Les canadiens vont toujours plus loin dans leur approche du Tech Death, qui se veut à la fois bourrin et sans merci, mais d'une virtuosité certaine. La recette de Bleed the Future est selon moi sensiblement la même que sur Relentless Mutation, paru 4 ans plus tôt ; à ceci près que celle-ci est poussée encore plus loin dans les extrêmes. Bref, c'est vachement bien. Là où le Tech Death tend souvent vers du Prog avec des morceaux longs, qui ne jouent pas forcément sur leur férocité et leur vitesse 24h sur 24, les musiciens d'Archspire eux viennent mettre des baffes. Ou, dans le langage du genre : ultra tech, rapide, efficace. De plus, la spécificité du groupe, son chanteur et sa façon de crier en rappant (rapper en criant ?) aussi vite que le reste est toujours autant appréciable.



Eternity's End - Embers of War

Voici LE groupe de Technical Power Metal. Enfin, c'est ainsi qu'ils définissent leur musique. C'est assez pertinent, compte tenu de là où viennent les musiciens. Hormis le chanteur, ce sont tous des membres/ex-membres d'Obscura (et d'autres trucs bien Techs, Spawn of Possession, Necrophagist, Alkaloid, pour ne citer qu'eux). En bref, c'est du Power mélodique/néoclassique, qui se veut évidemment très technique, qui développe un récit épique à partir de la nouvelle "Les Chiens de Tindalos" de Frank Belknap Long, qui fut plus tard intégrée dans le mythe de Cthulhu. Bref, c'est de la SF transposée dans du Power Metal sous sa forme la plus épique qui soit !



Cynic - Ascension Codes

On part côté Prog/Fusion avec un groupe cher à mes yeux : Cynic. J'attendais cet album avec impatience et une certaine angoisse, compte tenu des circonstances dans lesquelles il a été créé. Le batteur original du groupe, ainsi que son bassiste, son décédés en 2020. Si le batteur avait laissé sa place en studio à Matt Lynch d'Intronaut en 2017, Sean Malone, le bassiste, était encore bien présent. Ils avaient commencé à travailler sur de nouveaux morceaux il y a quelques temps déjà, mais ils ont mis un temps certain à sortir. Entre temps, les deux amis de longue date avec qui Paul Masvidal (chant/guitare) a joué pendant trente ans sont partis pour l'autre monde. Je ne saurais imaginer comment il s'est senti. Dévasté, certainement. L'album leur est dédié, comme il est écrit dans le livret. Mon angoisse était relative à ça, car je me doutais que cela se ressentirait dans l'album, et je ne suis pas imperméable à tout ça, donc je savais d'avance que ça allait me toucher. L'album est excellent, cela va sans dire, et correspond à la patte Cynic tout en explorant volontairement des textures inédites, notamment pour la basse, car, par respect pour son ami irremplaçable, il n'y en a pas, mais différents synthétiseurs enregistrés par un certain Dave Mackay.

Hippotraktor - Meridian

Un des nouveaux venus dans l'écurie Pelagic Records. Faut le dire, ils passent direct dans le haut du panier Prog/Post-Metal. Ce ne sont pas des musiciens inexpérimentés. En effet, même si Meridian est leur premier album, ils sont issus de différents univers de la scène belge ; on notera d'ailleurs la présence du frontman de Psychonaut dans leurs rangs. L'album, à la production moderne et léchée, est un incontournable de cette année 2021. Grosse claque en live aussi quand je les ai vus à Anvers pour la Pelagic Label Night. Au travers de ses sept morceaux, on explore un monde vide où le protagoniste esseulé tente comme il peut de donner du sens à son existence, et de l'existence autour de lui. Chaque évocation d'un élément se développe en allégorie et déification d'un concept, pour combler le vide dans cet univers. Bref, un voyage philosophique très sympathique que je vous conseille vivement.