Spoil Engine - Renaissance Noire

Spoil Engine - Renaissance Noire

Chroniques 22 Mai 2020

Spoil Engine est un groupe de Metalcore/Death Metal mélodique belge fondé en 2004. Il dénombre quatre membres à l'heure actuelle : Iris Goessens au chant, Steven Sanders à la guitare, Dave de Loco à la basse et Matthijs Quaars à la batterie. En 2019, deux ans après la sortie de leur dernier album Stormsleeper chez le label allemand Arising Empire, le groupe signe à nouveau chez eux leur septième opus : Renaissance Noire.


Bon alors, vous savez, on aime bien ces intros en douceur qui apportent ce petit sentiment de calme avant la tempête ? Et bien là on oublie ! Spoil Engine nous balance sans aucun tact dans le vif du sujet avec son premier morceau R!OT. Morceau qui annonce tout de suite la couleur, Iris Goessens est bien décidée à nous en mettre plein les oreilles, quitte à mettre en PLS la moitié des chanteurs (et des chanteuses) de Death au passage ! Une intro plutôt surprenante qui ressemble d'avantage à un morceau de milieu d'album, et même si je trouve que celle de Stormsleeper faisait bien mieux le taf, elle a le mérite de tout de suite mettre en valeur le potentiel du groupe. Le constat est là, le mélange entre Death, Mélo et Hardcore fait un sans faute, les compos sont fluides et le mélange des ambiances fonctionne bien.


Pour la suite, on oscille tranquillement entre des passages plus calmes et travaillés, pour nous permettre de souffler un peu, et des gros riffs bien lourds directement extraits du Metalcore. On croise aussi de temps à autres des séquences inspirées par des sonorités plus Pop et, bien sûr, des refrains très fédérateurs qui ne sont pas sans rappeler l'ambiance de Parkway Drive ou encore Arch Enemy. Pour ce qui est du chant, comme je l'ai dit plus haut, Iris Goessens pose magnifiquement sa voix, montrant sa parfaite maîtrise du chant saturé, et ce même sur des refrains très mélodiques. Alternant growl et voix claire en toute confiance, elle exprime rage, violence et mélancolie avec autant de crédibilité. Rappelons que la chanteuse n'est arrivée dans le groupe qu'en 2017 suite au départ de Niek Tournois, l'un des fondateurs du groupe. La transition se fait cependant sans accrocs, tant au niveau de l'ambiance au sein du groupe que sur les retours positifs des fans de la première heure.


Sur le plan du mixage, le projet est plutôt propre. La production de qualité ne laisse aucun des musiciens sur le banc de touche. On entend ce qui doit être entendu, ni plus, ni moins. Ce qui nous laisse tout le loisir d'apprécier l'exécution irréprochable des musiciens. Steven Sanders, à la fois guitariste rythmique et guitare lead, nous fait voyager entre des riffs puissants et violents, des mélodies simples, plus aériennes, et des solos plutôts courts mais efficaces. Matthijs Quaars multiplie les breaks en nous proposant une batterie franche et dynamique, laquelle vient intelligemment souligner les changements d'ambiance au sein des différentes compositions. Quelques effets prononcés sur la guitare et quelques notes de synthé par-ci par-là viennent apporter plus de corps sur certains passages. Le tout forme une belle cohérence qui casse toute répétitivité pour nous emmener tout naturellement jusqu'à la fin de l'album.


Je met l'accent sur un de mes morceaux favoris de l'oeuvre : Venom. Un morceau plus axé Metalcore qui exprime une certaine violence mêlée à une petite dose de fragilité, sur lequel on retrouve à la fois un chant hurlé puissant et agressif et à la fois une voix calme, posée sur une instrumentation lente et lourde qui créé une ambiance lanscinante. De plus, le titre s'enchaîne parfaitement avec le morceau suivant, Golden Cage, qui arrive gentiment en disant "Bon, on est des coreux, mais voilà, on sait faire ça aussi", cassant littéralement en deux la structure de l'album avec une atmosphère puissante et riche en émotion, histoire de nous mettre en condition pour la suite. Cette deuxième partie s'énerve un peu plus, laissant davantage s'exprimer la mentalité Death du groupe avec des morceaux comme Frostbite qui nous offre un des plus beaux solos de l'album, ou encore Warzone, beaucoup plus incisif et rapide que les précédents. L'album se termine par une belle note avec le titre Storms of Tragedy, sur lequel se rejoignent les différentes facettes d'écriture du groupe pour mourir lentement dans un fondu final majestueux.


Pour ce qui est des textes, on reste sur des thèmes assez courants dans le style : les satyres contemporaines, la dépression, l'humanité en général ou encore les douleurs relationnelles. Donc, dans l'ensemble un registre plutôt sombre et engagé, qui fait directement référence au "Noire" du titre de l'album. A l'écoute, le voyage émotionnel reste tout de même plus en retrait par rapport à ce qui peut être rencontré généralement dans le Death Metal mélodique, pour un album pas si sombre que ça finalement. Ce qui n'est pas nécessairement un mal pour une oeuvre qui s'appelle "Renaissance". Oui, car comme le confie Steven lui-même dans son interview pour Metalobs : " "Noire" c'était pour faire plus Metal ! ".


En conclusion, Spoil Engine ne va pas réinventer l'eau chaude avec son nouvel album mais nous gratifie d'un projet propre et abouti qui fait honneur au genre. Le groupe fait dans la simplicité et l'efficacité, avec un travail de production très soigné et des compos "catchy" qui viennent imposer la légitimité du groupe sur la scène professionnelle depuis plus de 15 ans.