Interview Matthias - Macchabée Artworks
Interviews
9 Février 2021
Céline : Hello Matthias ! Un grand merci déjà pour commencer pour le visuel de notre média. Nous l'exhibons avec fierté (rires)
Matthias : Avec grand plaisir, je me suis beaucoup amusé à créer la bannière de MSM ! Condenser la plupart des sous-genres du Metal en une seule fresque digitale fut un petit défi très sympa à relever, et je suis très content que le rendu vous plaise.
Céline : Pourrais-tu nous parler déjà de ton processus de création, les techniques que tu utilises et les thèmes que tu privilégies ?
Matthias : Alors, j'aime beaucoup varier les supports et les techniques dans mon art, qu'il s'agisse d'aquarelles, d'acrylique, d'encres ou de peintures digitales. Il faut dire également que « Macchabée Artworks » est encore un projet tout jeune, ce qui me permet de tester beaucoup de choses pour perfectionner mon style ! Tout est parti des dessins que je faisais pour mon groupe Muertissima (Death Metal, Paris) dont je suis le guitariste soliste : j'ai commencé à créer des visuels de tee-shirt pour notre merch, puis la pochette de notre premier album qui sortira dans l'année, jusqu'au jour où Anthropovore (Black Metal, Yvelines) m'a demandé de réaliser la pochette de leur album. C'était fin 2019, et je me suis alors dit qu'il fallait que je fasse quelque chose de mes créations, que je mette mes pinceaux et mes peintures au service des autres groupes. Voilà comment Macchabée Artworks est né !
Donc pour revenir à la question, le processus que je privilégie mélange presque toutes les techniques que j'ai évoquées précédemment. Je commence toujours par un croquis rapide au crayon qui me permet de structurer mon visuel, puis je place des ombres et des reliefs à l'aquarelle afin de créer une bonne base de travail sur laquelle va se construire l'œuvre. Après quelques retouches assez grossières de mon fond réalisées à l'acrylique (pour plus d'opacité, et créer des aplats plus cohérents), je scanne le tout, retravaille rapidement les couleurs sur mon ordinateur puis entame le gros du travail de création et de détail sur ma tablette graphique. J'utilise Krita, un logiciel gratuit vraiment bon, mais il y a encore quelques mois je faisais encore tout avec Gimp (le Paint des dessinateurs qui n'ont pas la thune de se payer Photoshop ahah) !
Les thèmes que je privilégie sont naturellement liés à mes deux sous-genres préférés : le Death Metal, et surtout le Black Metal. Les paysages montagneux, peuplés de conifères biscornus et de monts brumeux, sont mon péché mignon ; de la même façon que les crânes et les monstres démoniaques ! Mais bien souvent les commandes des groupes avec lesquels je travaille me permettent de sortir un peu de cette zone de confort, de me diversifier et de me lancer des petits défis à moi-même, ce qui est toujours bon pour ne pas rouiller.
Céline : Sur les réseaux, tu as partagé une rétrospective de tes œuvres. Y en a-t-il une dont tu pourrais nous parler en priorité, une qui te touche plus particulièrement ?
Matthias : Spontanément je pense à deux œuvres : « Perseverance of Misanthropy » de Noisefog (Trve Kvlt Black metal, Italie) et « Cursed Be Thy Flesh » du groupe éponyme (Black Metal, USA). En ce qui concerne Noisefog, il s'agit de la première pochette réalisée en 2020 durant le premier confinement, et la première à être officiellement partagée et distribuée physiquement ! J'étais fier de voir mon boulot se concrétiser peu à peu. Je pense également à "Cursed Be Thy Flesh" car le thème proposé par le groupe, celui de l'Enfer de Dante, me tient particulièrement à cœur : mon premier groupe du lycée avait basé ses compos sur cette œuvre majeure de la culture occidentale. Par ailleurs, ce fut ma première collaboration avec les États-Unis, et cette dernière a tellement bien marché qu'aujourd'hui je fais officiellement partie du nouveau line-up de CBTF, me trouvant derrière toutes les compos du futur album, à la guitare et à la basse !
Comme quoi, mon activité artistique me conduit bien au-delà du simple art visuel, et me permet de nouer des liens professionnels, artistiques et parfois même amicaux et musicaux un peu partout dans le monde.
Céline : Tes collaborations avec des groupes se développent. Je pense, en matière de groupes français, au récent visuel du groupe de BM Foghorn, à celui d'Anthropovore dont l'ambiance me fait penser à Limbo (ne me demandez pas pourquoi) ou bien encore celui de Numen. Tes collaborations se tournent également de plus en plus vers des groupes étrangers : Italie, Russie, Algérie, Pérou, USA... Je pense notamment à Cursed Be Thy Flesh pour ne citer qu'eux. Peux-tu nous en dire plus sur les rencontres à distance avec ces formations ?
Matthias : Ce sont les joies des réseaux sociaux ! Un des bons côtés de Facebook et d'Instagram, c'est la possibilité de s'exporter et de contacter des groupes et des projets musicaux de tous horizons, de toutes nationalités. Lors du premier confinement, je n'avais pas grand-chose d'autre à faire que de contacter massivement les groupes pour leur proposer bénévolement mes services pour la création de pochettes et de visuels. C'est ce qui m'a permis d'entretenir mon activité et de peu à peu... CONQUÉRIR LE MONDE, MOUHAHAHA ! Bon, lentement mais surement on va dire, car il est vrai que j'ai bossé avec pas mal de groupes underground du monde entier : Usa, Russie, Algérie, France, Italie, Espagne, Pologne, Pérou, Colombie, Pays Basque, etc...
Mais ces derniers temps, je n'ai plus trop besoin de démarcher les groupes, qui me contactent de plus en plus spontanément. Je viens d'ailleurs de terminer trois collaborations avec de jeunes projets français (Foghorn en effet, ainsi que deux groupes de Death Tech Atmosphérique et de Black Médiéval / Dungeon Synth), et je m'apprête désormais à plancher sur la refonte du logo du webzine La Horde Noire. 2021 s'annonce donc vraiment intéressant et je suis optimiste, du moins côté créativité et musique !
Céline : Et dans tout ça, ton rapport à la zic ? Je te laisse libre dans cette question ouverte et te remercie pour ce moment ensemble Matthias !
Matthias : Eh bien, c'est moi qui te remercie, et qui remercie Metal Sound Media pour cette interview et la confiance que vous m'avez accordée quant à la refonte de votre bannière !
Je termine donc cette entrevue par quelques mots sur le Metal, qui est un genre qui compte beaucoup pour moi, et qui me suit depuis bien longtemps aujourd'hui (même si je n'ai qu'un quart de siècle, faut pas pousser). Il me suit et rythme ma vie, non seulement car il me permet de faire face au monde par son effet cathartique de « défouloir des humeurs morbides », mais aussi parce que je suis guitariste dans deux projets musicaux : Muertissima et Cursed Be Thy Flesh, auxquels je tiens beaucoup. C'est donc pour moi l'occasion d'un double travail musical et visuel, par la composition et la création graphique, qui est un beau challenge pour les créateurs qui veulent se donner à fond dans leurs œuvres. Voilà donc pour ces quelques considérations pseudo-philosophiques !
Pour retrouver l'artiste, rendez-vous ICI