
Bank Myna - Eimuria
Chroniques
8 Mai 2025
Bank Myna - Eimuria ou un album touchant et puissant
Le 25 avril, un autre album remarquable sortait et il s’agit du second album du quatuor Bank Myna. Eimuria est à retrouver chez Medication Time Records, Araki Records et Stellar Frequencies Records. Le combo mêle Post-Rock, Doom et Slowcore avec un côté ritualiste et cathartique.
Le groupe se décompose de la manière suivante :
- Maud Harribey : chant, violon et claviers
- Fabien Delmas : guitare et lap steel
- Daniel Machón : basse, noise box et sampler
- Constantin du Closel : batterie et percussions.
Le magnifique artwork a été réalisé par Ramona Zordini, photographe expérimentale italienne, et le graphisme par l’illustrateur Vaderetro.
L’album se décompose comme suit :
- No Ocean Of Thoughts
- The Shadowed Body
- The Other Faceless Me
- Burn All The Edges
- L’Implorante
Découvert au Post in Paris 2023 sur le navire La Dame de Canton, j’avais pu être intrigué par ce Post-Rock teinté de Drone et de Doom avec une chanteuse. L’alchimie fonctionnant très bien et le concert ayant été très réussi, je me suis décidé à continuer à surveiller ce groupe. Grand bien m’en a été, car Bank Myna délivre ici un excellent album.
Un projet musical qui s’articule autour de la vie des artistes Camille Claudel ou Alejandra Pizarnik, du moins si l’on en croit le dossier presse. Car, dans les paroles des différentes musiques, aucun nom n’est véritablement cité.
Par contre, à travers les paroles très poétiques ainsi que leur ton très sombre, on peut facilement faire le rapprochement entre la première, sculptrice, et la seconde, poétesse, qui ont toutes les deux fini leurs jours dans un hôpital psychiatrique. La première y étant morte de malnutrition et la seconde s’y étant donné la mort.
Si vous ne l’aviez pas encore deviné avec le titre des morceaux, nous sommes très loin d’être face à un album guilleret.
Ça et bien sûr le côté lourd des riffs mêlant la profondeur du Doom et le côté rituel et lancinant que peut parfois porter le Post-Rock. Bref, nous sommes ici pour être transportés dans une spirale de mélancolie, de rage et de tristesse.
Porté par la voix puissante et polyvalente de Maud qui peut soit nous apaiser, revêtir un aspect trip-hop à la GGGOLDDD, exprimer sa rage ou bien même nous embarquer dans une transe, parmi tant d’autres possibilités.
Bref, tout semble indiquer que nous sommes face à un excellent album ! Les morceaux sont assez longs pour déclamer les textes avec brio, la tension a le temps d’être construite et relâchée avec passion, les ambiances sont convaincantes tout en n’étant pas forcées.
De plus, le mixage est très réussi, car tous les instruments sont discernables ainsi que les différents bourdons ou autres aspérités propres aux expérimentations sonores du quatuor.
Toutefois, ceci est à double tranchant, car l’on ne peut pas écouter cet album sans être dans un certain état d’esprit. Entre l’intensité des mélodies et des paroles, j’ai dû mal à m’imaginer à l’écouter en toutes circonstances, mais est-ce vraiment son but ?
En effet, lorsque l’on cherche à écrire un album cathartique, n’est-ce pas la moins des choses que d’être à l’écoute tout du long et se laisser porter par ce que l’on nous raconte ?
Du moins, c’est comme cela que j’ai préféré l’écouter pour y déceler toutes ses singularités. Même si je l’avoue qu’il vous faudra beaucoup d’attention pour les remarquer tant elles sont parfaitement imbriquées aux compositions.
En tout cas, j’ai pu être bluffé par cet album ! La puissance évocatrice des morceaux ainsi que l'ambiance qui s’en dégage y sont véritablement impressionnantes ! Les morceaux ont des durées parfaites pour délivrer leur message et nous transporter dans cinq aventures bien distinctes, entre le chant éclectique de Maud et les subtilités variées résidant dans les différents instruments utilisés tout au long de l’album. L’album saura plaire aux personnes amatrices de Doom, de Post-Metal ou de toute autre musique expérimentale avec une chanteuse qui peut vous faire transparaître mille et une émotions.
Mon plus grand regret est certainement de ne pas pouvoir assister à leurs premiers concerts de la tournée, mais j’espère bien pouvoir me rattraper au plus vite pour me laisser transporter une nouvelle fois par cet incroyable album.
A propos de Gauvain
Jadis chroniqueur acharné, Gauvain préfère dorénavant occuper son temps libre à l'animation de lives hebdomadaires sur notre chaîne Twitch à la découverte de groupes intéressants. La légende raconte qu'on y passerait jamais de Metal... Il n'est cependant pas rare de le voir publier quelques articles à l'année quand l'envie lui prend.