Live Report : Mono + A.A. Williams à L'Antonnoir - Besançon le 11/09/2022
Live Reports
12 Septembre 2022
Dimanche dernier, je pars explorer une nouvelle fois Besançon, à une heure de chez moi. C'est fou tous les concerts cools qu'il peut y avoir là-bas ! Grosse soirée sous le signe du Post-Rock avec les illustres maîtres japonais du genre, Mono, et la nouvelle artiste britannique qui fait sensation, A.A. Williams.
Après vagabondage et kebab falafels, j'arrive à L'Antonnoir, le café-concert où doit se dérouler le concert. J'avais compris que ça commençait à 20H45, heureusement que je suis toujours en avance, j'arrive à 20H15, pile quand débute le set d'A.A. Williams.
Je ne suis pas familier de sa musique. Je sais que c'est entre Post-Rock et Pop mélancolique, j'avais eu l'occasion d'écouter la collaboration qu'elle avait fait justement avec Mono en 2020.
En bref, je ne sais pas à quoi m'attendre, mais je n'ai pas été déçu. C'était vraiment excellent. Les 4 musiciens évoluent sur un tout petit espace (la scène de L'Antonnoir n'est pas très grande, et la moitié de celle-ci était occupée par l'équipement de Mono. Mais ça crée une sorte de proximité avec les artistes. De plus, une lumière sombre et douce définit les ombres de ces personnes surélevées devant nous ; c'est mystique. Il n'y a pas énormément de monde. Une grosse cinquantaine de personnes pour cette soirée, c'est peu, mais ça rend l'expérience plus intime, et j'avoue apprécier cela. A.A. Williams en live, c'est du Post-Rock tout en sobriété, accompagné de cette chanteuse avec une voix incroyable, éthérée, dans cette ambiance ténébreuse, j'en ai encore des frissons. Très agréablement surpris, je repars avec le premier album de l'artiste, Forever Blue. Pour info, un deuxième album, As the Moon Rests, doit sortir le 7 octobre prochain.
Voici la setlist, pour les intéressé.e.s :
1. For Nothing
2. Love and Pain
3. Evaporate
4. Belong
5. Golden
6. Control
7. Wait
8. Melt
Je vous invite à écouter tout ça ici :
Après 45-50 minutes de set, la scène se vide pour laisser place à Mono. C'est un groupe en provenance du Japon, archi-culte pour tout fan de Post-Rock Instrumental qui se respecte. C'est de la musique triste et nostalgique, comme j'aime, avec des influences classiques évidentes.
J'avais hâte de les voir pour la première fois, vu que c'est un de mes deux groupes préférés du genre (l'autre étant God Is An Astronaut). J'aurais plein de choses à dire tellement cette heure et demie (peut-être même un peu plus) en leur compagnie a été formidable.
J'avais hâte de les voir pour la première fois, vu que c'est un de mes deux groupes préférés du genre (l'autre étant God Is An Astronaut). J'aurais plein de choses à dire tellement cette heure et demie (peut-être même un peu plus) en leur compagnie a été formidable.
La première chose que je remarque, c'est leur matos. Les techniciens installent leurs instruments, et que ce soit la basse Gibson ou les deux Stratocaster, tout avait du vécu, les bestioles avaient des pets de partout, et ça a son charme. On installe aussi deux tabourets, car pendant la majorité du set, les deux guitaristes joueront assis. Pour de la musique calme, ça ne me dérange pas le moins du monde. Devant leurs positions un nombre incalculable de pédales (une grosse quarantaine au total, dont rien que 20 pour Takaakira Goto, le guitariste et leader du groupe.
Je vous mets la setlist ici, avant de parler un peu plus en profondeur du set :
1. Riptide
2. Imperfect Things
3. Nowhere, Now Here
4. Innocence
5. Sorrow
6. Halcyon (Beautiful Days)
7. Ashes In the Snow
8. Exit In Darkness
9. Com (?)
Ne vous détrompez pas, cette setlist est dingue. Il n'y a que neuf morceaux, mais compte tenu de la longueur de ceux-ci, le set a fait une grosse heure et demie. Plusieurs titres des deux derniers albums, un morceau de leur collaboration avec A.A. Williams (c'était le moment ou jamais !) et trois plus vieux morceaux. On s'est mis bien.
Ca commence direct avec Riptide, un des morceaux les plus denses de leur discographie. C'est le premier titre du dernier album, Pilgrimage of the Soul, et celui-ci m'avait beaucoup ému à sa sortie, en live, ça m'a fait l'effet d'un rouleau compresseur, et pourtant c'est du Post-Rock. Le set continue, j'observe les musiciens, dans cette ambiance tamisée, ou les lumières ténues font office d'étoiles dans un ciel nocturne. Dans les moments plus calmes, on remarque la gestuelle du guitariste Takaakira Goto, qui fait virevolter sa main, au rythme des mesures, jusqu'au moment de gratter la note qui doit venir surplomber les riffs du guitariste rythmique, Hideki Suematsu, dit "Yoda". C'est beau.
Puis vient Nowhere, Now Here. Un morceau divin, sur l'avant-dernier album du groupe, du même nom (sans la virgule, cependant). Ce morceau m'a fait suffoquer quand je l'ai entendu la première fois en version studio, ici pareil, je suis épris de sentiments divers et variés qui me font retenir mon souffle, mais comme vous le savez, j'adore souffrir, donc ça me convient. Le vide que cet album m'évoque, je m'y suis retrouvé, piégé. Le set continue sur deux morceaux tirés des deux derniers albums, puis Halcyon (Beautiful Days), un vieux morceau qui date de 2004, il me semble. Ca fait plaisir. Je disais plus tôt que A.A. Williams propose une musique sobre, plutôt épurée. Mono, c'est l'inverse : ça devient vite très dense.
Ensuite, on part en 2009, avec Ashes in the Snow, issu de l'album Hymn to the Immortal Wind, mon album préféré du groupe. Je verse ma traditionnelle larmichette des concerts avec mes groupes favoris, évidemment, sur ce morceau, parce que je l'aime beaucoup, et que l'album entier dont il provient, me procure des émotions fortes, en raison de son lien avec la mer (c'est celui avec le banc de requins sur la pochette). Vous l'aurez compris, j'aime énormément Mono, et en plus, ce morceau est un de ces quelques titres que j'ai appris à jouer ; à mes heures perdues, je joue un peu de basse, et donc, là, j'avais les yeux rivés sur la bassiste du groupe, Tamaki Kunishi, qui est aussi incroyable que les autres. Le batteur, Dahm Majuri Cipolla, accompagnait la bassiste sur l'introduction du morceau, tous deux au glockenspiel (un genre de xylophone). En ce moment, je lis pas mal d'ouvrages sur les jeux vidéo pour le boulot, notamment j'ai récemment lu des textes sur la théorie du "flow", ce moment d'immersion où on prend intime possession de son avatar et que l'on vit l'oeuvre au-delà de notre chair. Le flow, je l'avais, là, je perdais pied, j'étais transporté ailleurs, loin de la tristesse monotone de la vie citadine. Le morceau se termine par les deux guitaristes qui bidouillent leurs pédales et leurs guitares, et nous bricoles un énorme mur de Noise façon béton armé tellement ce dernier était massif. Leur côté rockeur/punk s'exprime sur ces dernières minutes d'expérimentations, où ils s'amusent debout, accroupis, gigotent... et où Takaakira Goto soulève sa guitare et joue avec ses dents. Unique.
Ils s'en vont, mais ce n'est pas la fin. C'est l'heure du rappel. Le public était réduit peut-être, mais ses cris de ferveur ne passèrent pas inaperçus, et ils revinrent sur scène pour deux derniers morceaux, Exit in Darkness, issu de leur récente collaboration avec A.A. Williams, suivi de Com (?), un titan de 15 minutes au titre étrange tiré de leur deuxième album, One Step More and You Die, sorti en 2002. Un morceau intense, comme l'intégralité du set, qui se termine encore par un mur de Noise un peu moins brutal que le précédent, toujours du jeu de guitare à dents, les salutations et remerciements des musiciens, et un tonnerre d'applaudissements !
Et ben, c'était un sacré concert. Je pars au merch claquer mon fric, mettre la main, enfin, sur Hymns to the Immortal Wind, et sur l'immense hommage à Gustave Doré qu'est Requiem for Hell.
Bref, j'ai passé une bonne soirée, un concert intime avec un grand nom du Post-Rock.
Allez, une petite photo prise par le crew du groupe, reprise sur la page Facebook du groupe, et je vous dis à la prochaine !
A propos de Hakim
Hakim, il ne faut pas le tenter. Tout est prétexte à pondre une chronique de 582 pages (Tome I seulement). De quoi vous briser la nuque en lâchant la version imprimée depuis une fenêtre. Un conseil : Levez les yeux !