter le premier morceau de l’album, « The Last Soar As the Feathers Fall »
Pas mal, hein ? Ce morceau introduit le conte en utilisant l’image d’un aigle protégeant férocement son nid face aux prédateurs. Cet aigle symbolise la troupe de guerriers que l’on suit tout au long de l’histoire dans ses différents combats pour protéger leur terre, qui semblent combattre une cause perdue dans les morceaux suivants « Towards the Shimmering Dawn », « Ethereal Echoes of Devotion ». Les guerriers tombent les uns après les autres, ne restant que la solitude, dans « Solivagant Heart ». On chante la gloire des disparus qui ont permis aux plus jeunes de survivre et de continuer à briller dans « Marching Ballad for the Unsung Ones ». Ils sont sauvés à la fin, car le peuple qui vénère et respecte la nature offerte par sa terre mère sera préservé par la nature elle-même. Les deux derniers morceaux de l’album, « Immemorials in Eternal Slumber » et « The Sovereign » nous expliquent l’éveil des géants, poétiquement introduits comme des volcans endormis, qui vinrent stopper net le conflit en crachant leurs flammes. Et ainsi, les héritiers des guerriers du passé revinrent au cœur de leur terre, et pour remercier les montagnes endormies ne firent qu’un avec leur sommet.
L’album arbore des reflets épiques dignes des meilleures sagas d’Heroic Fantasy. Et en même temps, je trouve que c’est un disque qui suinte de romantisme à l’ancienne, ce qui parle à quelqu’un comme moi, féru de littératures dix-neuvièmistes. Une écoute que je vous conseille en intégralité, les yeux fermés, pour vivre une heure de calme et de repos revigorant.
L'album complet est en streaming ici :
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Et pour ma part, je vous dis à très vite pour mon énorme top de fin d'année, rituel immanquable de la période des fêtes !
A propos de Hakim
Hakim, il ne faut pas le tenter. Tout est prétexte à pondre une chronique de 582 pages (Tome I seulement). De quoi vous briser la nuque en lâchant la version imprimée depuis une fenêtre. Un conseil : Levez les yeux !