Live Report - Cynic / Obscura / Cryptosis - Paris, Petit Bain - 15/03/2024
Bonjour à toutes et à tous,
Vendredi 15 mars 2024, 18H30, début de séance au Petit Bain. Je me suis déplacé jusqu’à Paris pour enfin voir un groupe iconique qui me berce depuis très longtemps : Cynic, un des groupes les plus essentiels pour tout fan de Prog Death. Ils étaient accompagnés de Cryptosis, trio de Prog Thrash néerlandais, et des allemands Obscura, égérie du Tech Death chez eux.
Affiche extrêmement plaisante pour moi, quand on sait que Cynic et Obscura m’accompagnent depuis l’adolescence. Autant, c’était la troisième fois que je voyais Obscura, donc j’étais déjà prêt pour leur set, mais Cynic figurait sur ma bucket list, et je n’avais pas encore pu cocher cette case.
Quelques observations sur le Merch, avant de parler des concerts en eux-mêmes : Il n’est pas rare, ces dernières années, de voir des groupes tourner avec peu de choses, comme par exemple juste quelques T-shirts. Le textile ce vend mieux que la musique, à ce qu’il paraît. Et j’en suis souvent le premier frustré, parce que ma garde-robe étant pleine, il me faut continuer à remplir mes étagères de CDs et de vinyles.
Et bien là, le merch était parfait pour les trois groupes. Il y avait de la musique et du textile, et beaucoup de variété. Obscura et Cynic avaient vraiment plein de designs à la vente, et beaucoup de musique, dont quelques trucs un peu moins récents à l’échelle de leurs discographies respectives, comme la collection de démos de Cynic, ou l’EP Carbon-Based Anatomy, ou encore la compilation Illegimitation d’Obscura et les iconiques Cosmogenesis et Omnivium. Mais plus encore, les allemands sont venus avec du bonus : on pouvait acheter le dernier album solo de Christian Münzner, le guitariste du groupe, ou les deux derniers albums de Thulcandra, le projet de Black Metal de Steffen Kummerer, chanteur guitariste.
Seul bémol, une seule personne s’occupait du merch de Cynic et Obscura, la queue était un peu longue pour faire des emplettes.
Allez, parlons un peu des groupes et de leurs sets.
Cryptosis
Cryptosis est un groupe de Prog Thrash formé en 2020 sur les cendres du précédent groupe du trio, Distillator. Leur Thrash à l’origine plus classique a évolué vers un modèle du genre plus technique et progressif, toujours infusé de science-fiction comme à chaque fois que cela arrive. Tout le set est alimenté par un film dystopique reprenant des clips du groupe et d’autres vidéos tournées pour le live. Ce genre de prestation est toujours à mon sens une excellente valeur ajoutée. Le set était carré et j’ai vraiment passé un agréable moment. En même temps, la vibe du groupe est située entre Killing Technology de Voivod et Outer Isolation de Vektor. Pour moi, c’est donc parfait.
Le groupe a essentiellement joué des morceaux de leur premier album, Bionic Swarm, sorti en 2021 chez Century Media Records, à l’exception de « The Silent Call », tiré de l’EP du même nom sorti en 2023.
Petite exclusivité pour les fans du groupe, j’ai un peu discuté avec Laurens Houvast, le chanteur guitariste du groupe. Il reste quelques touches à apporter à leur deuxième album, mais celui-ci sortira également chez Century Media Records début 2025 (il n’a pas encore été annoncé) !
Setlist :
1. Ouverture 2149
2. Decypher
3. Death Technology
4. Prospect of Immortality
5. Transcendance
6. Conjuring the Egoist
7. The Silent Call
8. Flux Divergence
Pour découvrir le groupe, voici un extrait :
Obscura
Obscura est un des groupes que j’écoute le plus depuis que j’ai 16 ans. On peut sans doute me surprendre à chantonner leurs morceaux sous la douche assez fréquemment. Ils sont mon introduction au Death technique et progressif, et ont ouvert la porte à énormément de choses que j’adore et écoute encore régulièrement (Cynic, Atheist, Death, Gorguts, Spawn of Possession, Necrophagist ou Beyond Creation).
En toute honnêteté, j’ai un peu moins aimé leur plus récent album, A Valediction, sorti chez Nulcear Blast Records en 2021. L’album est tout sauf mauvais, mais il va dans une direction un peu plus old-school et moins prog que les précédents, et je me souviens qu’à sa sortie, je l’ai pris comme une régression. Mais bon, en réalité, il y a quand même objectivement de supers morceaux dessus et le retour de Christian Münzner à la guitare lead signe le retour des solos de porc dont lui seul a le secret. Je rappelle que c’était lui sur Cosmogenesis et Omnivium ! Il a d’ailleurs très bien repris les leads des guitaristes qu’il y a eu entre temps sur Akroasis et Diluvium, qui sont eux aussi absolument excellents ! Le set a proposé de la variété, avec seulement trois morceaux de A Valediction, avec des morceaux de tous les albums depuis Cosmogenesis. Des hits de Diluvium comme « Mortifcation of the Vulgar Sun » me font toujours plaisir, mais alors c’est toujours une joie d’entendre des classiques comme « The Anticosmic Overload » ou « Septuagint ». Et que ne fut ma surprise quand on nous a offert l’instrumental « Orbital Elements » issu de Cosmogenesis (vous ai-je dit que c’est mon album préféré du groupe ?). Mais même certains nouveaux morceaux que j’ai peut-être moins appréciés en studio passaient très bien là, comme « Devoured Usurper », qui s’apparente plus à un morceau d’Asphyx en mode Doom/Death bagarre, et qui a permis de faire un petit pas de danse sympa dans le pit.
On notera qu’en live, David Diepold à la batterie et Jeroen Paul Thesseling à la basse fretless étaient absents. Cela fait quelques temps qu’ils sont remplacés par Gabe Seeber de Abigail Williams et Alex Weber de Exist sur scène.
Seul regret, le son de la batterie était un peu trop fort, et les deux guitares étaient au même niveau, il aurait été préférable que les leads soient plus haut dans le mix. Ca va que ce sont des morceaux que je connais par cœur, j’ai quand même passé un très agréable moment. Et il était évident que tout el monde, en particulier Steffen Kummerer, était très content d’être là.
La setlist :
1. Forsaken
2. Emergent Evolution
3. Mortification of the Vulgar Sun
4. Devoured Usurper
5. Orbital Elements
6. Akroasis
7. The Anticosmic Overload
8. Septuagint
9. When Stars Collide
Allez, on écoute un extrait :
Cynic
Sans rire, ça faisait vraiment longtemps que j’attendais ce moment. Vêtu de mon débardeur Traced in Air (le meilleur album de Prog de tous les temps, non négociable), je suis au premier rang, prêt à chialer. Le set de Cynic est très spécial a bien des égards. C’est non seulement une tournée anniversaire où Focus, le premier album du groupe, qui a fêté ses 30 ans en 2023, sera joué en entier, mais c’est aussi un set qui sert de devoir de mémoire pour Sean Reinert et Sean Malone, respectivement batteur et bassiste historiques du groupe, tous deux tragiquement décédés en 2020 (alors qu’ils avaient à peine 50 ans). En fait, ce set est plus un hommage qu’autre chose, et je reconnais que c’est ce que je voulais. Non seulement j’adore le groupe, mais Sean Malone était un de mes bassistes préférés, dans mon top 3 lignes de basses les plus mémorables. Son décès m’avait fait un choc.
C’était un hommage pour eux musiciens iconiques de cette scène, mais aussi fondamentalement pour ceux qui étaient les proches, les meilleurs amis de Paul Masvidal, chanteur et guitariste du groupe. Ils étaient remplacés en live par des musiciens d’exception : Matt Lynch, à la batterie, un pro du Jazz Fusion que certains auront reconnu derrière les fûts d’Intronaut ou de Nova Collective, par exemple ; et à la basse, c’est Brandon Giffin, de The Zenith Passage et anciennement The Faceless.
Le set était parfait. Le son était parfait. J’ai chialé ma race pendant 1h20. Avant que cela ne commence, nous fûmes accueillis par un peu d’Ambient, et sur un écran derrière la scène étaient diffusées des images d’archive du groupe de l’époque Focus, pour se terminer sur une photographie des deux Sean, afin de leur dédier ce concert. Le set était divisé en deux. En premier, Focus en entier, et ensuite, des morceaux du reste de la discographie du groupe. Je n’imagine pas l’honneur que ça a dû être pour Steffen Kummerer, d’avoir été invité à chanter toutes les parties en chant guttural sur Focus. Il est sans doute le premier conscient que sans Cynic, il n’y aurait probablement pas eu Obscura, ou tout du moins pas de la même manière.
Pendant tout le concert, des images sont diffusées sur écran géant, des pochettes d’album et des images de nature pour inviter à la méditation, une des activités favorites de Paul Masvidal. Cynic est un groupe qui de toute façon nous invite à la réflexion et à se laisser transporter vers les étoiles. De « Veil of Maya » à « How Could I » en passant par « I’m But a Wave to… » et « Uroboric Forms », je me suis laissé happer par les vagues successives du groupes. « How Could I » est vraiment grandiose en live, je vais garder mes frissons pendant au moins une semaine.
Après cette première partie de set, les musiciens s’en vont et Paul Masvidal nous invite, sur fond de musique ambiante, à méditer et à penser à celles et ceux qu’on aime et que nous avons perdus. S’affichent avec cela en gros des photos de Sean Reinert et Malone. Au bout de deu ou trois minutes, Paul revient. Il prend sa guitare acoustique et nous explique qu’il va jouer « Integral », qui est la version acoustique de « Integral Birth » parue sur l’EP Re-Traced, originellement sur Traced in Air. Alors certes, c’est mon morceau préféré de Cynic, mais Paul nous explique que si au départ ce morceau avait pour but de présenter les planètes comme des organismes vivants et de voyager dans l’espace, c’est aujourd’hui plus simplement un morceau pour ses deux amis décédés. Je savais déjà que ce morceau avait pris un nouveau sens pour lui, et ce n’en fut que plus poignant. J’ai beau connaître les paroles par cœur, je ne pouvais pas chanter parce que je pleurais et je ne voulais pas déranger ce moment.
Bref, cette deuxième partie de set commence très forte en émotions. Nous auront droit à un peu de tout. On commence par « Kindly Bent to Free Us », puis « In Multiverse Where Atoms Sing”, mon morceau préféré d’Ascension Codes, le dernier album du groupe. Ensuite, c’est au tour de « Carbon-Based Anatomy » et pour finir, « Adam’s Murmur » et « Evolutionary Sleeper » de Traced in Air, qui aura eu quand même une place à part dans cette deuxième partie de set.
Je garde en mémoire un Paul Masvidal rayonnant, colossal. Et ce, malgré les difficultés auxquelles il a dû faire face ces dernières années. J’ai passé un concert incroyable, je suis heureux d’avoir pu les voir tant que c’est encore possible. Je vous laisse avec quelques extraits du groupe, et vous souhaite une belle et apaisante journée.
Setlist :
1. Veil of Maya
2. Celestial Voyage
3. The Eagle Nature
4. Sentiment
5. I’m But a Wave to…
6. Uroboric Forms
7. Textures
8. How Could I
Interlude
9. Integral
10. Kindly Bent to Free Us
11. In a Multiverse Where Atoms Sing
12. Carbon-Based Anatomy
13. Adam’s Murmur
14. Evolutionary Sleeper
On écoute plusieurs morceaux :
Au revoir, à bientôt.
A propos de Hakim
Hakim, il ne faut pas le tenter. Tout est prétexte à pondre une chronique de 582 pages (Tome I seulement). De quoi vous briser la nuque en lâchant la version imprimée depuis une fenêtre. Un conseil : Levez les yeux !