Vexovoid - Call Of The Starforger et le Sci-Fi Thrash
Chroniques
3 Février 2018
Fans de Coroner et de Star Wars, vous voilà servis ! Vexovoid est un trio de Thrash Metal Progressif Italien fondé en 2013. Le groupe a sorti son premier EP, Herald Of The Stars, en 2014, et son premier album le 11 Décembre dernier : Call Of The Starforger, dont on va parler. Je ne peux cependant pas m’empêcher d’apporter plus de précisions quant au mouvement dans lequel s’inscrit Vexovoid. En effet, il serait très réducteur de simplifier leur musique à du « Thrash Metal Progressif ». Vexovoid fait parti d’un sous genre assez underground, apparu il y a quelques années (peu après 2010) avec des petits groupes comme Paranorm, Obliterated, Teleport, ou Exocosm, nommé le Sci-Fi Thrash.
Voivod, à ses débuts, est très représentatif du Sci-Fi Thrash. Mais ce genre est apparu en grande partie suite à la sortie des albums Black Future et Outer Isolation de Vektor, groupe considéré comme la principale inspiration du Sci-Fi Thrash avec Voivod, dont la musique est tellement riche qu’elle a suffi à faire naître une nouvelle branche dans l’arbre du Thrash Metal, qui malheureusement tourne en rond avec le Revival Thrash depuis peut être trop d’années… Mais du coup, le Sci-Fi Thrash, c’est quoi ?
Et bien musicalement, ce genre se penche principalement sur des instaurations d’ambiances, des dissonances, des riffs joués dans les aigus, et des accords assez complexes, le tout en gardant une base avec un esprit plus ou moins Thrash, avec des tempos élevés, du shred, etc… Et bien sûr, chaque groupe brise ou ajoute des codes en fonction de sa façon de composer. Après, il y a, comme son nom l’indique, un véritable culte à tout ce qui touche à la Science-Fiction et à l’espace, au travers de l’identité visuelle des groupes et des paroles. On a donc là un groupe qui se veut novateur musicalement et esthétiquement, car même si le thème Sci-Fi s’est très facilement propagé dans d’autres genres comme le Death ou le Black, ce dernier reste tout de même très peu présent dans le Thrash. Ceci étant dit, revenons à notre album !
Call of the Starforger est un album très intéressant, et très riche. Le premier point sur lequel je voudrais m’attarder et la complexité des riffs. J’emploie ici le mot « complexité », et non « technique » volontairement, car selon moi, la technique relève simplement la virtuosité des musiciens, et non de la pertinence de leur jeu. J’entends par « complexité » un usage de la technique qui tend à créer des sonorités nouvelles, qui seraient impossibles à produire sans une grosse recherche dans la composition. Et cette complexité s’étend sur tout l’album, notamment dans les riffs du guitariste Leonardo Bellavista, qui sont de pures tueries, comme dans les morceaux Waking Mars ou Hexaspark Fortress. On sent bien sûr une énorme (peut être trop ?) influence des débuts de Voivod : Vexovoid tend à nouer ses racines Thrash Revival avec la vague Sci-Fi, ce qui crée une forte ressemblance entre les deux groupes. On ressent donc, dans cet album, un attachement particulier à des modèles bien précis, ce qui est selon moi dommage, car cela risque de poser les mêmes problèmes qu’avec le Revival Thrash, à savoir des groupes qui se ressemblent presque tous. Vexovoid est l’un des rares groupes de Sci-Fi Thrash à l’heure actuelle, donc si le genre se met à se développer, les nouveaux arrivants risquent de faire la même chose, et cela gâcherait tout le potentiel de créativité et d’innovation qu’offre le cette nouvelle vague. Enfin, cela reste un premier album, il est donc normal de se rattacher à des repères, mais en espérant que cela ne dure pas trop !
Un autre point intéressant dans cet album est la structure peu commune des morceaux, ainsi que les différentes ambiances instaurées, notamment au travers de passages plus atmosphériques. Ceci est particulièrement flagrant dans Galaxy’s Echoes, qui est pour moi le morceau le plus abouti de l’album. Avec son intro calme et mystérieuse, ses riffs recherchés et progressifs, son interlude planante au possible, et ses changements d’ambiance, le tout étalé sur 8 minutes, c’est là une véritable prouesse créative, qui tient surtout son influence de Vektor cette fois-ci.
La basse du frontman Danny Brunelli est, au milieu de ces riffs aigus et techniques, très présente, et pas seulement grâce au mix, mais aussi grâce à un rôle mélodique qui ressort particulièrement bien et qui est très plaisant, ce qui est suffisamment rare pour être souligné.
Il ne me semble avoir jamais entendu de vocodeur dans du Thrash Metal avant d’écouter le morceau d’ouverture de l’album : Omega Virus, qui instaure une ambiance complètement Sci-Fi pour le coup, mais c’est vraiment dommage de ne l’avoir utilisé que sur un seul morceau ! Pour un thème comme la Science-Fiction, le vocodeur est un outil parfaitement cohérent si il est utilisé avec parcimonie, pour le coup je m’attendais vraiment à entendre à nouveau cette voix robotique et saccadée. Et dernier point sur lequel je suis plutôt perplexe : les solos. Étonnamment, je n’ai pas vraiment été pris par le jeu de guitare lead de Leonardo Bellavista. Ce n’est pas que j’ai trouvé ses solos mauvais ou peu recherchés, mais cela manquait de variété dans les différentes techniques et les gammes utilisées. De plus, une redondance dans les rythmiques qui supportent ces solos est vraiment palpable, notamment à cause des tempos souvent similaires. Enfin le riffing très chargé de ces rythmiques empêche le morceau de respirer, et rend les solos de cet album moins marquants. La rythmique prend d’ailleurs presque le pas sur la lead. Chez Vektor par exemple, la mise en place des solos est plus variée : tantôt sur des arpèges cleans, tantôt sur des tempos plus lents, tantôt sur des accords joués en tremolo façon Black Metal… Bref, tout ça pour dire que c’est là aussi dommage de ne pas avoir pensé à varier tout ça. Malgré tout, je développe les quelques rares défauts de l’album, mais on est tout de même sur de l’excellent Thrash, bien au-dessus de la masse Revival.
Au final, nous avons peut être là les débuts d’un futur pionnier du Sci-Fi Thrash. Call Of The Starforger est un album ambitieux et très convaincant, qui apporte un vent de fraîcheur très agréable dans le Thrash Metal. Cela annonce des suites très prometteuses. Un groupe à surveiller de très près !
17/20