Chronique First Fragment - Gloire Éternelle

Chronique First Fragment - Gloire Éternelle

Chroniques 25 Novembre 2021
    Il est finalement temps de parler de l’album qui, dès son annonce, est devenu celui que j’attendais le plus de cette année. Je parle de Gloire Éternelle, le deuxième album des québécois de First Fragment. Il y a quelque chose d’assez spécial entre ce groupe et moi, que je vais tâcher d’expliciter au mieux, ce qui fera de cet article un exercice sans doute sensiblement différent de mes chroniques habituelles.

    Dans First Fragment, on retrouve un peu tout mon apprentissage de la musique réuni en une seule entité, et c’est ce qui fait que j’affectionne tant le groupe, en soi. Par apprentissage, j’entends ce qu’en grandissant, j’ai appris à aimer et écouter grâce aux influences diverses et variées de ma famille et de mes passions personnelles. Pas de solfège ou de théorie musicale, je reconnais que c’est moins mon domaine. Encore une fois, je vous parle de musique, mais je ne suis qu’un humble littéraire. On associe le groupe au Death Metal technique/néoclassique, et c’est ce second adjectif qui m’intéresse, et ce par quoi je vais commencer. Du Death Metal, il serait erroné de dire qu’il n’y en a pas dans Gloire Éternelle, tant par le chant saturé que par les blast beats, mais est-ce que c’est la partie la plus essentielle du groupe ? Je ne sais pas. C’est un de ses composants inaliénables, certes, mais tout le reste étant, dirais-je, à des années lumières du Death Metal, je serais tenté de parler de Metal néoclassique, car c’est la virtuosité des musiciens du groupe qui marquera les esprits des auditeurs plus que le Metal extrême qu’on y retrouve.

    Et moi, qu’est-ce que j’y retrouve ? Je vous parlais de mon apprentissage musical. J’ai écouté et j’écoute encore énormément de styles différents, et j’en retrouve la majorité dans First Fragment. Le premier, le plus évident à aborder, c’est mon premier amour en musique, étant un tout petit enfant, pour lequel je dois profondément remercier ma grand-mère : la Toccata et fugue en ré mineur, de Jean-Sébastien Bach. Malgré mes penchants pour le Black Metal depuis des lustres, le début de mon aventure musicale commença avec de multiples compositeurs classiques, au sens le plus large large du terme, faute de meilleure terminologie : Beethoven, Mozart, Saint-Saëns, Rachmaninov, Chopin, Wagner et bien d’autres. Mon aventure dans le Metal fut constamment influencée par ces compositeurs, et leur façons parfois grandiloquentes de s’exprimer, ce qui a probablement contribué au fait que mes premiers amours dans le Metal, grossièrement vers 2007, furent des groupes de Power Metal à tendances mélodiques voire justement néoclassiques comme Galneryus, Stratovarius ou Blind Guardian ; mais aussi des groupes qui, sans forcément jouer vite, mettent l’accent sur le caractère épique de leur musique, comme Candlemass. Je n’ai jamais cessé de chercher des groupes qui pouvaient s’inspirer à la fois de ces shredders du passé, on me connaît un amour certain pour Cacophony, le duo Marty Friedman/Jason Becker ; et mes premiers pas dans l’écoute du Metal extrême, vers mes 16 ans, par des projets comme Fleshgod Apocalypse.

    Je me tournai assez vite vers la branche progressive et technique du Death Metal, avec ce qui était alors le BIG 4 du Tech Death pour moi, 17 ans : Obscura, Beyond Creation, Spawn of Possession, et Necrophagist. Groupes dans lesquels je découvris plusieurs musiciens que j’idolâtre, parce que justement, ils sont capables d’envoyer constamment des solos de dingue, tout en proposant quelque chose qui reste cohérent, et qui n’est pas qu’une démonstration technique un peu prétentieuse. Non, c’est juste du grand art. Même que le bassiste de Beyond Creation de l’époque, Dominic Forest Lapointe, est l’actuel bassiste de First Fragment. Comme quoi, tout est lié. J’ai donc passé mon temps à me plonger dans des délires classiques et romantiques (faut le dire, le 19è siècle, c’est une période formidable en musique, mais aussi ma période de prédilection en littérature), et en bref, j’ai poursuivi mes découvertes dans le Doom, le Death technique et le Black Metal, avec Emperor, Sigh, et bien d’autres. Quelques années plus tard, vous avez le moi d’aujourd’hui.

Avant de lire la suite, n’hésitez pas à cliquer sur le lien ci-dessous pour écouter l’album pendant votre lecture !



    Enfin, après cette introduction juste pour dire que je retrouve littéralement tout ce que j’aime (et c’est ma joie) dans Gloire Éternelle, parlons-en un peu plus en détail. L’album est sorti le 29 octobre chez Unique Leader Records, 5 ans après leur premier disque, Dasein, qui déjà m’avait marqué, et était mon album favori de 2016. A la sortie de leur précédent opus, j’avais du mal à imaginer qu’on puisse faire mieux. Et pourtant, lorsque que le premier single du nouveau, « Pantheum », est sorti, j’étais sur le cul. Et je me suis dit alors, que, certainement, ils allaient tellement tout poutrer que ce Gloire Éternelle allait être un des trucs les plus incroyables de l’univers. J’en étais tellement certain que, je n’ai pas écouté l’album à sa sortie, j’avais trop de boulot, j’ai attendu quelques jours d’avoir 1h10 de libre pour faire une première écoute, bien concentré uniquement sur ce que j’allais entendre. J’en ai pleuré comme une madeleine tellement c’était bien. Pas déçu du voyage. Malgré sa longueur, on ne voit pas le temps passer, et ce, même s’il y a énormément d’informations à la seconde.

    Avant de parler individuellement des morceaux, comme d’habitude, je me dois de vous parler de la pochette de l’album, qui est absolument magnifique, certainement une des meilleures de cet artiste, que je suis depuis quelques années, Adam Burke (Nightjar Illustrations). Si la peinture vous intéresse, il fait partie des trois artistes à suivre, niveau pochettes. Lui, ainsi qu’Eliran Kantor et Mariusz Lewandowski, sont les patrons du milieu en ce moment.



    Là où la pochette de Dasein était d’inspiration essentiellement surréaliste, Gloire Éternelle se permet d’autres choses. A la manière d’artistes de la Renaissance qui tentent de chercher loin dans le passé leur inspiration, on remarque que cette nouvelle pochette va s’intéresser à des choses plus antiques, dirons-nous. Au premier plan, on voit des ruines d’une cité dont l’architecture rappellera, par ses piliers notamment, de nombreux monuments gréco-romains. Est-ce que c’est la cité de Pantheum mentionnée dans un des titres de l’album ? Possible, on en reparlera. De ces ruines s’élève une atmosphère sombre, malgré les couleurs claires de celles-ci, car on remarque un contraste important entre ces bâtiments et la moitié supérieure du tableau. La cité est bordée d’une mer aux couleurs crépusculaires, avec des variations de gris et de rouges, en passant par des reflets plus ou moins lumineux de jaunes et d’oranges. Au-dessus de ces eaux s’élèvent des montagnes noires surplombées d’imposants nuages, qui semblent chargés d’une énergie plus noire qu’un ciel de tempête et d’orage. Aucun soleil ne perce au travers de ces nuages. Mais ce crépuscule prend ses rayons dans une sorte de porte titanesque, plus grande que les montagnes elles-mêmes, qui semble s’ouvrir sur un autre monde. Retour au surréalisme, donc ; ce qui nous rappellera la couverture du premier album.


    Voici donc la pochette du premier album, qui elle, fut conçue par l'artiste américain Sam Nelson. Nous mentionnions le mouvement surréaliste. Et qui dit surréalisme, dit Zdzisław Beksiński, artiste polonais grand maître en la matière, qui à mon humble avis, est une inspiration évidente sur cette partie de l’œuvre. Au travers de cet immense portail, qui culmine au sommet des montagnes de la pochette de Gloire Éternelle , on aperçoit des étoiles, des galaxies, une ouverture sur l’espace ; et c’est quelque chose que Beksiński a fait sur certains de ses tableaux les plus célèbres. Je me permets un exemple pour illustrer mes dires (C’est un de mes peintres préférés, donc j’en profite). Il est fort probable qu’il ait inspiré Dasein aussi, comme vous pouvez le constater dans la peinture ci-dessous.





    Remarquez ces différentes portes s’ouvrant sur des mondes différents, on est à la jonction de quatre univers ici. On notera aussi que les colorations majoritaires se ressemblent entre les deux tableaux, dans une certaine mesure : beaucoup de bruns et de rouges, des couleurs plutôt sombres, et un élément central qui apporte une lumière d’un autre monde. Sur notre œuvre, il est à ce stade encore difficile de connaître la relation entre la porte et les ruines. Est-ce que cet autre univers serait responsable de la destruction de la cité ? Ou cette porte pourrait-elle être l’échappatoire du peuple qui jadis vivait-là ? On peut se permettre sans doute un certain nombre d’hypothèses, mais il est fort probable qu’il y ait un lien entre les deux.

    Dans tous les cas, la lumière apportée par cette porte donne du relief au paysage dépeint, et permet d’attirer notre attention sur la cité. Le titre de l’album est Gloire Éternelle. Pensons-y aussi. Cette gloire, à qui ou quoi fait-elle référence ? Au peuple qui habitait la cité ? A la cité elle-même, toute la civilisation dont elle faisait partie ? Pourquoi parler d’éternité ? Les ruines sont des vestiges à l’intersection entre la fin et l’éternel. Les vestiges restent, certes, et peuvent être les témoins éternels d’un passé disparu. Mais cette disparition rend l’éternité caduque. Ce peuple a-t-il survécu et prospéré ailleurs ? Si oui, une forme d’éternité aurait donc pu se colporter ailleurs. Il faut savoir que le tableau que l’on aperçoit sur la pochette n’est pas complet. Sur l’arrière de la jaquette, on voit l’autre moitié, un énorme bâtiment, cathédralesque, dirais-je, bien plus noir que le reste du tableau, qui ferait penser à n’importe quel donjon de boss de fin d’un jeu, livre ou film de Dark Fantasy. Quel est son rôle ? Il semble bien plus maléfique que la porte vers une autre dimension, ce qui pourrait laisser penser qu’en effet, la porte représente une certaine forme de salvation. Tout ceci n’est pas clair, et c’est bien normal, car l’univers textuel de First Fragment est volontairement abstrait. Comme me l’avait expliqué Phil Tougas en interview, les paroles du groupe sont écrites par le chanteur, David Brault-Pilon, et sont adaptées d’un livre qu’il est en train d’écrire. Le livre n’étant pas encore sorti à ce jour, dur de savoir avec précision de quoi ça parle. Le groupe fait mention de personnages, de lieux et d’événements propres au monde que David développe dans son travail d’écriture. Mais c’est certainement pour ne pas trop spoiler son œuvre littéraire que les paroles gardent cette abstraction. Pour en savoir plus, il nous faudra donc attendre la sortie du livre. Toutefois, nous allons quand même tenter de comprendre de quoi il retourne dans Gloire Éternelle, à partir du peu que l’on a dans les paroles, qui sont quand même riches et bien écrites, sous forme de poésie rimée.

C’est donc le moment ou jamais de revenir en bonne et due forme sur les morceaux. Voici la tracklist :

1. Gloire Éternelle
2. Solus
3. La Veuve et le Martyr
4. Pantheum
5. De Chair et de Haine
6. Sonata en Mi Mineur
7. Ataraxie
8. Soif Brûlante
9. In’El
10. Mort Éphémère


Gloire Éternelle

    On commence avec le titre éponyme de l’album, plus de 8 minutes de bon temps où l’on peut déjà entendre tout ce dont le groupe fera preuve tout au long des 70 minutes de l’album. Le premier quart du morceau, après une courte intro ambiante où on entend le bruit des vagues, très doux et agréable, est essentiellement joué en acoustique, avec une guitare qui commence en mode néoclassique pour finir en tirade flamenco. Des guitares acoustiques de flamenco, vous allez en avoir beaucoup tout au long de l’album, je ne savais pas moi-même à quel point je trouvais ça cool. Après cette intro, les électriques se lancent, ça commence à blaster sur la batterie, et les leads s’enchaînent sur les différents instruments jusqu’à ce que le chant se lance. La voix de David est assez typée Death Metal, composée de cris graves, même s’il monte parfois dans les aigus, dans plusieurs morceaux. La basse fretless offre des parties slappées, très jazzy, qui sont mises en avant par des baisses de tempo durant lesquelles ces rythmes jazz/swing dominent.

    Le texte des paroles est écrit à la première personne du singulier, nous avons ici un « je » omniprésent. Sans nom défini, ce personnage nous apprend plus de détails sur cette gloire éternelle qui donne son titre au disque. Il semblerait que nous soyons en présence d’un personnage en quête d’immortalité et de gloire, consumé par ses passions, un peu comme un héros tragique, qui en souffre et en meurt, et se ressuscite autant de fois que nécessaire pour assouvir ses désirs de gloire, qu’il n’atteint que par la transcendance de l’être vers une existence extraplanaire, détachée de sa forme charnelle.

Solus

    Le troisième single paru sur le net lors de la promotion de l’album. Ce morceau est un peu un solo de basse pendant 4 minutes et 36 secondes, peut-être une des pièces les plus néoclassiques de l’ensemble, qui laisse au moins autant de place à la basse, sinon plus, que la guitare, pour s’exprimer. Je n’y connais malheureusement pas grand-chose en théorie musicale pour l’expliquer objectivement, mais c’est clairement le morceau que j’arrive le plus facilement à rapprocher d’une pièce classique. Les solos de guitares de Phil ont ce timbre particulier, brillant, qui fait qu’on les retient, et qu’ils se démarquent très bien des autres instruments. Le morceau échange des solos entre Phil et Forest à la basse, on en a clairement pour notre argent. Dans l’ensemble de l’album, les solos de Phil ont, disais-je, ce son lumineux si particulier qui permet de bien différencier ses leads de ceux de Nick Miller, le second guitariste du groupe, leur donnant à chacun leur identité propre.

    Ici, le texte est écrit à la première personne du pluriel. Qui est ce « nous » ? Peut-être, par l’intermédiaire d’un de ses représentants, la voix du peuple défunt qui jadis habitait les ruines de la cité. Et qu’est-ce que Solus ? Si l’on en croit les lignes « Solus aura eu raison de notre damnation, je n’eus d’autre choix que de partir sans rémission », on peut imaginer que c’est une organisation, ou une personne à l’origine des mésaventures de ce peuple. Le texte fait référence aussi à « In’El », dont nous aurons l’occasion de reparler dans la section sur le morceau du même nom, qui semble être une organisation, peut-être rattachée à Solus, qui elle aussi est une des source de leurs malheurs, comme on peut le lire dans ce vers : « Les adeptes de In’El dérobèrent notre liberté ». On comprend donc bien que divers événements ont conduit à la perte du peuple auquel First Fragment fait référence. Peut-être aurons-nous d’autres éléments de réponse dans les morceaux suivants.

La Veuve et le Martyr

    Deuxième single du disque, changement d’ambiance : c’est le morceau le plus jazzy, le plus swing de l’album, on s’en rend compte très vite, certains passages font presque penser aux expérimentations Groove Jazz/Metal d’un groupe comme Trepalium. Il commence cependant par un retour des guitares acoustiques pendant l’introduction, qui, elles aussi, amènent un rythme un peu jazzy, jusqu’à ce qu’il soit amplement confirmé par les slaps de Forest après quelques instants.

    Retour du « Je » dans le texte. On parle de la nouvelle incarnation du personnage principal. Je me permets de supposer que c’est ce même personnage que dans le premier morceau. Cette nouvelle incarnation est celle d’un loup divin, et de la meute à laquelle il appartient. Plusieurs personnages y sont mentionnés: la veuve, le martyr, Vulpes, Canis, l’alpha. Il semble qu’il y ait un conflit au sein de cette meute, menant à la destruction de celle-ci. Les derniers survivants de cette bataille s’enfuient vers un endroit dont nous allons pouvoir parler plus en détail juste après : Pantheum, qui donne son nom au morceau suivant. Cet épisode de la vie du « je » n’est sans doute qu’une infime partie de son existence en quête de gloire éternelle, car on peut supposer qu’il a eu de multiples incarnations avant d’atteindre son but. « La Veuve et le Martyr » ne serait alors qu’un court chapitre de sa longue épopée.

Pantheum

    Ce morceau fut utilisé comme premier single, lors de l’annonce de l’album. Dès la première écoute, je savais qu’on allait avoir affaire à un truc démesurément incroyable. Le morceau est assez court, moins de 5 minutes, et pourtant, d’une intensité folle. Les solos s’échangent entre Phil, Nick et Forest à un rythme plus qu’effréné, pour un total, dans ce laps de temps, de 19 solos. Rien que ça. On est dans le néoclassique à plein volume, c’est sans équivoque grandiose. Les musiciens s’amusent de ça d’ailleurs dans le clip associé au morceau, où ils insinuent qu’ils joueront des solos jusqu’à ce que mort s’ensuive. Un point qui a illuminé ma journée dans le clip, c’est qu’il se démarque fort de la morosité ambiante que l’on retrouve souvent dans le Metal extrême. On aperçoit des sourires, tout le monde à l’air content de faire ce qu’il fait, et ça fait vraiment plaisir à voir.

    Mais alors, parlons des paroles. Pantheum, qu’est-ce que c’est ? Nous en savons maintenant plus sur cette cité, qui, manifestement, est un lieu de débauche innommable où les pires rejets de la société se retrouvent. Malgré tout, cela semble être un endroit de faste incommensurable où tout est permis. Est-ce que c’est ça, la définition d’une cité ultra-prospère qui fonce dans l’anarchie, puis l’autodestruction ? Je ne sais pas, mais en tout cas, il semblerait que ce fut le point final de toute personne dont les passions explosaient jusqu’à la mort. C’est un « royaume au bord du gouffre », empli de péchés ou tous les exilés se rejoignent dans une opulence dangereusement totale. Je pense que le refrain décrit très bien ce qu’il en est :

Une cité où il faisait bon mourir
Une cité où tous venaient dépérir
Là où l'excès n'était pas un vice
Là où la pestilence était à la carte
Un festin de sadisme et de narcissisme
Bienvenue à Pantheum

    Sadisme et narcissisme. On peut donc imaginer que c’est un lieu à la fois d’une richesse inestimable et d’une violence inouïe, qui éventuellement, fut réduit en cendres. La question que nous sommes en droit de nous poser, c’est alors : Est-ce que les ruines de la pochette sont bien la cité de Pantheum ? Cela paraîtrait plausible, c’est ce que l’on est facilement amenés à penser, mais impossible d’en avoir la certitude, sauf si David lui-même le confirme.

De Chair et de Haine

    Avant, j’étais plus ou moins préparé. A l’exception du premier morceau, les trois qui suivirent ont été utilisés comme singles, donc je savais à quoi m’attendre. Quand j’écoute quelque chose qui, émotionnellement, me retourne le cerveau, je me mets à pleurer. J’avais une petite larme à l’œil sur le premier morceau, mais c’en est resté là parce que j’étais mentalement préparé à la chose. Enfin, je le croyais. A partir de ce morceau, j’ai chialé pendant les 40 minutes qu’il restait. Et pourtant, c’est la ballade de l’album. Mais une ballade de 9 minutes avec des blast beats. Je ne plaisante qu’à moitié, puisque les premières secondes de cette pièce nous offrent, justement, la douceur, d’une ballade acoustique. Mais pour le reste c’est un morceau très rentre-dedans, sitôt que les instruments électriques s’allument. Certains leads font volontairement écho au premier album, à des morceaux tels que « Le Serment de Tsion » et « L’Entité ». Dans tous les cas, des tas de solos s’échangent, et d’harmonies se partagent, comme sur « Pantheum », avec une intensité folle. La fin du morceau reprend sa ballade acoustique, qui s’estompe dans un bruit de pluie austère, qui vient entamer la pièce qui suit.

    Les paroles mettent en scène un personnage torturé, qui, aveuglé, empoisonné et submergé par ses actions et sa violence, devient un condensé de haine qui va tout détruire et tuer sur son passage. On laisse entendre que ce personnage, né dans des circonstances impies, et qu’il est, je cite, « formé par l’hostilité et bâti sur une fondation de chair et de haine ». En d’autres termes, il est l’avatar du déchirement et de la brutalité, par cette nature fondamentale qu’il redoutait et n’a pas su réprimer. Peut-être que, quelque part, il avait un bon fond, mais, tourmenté par ses méfaits, à travers guerres et massacres, il s’est transformé en monstre atroce et inarrêtable, « prônant la dictature, la soumission et la destruction ».

Sonata en Mi Mineur

    Comme sur Dasein, au milieu de l’album se trouve un interlude instrumental, qui n’est autre qu’une adaptation de différents éléments de la même sonate de Bach, et sans doute de sa Badinerie, les deux initialement composés pour la flûte. Là où la sonate, comme le veut le genre, est en 4 mouvements, Phil ici nous en propose deux, « Le Miroir des Larmes » et « Canevas ». La première, douce séquence ambiante et émotionnelle à la guitare électrique, rappellera Jason Becker, notamment (dont on sait que Phil est fan). On éteint la guitare électrique pour reprendre l’acoustique sur le second mouvement, qui lui se rapprochera naturellement plus de Bach, reprenant des motifs de la sonate, avec différents arrangements pour y introduire aussi la basse et la batterie. A la fin, on entend des bruits de nature et des oiseaux qui chantent, petit moment de douceur, qui sert de pivot menant à la seconde moitié de l’album, avec, dans un premier temps, le morceau « Ataraxie ».

Ataraxie

    Retour sur une pièce plus courte, environ 5 minutes. Celle-ci a été composée en partie il y a longtemps (en effet, certaines compos ont déjà été pensées au début de la création du groupe, alors que Gabriel Brault-Pilon, le frère du chanteur, si je ne dis pas de bêtise, était guitariste aux côtés de Phil). C’est peut-être pour ça que ce morceau est celui qui me rappelle le plus Dasein. Toujours plein de solos, sans arrêt, des solos qui s’échangent constamment, la recette fonctionne. Le morceau blaste beaucoup, est donc assez direct, c’est pour ça que je le rapproche des anciennes compositions du groupe, qui pouvaient tendre à être un peu plus directes, elles aussi. Pour nuancer ce rapport au précédent album, on notera que des guitares acoustiques sont bien incrémentées dans la section rythmique du morceau, sur sa deuxième moitié, ce qui est particulièrement plaisant.

    Dans le texte, on parle du Titan, qui serait une nouvelle incarnation de notre personnage en quête de gloire, qui semble bien être la fondation de cet album. On apprend ici qu’il y a un conflit qui oppose Pantheum et un autre lieu appelé Piédestal. Tel que c’est écrit, difficile de savoir qui attaque qui en premier, de quel côté le Titan se trouve exactement, lequel des deux gagne ; mais le parti de notre Titan manifestement, répand un déluge de flammes sur son opposition, et devient maître de leur territoire. Si on suit l’hypothèse que la cité en ruines de la pochette est Pantheum, alors peut-être que c’est Pantheum qui est attaquée. Après le dernier solo, les paroles sont « Le drapeau fut hissé pour passer à la postérité », ce sur quoi le morceau s’arrête net. Encore une fois, on a mention de cette idée d’éternité. Ici, le gagnant, peut-être, trace son chemin vers la gloire éternelle, comme le désire notre personnage principal.

Soif Brûlante

    Pas un single, mais un morceau que j’avais déjà entendu auparavant, car il fut joué lors de leur set sur leur première tournée européenne en support d’Obscura, il y a bien deux ans. Ils travaillaient déjà sur le nouvel album, et nous ont proposé ce titre live, qui est très intéressant pour plein de raisons. Son introduction, pour à peu près une minute, est lente et douce, sans distorsion et atmosphérique, dont les quelques notes semblent rêveuses. C’est non sans rappeler l’intro de « Voracité » sur le premier album, mais en plus long, plus travaillé et mieux maîtrisé. Ensuite, le morceau reprend des thèmes plus jazzy, puis s’énerve, blaste comme il faut. Peu après 4 minutes, on a même un rythmique Punk qui s’installe pour quelques mesures, ce qui est l’antithèse-même de la musique classique, mais qui ici fonctionne très bien. Puis des solos, puis des blast beats, des solos sur des blast beats, vous connaissez l’idée, désormais !

    Les paroles se concentrent sur ce concept de « soif brûlante » répété à plusieurs reprises dans le texte. Le personnage principal semble esseulé, expulsé dans une zone aride, désertique. Pour la première fois, on fait mention d’un portail par lequel il serait passé. Est-ce le même portail que celui qui surmonte les montagnes de la pochette ? Nous n’en savons rien. Toutefois, cette soif brûlante est double, elle est à la fois la conséquence du milieu aride dans lequel l’action se déroule, mis en valeur par un champ lexical approprié (« desséchée, ardente, cendres », etc) mais aussi au personnage lui-même et à sa résolution à la violence et à l’accumulation de pouvoir. Il devint un « reître », c’est-à-dire, un guerrier rustre et implacable, dont la force se décuple et l’humanité s’échappe. Sur le dernier segment des paroles, sur une bonne grosse section de blasts, est répété « arens sitis », qui est la traduction latine de « soif brûlante », on accentue par le rythme extrêmement rapide l’ascension du personnage vers quelque chose de démesurément plus dangereux que ce qu’il était. Si le personnage en question est toujours le même que celui du premier morceau, et ici, mettons, présenté sous une autre de ses multiples incarnations, on peut dire alors qu’il est entièrement cerné par la violence, et, même piégé, cycliquement, par cet aspect de lui-même, qui d’incarnation en incarnation, est toujours là, comme une fatalité.

In’El

    Lorsque nous avons interviewé Phil Tougas pour les dernières 34h, il m’avait vendu un morceau colossal, de 19 minutes, avec tout ce qu’ils étaient capables de faire dedans, des éléments de Funeral Doom, et de Black Metal en plus. Je me souviens lui avoir répondu que je n’en avais pas encore entendu une miette, mais que j’étais déjà fan. Il ne fait aucun doute que le morceau en question est une tuerie monumentale. Auparavant, le groupe nous a proposé une sonate en interlude, et ici, on peut prétendre à présenter « In’El » comme une pièce classique à part entière. Le morceau est en effet découpé en six mouvements où de nombreuses variations de tempos vont s’exprimer. Le premier, « Intronisation à la Tyrannie », suivi d’un deuxième, « Recueil des Âges », d’un troisième, « Les Piliers Tutélaires », d’un quatrième, « Éther », puis un cinquième, « Assaut au El’Praedium », et d’un finale qui se termine sur des blasts encore plus rapides que le reste, « La Fin d’une Ère ». Enfin, reprenons les choses dans l’ordre.

    Le morceau commence lentement, et c’est une première, avec du piano. Les deux premiers mouvements sont instrumentaux. On commence doucement, avec divers solos s’enchaînant calmement sur les quelques notes de piano, en fond. Les leads à la guitare comme à la basse s’accélèrent, mais toujours sur un rythme de batterie lent ; avec une rythmique à la guitare acoustique qui vient s’accoler au mélange. On note aussi un guest solo de Vincent Savary, l’ancien bassiste du groupe, qui se montre tout aussi virtuose que Forest. La guitare acoustique continue de se développer en arrière-plan, jusqu’à ce qu’elle prenne une ampleur telle, que survient ce que j’appellerai du flamenco shred, et c’est tout bonnement incroyable. Les guitares électriques prennent la suite de cette vague de notes acoustique en reprenant le même motif. Différents leads s’enchaînent encore, la basse slappe bien comme il faut, le morceau a bien entamé le deuxième mouvement, toujours instrumental. La guitare acoustique vient souder différentes parties ensemble pour lancer le troisième, où les blasts commencent à pointer le bout de leur nez, ainsi que la voix du chanteur. Les tempos sont résolument plus rapides tout au long des quelques minutes qui suivent, puis, un peu avant la huitième minute, la vitesse ralentit et commence une section très lente. D’où le côté Funeral Doom dont m’avait parlé Phil. A quand un album de Neoclassical Funeral Doom, du coup ? Parce qu’il y a toujours des leads, de l’acoustique, sur les cris graves et lancinants de David. Parenthèse, si vous aimez le Funeral Doom, vous devez absolument écouter l’album d’Atramentus, Stygian, un des autres projets de Phil. Il est magistral. La vitesse reprend un peu, plus Doom/Heavy classique, la basse swingue. Aucun humain ne peut réellement savoir combien de solos il y a eu jusqu’à présent, et il reste encore 8 minutes avant la fin d’« In’El ».

    On reprend, un peu avant la onzième, sur des sections de blasts et sur des rythmes plus typés Metal Extrême. Des solos, toujours des solos. Encore des solos jusqu’à la fin du quatrième mouvement. 12 minutes et 25 secondes, début du cinquième mouvement, et du solo que vous attendiez tous, la plus grosse partie de slap de l’album (et moi qui n’ai toujours pas compris comment slapper correctement sur ma propre basse…), pendant presque une minute ! Ça blaste pendant que ça slappe, la basse et le son flamenco de la guitare acoustique viennent servir de ponts entre différentes sections du mouvement. Le batteur, Nicholas « le fou » Wells, va monter sur les tempos les plus bourrins de l’album, avec des gravity blasts qui dépassent au moins la vitesse de la lumière. Vers 15 minutes et 30 secondes, on introduit le solo qui va servir de motif principal au dernier mouvement du morceau. Lent et savoureux, le morceau s’est ralenti pour nous permettre de profiter de ses premières itérations. Après la ligne vocale d’introduction au sixième mouvement, David prend une voix plus aigüe, plus typée Black Metal (et ce sur tout le reste du morceau), et le solo initial reprend, avec des blast beats, qui s’intensifient au fur et à mesure que l’on approche de la fin. Une fin pour laquelle les adjectifs épique et grandiose ne sont pas suffisants. Le volume diminue progressivement après la dix-huitième minute, pour laisser place au bruit du vent et des vagues par lesquels l’album commença, une heure et huit minutes plus tôt, menant vers la conclusion de l’album.

    Les paroles nous permettent enfin d’en savoir un peu plus sur In’El, qui avait été mentionné auparavant. Il était alors difficile de savoir si c’était une organisation, un personnage, mais cela semble désormais plus clair. In’El semble être un chef de guerre, qui rameute des troupes pour « contrer le perceur de dimensions ». On parle de purgatoire, on parle de bouleversement. Nul doute que tout ceci est à propos de la pire et la plus grande bataille qu’ait jamais menée cette personne. In’El règne, et In’El vainc tous ses opposants, l’histoire semble être écrite par et pour In’El, alors que tout est progressivement écrasé sous sa tyrannie. Les paroles du cinquième mouvement décrivent bien l’état d’esprit du personnage :

In'El déploya sa puissance sur les légions rebelles
La trépidation de sa force emporta la totalité de ses effervescents opposants
Les uns après les autres, il les réduisit tous à néant

Les contres attaques devinrent futiles
Sa domination était absolue
Sa victoire était sans équivoque
Violenté, brutalisé, fracassé, oblitéré
Il jura de les exterminer jusqu'au dernier

    In’El semble à la fois représenter la personne et la forteresse qui va avec, puisqu’on parle aussi de ses contreforts et de ses piliers. C’est finalement sans doute celle que nous voyons au dos de la pochette, dont j’avais parlé au début de cette chronique. Mais éventuellement, malgré sa toute-puissance, In’El sera défait par l’apparition de Tsïon’Yl, qui mit fin à son règne de destruction. Ceci est une référence au « Serment de Tsïon », sur le premier album, où il semble plus clair maintenant que son serment était de détruire In’El pour toujours. Mais alors, qui était In’El ? Je pense que c’était la plus récente incarnation de notre personnage d’origine, celui qui est en quête de gloire éternelle. Le morceau se finit sur les cris répétés, en mode Black Metal, de David, qui nous offre ces lignes :

Une fois de plus, je ressuscitai de ma chrysalide
Livide et asthénique, je redevins l'incarnation impavide
J'enterrai tous les événements menant à l'épilogue de In'El
Jusqu'à mon prochain engagement, je retournai à jamais en quête de gloire éternelle

    Dans le premier morceau, il s’était « extirpé de sa chrysalide », et celle-ci revient ici. Il semblerait que notre personnage enterre sa chute, et reprend une nouvelle forme, prépare une nouvelle incarnation, dont nous saurons peut-être plus sur un prochain album ! Et ainsi donc, il repart en quête de gloire éternelle…

Mort Éphémère

    Pour finir, First Fragment nous gratifie d’un outro acoustique et instrumental, encore une fois à la sauce flamenco, dont le titre est évocateur. Notre personnage s’est enfermé à nouveau dans sa chrysalide, son cocon de mort, pour se préparer à une nouvelle vie, toujours en quête de son but ultime. C’est bien pourquoi cette mort est éphémère, car il va inexorablement ressusciter, tant qu’il ne sera pas arrivé à ses fins. On peut facilement imaginer qu’à chacune de ses incarnations, il se fit vaincre, à un moment, et retourna dans sa chrysalide, pour revenir et goûter à la vengeance, sur le chemin vers la gloire éternelle. Lorsque la guitare s’arrête, à la fin de cet outro, reviennent aux oreilles ce même bruit des vagues par lequel l’album a commencé, comme je le disais plus haut. C’est donc un retour direct au morceau éponyme, qui souligne que le personnage arrive au début d’un nouveau chapitre de son histoire. De plus, cela met en évidence le caractère cyclique de son existence, où, immortel, chaque fin est un nouveau début.


Conclusion

    Quel voyage ! Ceci est sans doute la plus longue chronique que j’ai écrite à ce jour. Je ne sais pas trop par où finir. Lorsque j’ai terminé ma première écoute de l’album, c’était donc déjà il y a bien trois semaines, j’étais, comme on dit, en PLS. Mais il ne faut pas le voir de façon négative. En fait, j’étais vraiment content. Je me suis dit, dans ma tête, à ce moment-là, que j’étais heureux que cet album soit paru pendant ma courte vie d’humain. Comme je l’ai expliqué dans l’introduction de ce texte, c’était pour moi grandiose, indescriptiblement incroyable, j’en suis ressorti tout chose. Je ne regrette pas d’avoir écouté cet album tous les jours depuis sa sortie. Et il ne fait aucun doute que je l’écouterai pendant encore longtemps. Mais il faut que la communauté Metal se rende compte d’une chose : c’est que les gars de First Fragment ont complètement détruit le game, que ce soit celui du Tech Death ou du Metal Néoclassique. En d’autres termes, ils n’ont pas seulement repoussé les limites des genres dans lesquels ils évoluent, ils les ont complètement explosées. Ceux qui leur arrivent à la cheville dans cet univers vont se compter sur les doigts d’une main. Il ne faisait aucun doute que ce petit groupe de musiciens extrêmement talentueux allait faire de grandes choses, lorsque Dasein est sorti il y a cinq ans, mais qui aurait pu imaginer que cela aurait été si loin ? Ce n’est que le deuxième album d’un jeune groupe originaire de Longueuil, dans l’agglomération de Montréal, au Québec, qu’il y a encore quelques mois assez peu de gens connaissaient. Ils avaient fait leur première tournée en Europe en soutien à Obscura, Fallujah, et Allegaeon quelques temps avant la pandémie, des groupes qui n’ont plus rien à prouver à personne et qui sont bien établis dans le milieu depuis un certain temps. Mais, je crois, et je l’espère sincèrement, que la sortie de Gloire Éternelle va les faire monter en haut de l’affiche. Phil m’avait expliqué en interview qu’ils avaient adoré leur tournée européenne, et que leur objectif premier, niveau concerts, c’était de revenir. J’espère que ça se fera le plus vite possible, et j’ai hâte ! Ce petit set d’ouverture à Lyon il y a deux ans était déjà monumental, mais là, le prochain set va me clouer sur place, et je n’en ressortirai pas vivant ! Et je suis bien désolé, mais il ne fallait pas sortir un énorme colosse de 19 minutes aussi incroyable qu’« In’El », parce que maintenant, il va falloir le jouer en concert !

    C’est indéniable, le haut du panier du Tech Death et du Néoclassique, maintenant, c’est eux. Et je dis Tech Death, mais ça va plus loin. Comme je le laissais sous-entendre dans l’introduction, oui, il y a du Death Metal ici, sous la forme de death growls et de blast beats. Mais tout le reste, est-ce que c’est juste du Metal ? Il y en a les instruments, mais ceux-ci jouent-ils juste du Metal ? Et bien non. Ils jouent des fois du Heavy/Power à l’ancienne dans les solos, dans certaines mélodies, mais aussi du jazz qui swingue comme on n’en entend jamais avec des guitares comme ça, du flamenco comme vous n’en entendrez jamais dans du Metal, ils jouent de la musique classique dans la directe lignée des grands shredders d’autrefois, que ce soit Bach ou Paganini ; et c’est aussi un hommage aux shredders modernes qui en sont les héritiers, comme Jason Becker ou Yngwie Malmsteen. Et avec déjà tout cela, il y a des petits bouts d’autres sous-genres qui pointent le bout de leur nez ici-et-là, nous donnant un album incroyablement riche. Je vais faire une comparaison, et pas des moindres, avec un autre groupe extrêmement important pour moi. Cet album n’est que le deuxième de mon histoire, où j’ai le sentiment qu’un groupe fait vraiment tout et encore plus avec tout ce qui se fait dans la musique, qui se permet toutes les combinaisons, et qui reste cohérent, qu’on comprend, même si cela peut demander de longues écoutes attentives. Ce n’est que la deuxième fois que j’ai l’impression d’avoir en face de moi ce produit incroyable qui serait la fusion ultime de tout ce qui se fait de beau, entre du Metal Extrême, et une quantité innombrable d’influences de divers genres musicaux que l’on croyait étrangers les uns aux autres. Le seul autre album que cela m’évoque, c’est In Somniphobia, du groupe d’Avant-Garde Black Metal japonais Sigh. Si vous me connaissez, vous comprenez à quel point cette comparaison est pour moi le paroxysme de l’éloge. C’est parce que c’est mon album préféré de tous les temps. Et je ne l’avais jamais comparé à quoi que ce soit avant, car il est unique. Gloire Éternelle aussi est unique, cela va sans dire.

    Je ne sais pas si le personnage principal de cette histoire que content les albums de First Fragment va éventuellement atteindre son but, mais je suis sûr que le groupe lui-même va l’atteindre avec cette sortie.

    Il reste certainement beaucoup à dire sur cet album qui va faire couler de l’encre. Et en parlant d’écrire, j’aimerais un jour en savoir plus sur cet univers et les personnages qui sont présentés ici. Tout reste, dans une certaine mesure, cryptique, afin de ne pas dévoiler l’intégralité de la saga que David concocte. Mais on comprend déjà que ce qu’il écrit sera une aventure entre Science-Fiction et Heroic Fantasy qui s’annonce dantesque, et j’ai hâte de pouvoir la lire, une fois qu’il l’aura terminée et publiée. Aussi, moi qui, je m’en souviens très bien, en 2016, pensais que leur premier album était inégalable, j’attendais alors la nouveauté avec une certaine appréhension. Ils ont su me donner tort, et maintenant, j’ai hâte d’entendre ce qu’ils sauront nous proposer plus tard, car avec la maestria dont ils ont fait preuve sur Gloire Éternelle, nous savons par avance que tout ce qu’ils sortiront à l’avenir sera résolument incroyable. Enfin, comment ça pourrait mal se passer ? Phil Tougas, le guitariste le plus dingue de notre époque ; Dominic « Forest » Lapointe, le bassiste le plus dingue de notre époque ; Nicholas « Le Fou » Wells ; Nick Miller, qui nous ont prouvé qu’ils étaient tout aussi dingues : c’est une équipe du tonnerre qui compose First Fragment, et le futur leur est désormais grand ouvert !

    Je vous invite donc une dernière fois à écouter, réécouter cette perle inestimable qu’est cet album. Je vous invite à aller les voir en concert dès qu’ils passent près de chez vous, cela promet un spectacle inoubliable. Et on sait déjà que dès que cela arrivera, j’y serai. Maintenant, allez les suivre sur les réseaux, allez leur acheter des T-shirts, des CDs et des vinyles (le seul bémol de toute cette histoire est que l’on doive attendre le mois de mars pour recevoir les vinyles, avec tous les délais des usines ces derniers mois ; mais je ferai avec, la patience et le grand art vont de pair). L’album Gloire Éternelle est sorti le 29 octobre 2021 chez Unique Leader Records, et vous devez l’écouter, car vous n’entendrez pas mieux cette année.

    Sur ce, je vous dis à bientôt, pour une nouvelle chronique, ou autre chose, qui sait ? On raconte que j’aime faire des tops à la noix à la fin de l’année… Pourquoi se fouler alors qu’on sait déjà que Gloire Éternelle sera numéro un ? L’album sera number one, mais promis, le reste vaudra aussi le détour !

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Allez les suivre !

PS : J’y ai fait référence à plusieurs reprises, nous avons en effet interviewé Phil Tougas durant le livestream des dernières 34H, notre événement radio annuel, en août dernier. Pour toutes celles et ceux qui n’ont pas pu écouter l’interview en direct, on espère pouvoir mettre la rediffusion en ligne le plus tôt possible, malheureusement, nous n’avons pas encore pu éditer et publier tout ce qui a été enregistré cet été, faute de n’avoir plus de 24 heures dans nos journées.


A propos de Hakim

Hakim, il ne faut pas le tenter. Tout est prétexte à pondre une chronique de 582 pages (Tome I seulement). De quoi vous briser la nuque en lâchant la version imprimée depuis une fenêtre. Un conseil : Levez les yeux !