Pavillon Rouge - Legio Axis Ka

Pavillon Rouge - Legio Axis Ka

Chroniques 20 Mai 2015

Parfois le mélange des genres est source de débats , de rebuts ou d’indifférence totale. Et bien en ce qui concerne Pavillon Rouge vous auriez tort de ne pas tenter l’expérience.

Petite bio oblige, le groupe s’est formé en 2007 du côté de Grenoble sous la houlette de Melvyn et est  composé de 3 autres membres dont  François Guichard (Broken Mirrors), arrivé dans  le groupe en 2013 suite au départ de l’ex‐chanteur Hanoi.O.

Après un EP en 2008 puis un album en 2011, « Solmeth Pervitine », qui avait fait son petit effet dans le monde du Black Industriel, Pavillon Rouge reviennent 4 ans plus tard avec Legio Axis Ka.

Car oui on parle bien ici de Black Industriel au sens large. Contrairement à des groupes comme Blacklodge qui incorporent des sonorités indus brutes afin d’appuyer encore plus la brutalité des morceaux, Pavillon Rouge s’oriente vers un nouveau mélange. Il s’agit ici d’un mix entre Black Metal et électro/indus à la Noisuf‐X par exemple. On peut dire que contrairement à la plupart des groupes du genre, ce n’est pas  l’électro qui vient au service du black mais le black qui vient au service de  l’électro,  le tout rondement mené par des  influences diverses des membres du groupe,  un  peu  comme si  l’album  était  un  joyeux  copulât  de  Marduk  et  de  groupes  comme Scooter.

Contrairement  à  Solmeth  Pervitine  qui s’inscrivait  comme  un  album  nombriliste,  incertain  et arborant des thèmes célestes, Legio Axis Ka se veut plus aboutit. « Devenir L’univers », tel est le credo  de  ce  nouvel  opus.  Fini  l’introspection  ressentie  dans  l’album  précédent,  place  à  la conquête  de  l’espace,  de  l’humain,  sous  fond  de  musique  martiale,  spatiale  et  électrisante. S’affranchir des conditions terrestre pour briller dans le cosmos, voilà ce que l’on doit retenir de cet  opus.  Renaître  de  l’ombre  face  au  nihilisme  ambiant  des  groupes  du  genre,  abandonner toute misanthropie au service de la beauté de la vie tel le miracle divin qu’elle se doit d’être. Et il a fallu 4 ans pour que cet album voit le jour , synonyme du perfectionnisme de ses membres qui se ressent à chaque titres.

Le black s’estompe un peu plus sur cet album comparé aux précédents pour laisser place à plus de sonorités électro/new wave, ce qui pourrait faire grincer les amateurs de BM. Mais en même temps c’est un peu le but du projet de s’affranchir des codes établis. Le changement de registre n’enlève rien à la personnalité de Pavillon Rouge et cet album lance un pavé dans la mare d’un style bien trop conventionnel.

On pourrait parler des titres un par un mais Pavillon Rouge est un tel concentré de complexité et de musicalité qu’il en serait difficile de décrire les rouages. Globalement si vous aimez le Black Metal , les paroles cosmiques et censées , l’électro qui tabasse bien, vous trouverez votre bonheur. Un peu de black metal conscient et brisant les codes ça ne se refuse pas.

 L’album débute par un « Prisme vers l’odyssée » qui annonce la couleur dès le début, cet album sera orienté vers et pour la Lumière. L’aspect divin est souvent mentionné dans cet album, foi des membres ou simple métaphore divine pour l’univers ? Je ne sais pas, ça reste la grande question que je me pose et ne connaissant pas les membres elle restera en suspens.On se régalera avec « L’enfer se souvient, l’Enfer sait » au rythme effréné avant de se plonger vers la conquête spatiale avec « Mars Stella Patria », qui résume tout à fait l’aspect conquérant de cet album.

« Aurore Et Nemesis » se veut plus planant alors que « Droge Macht Frei » possède un fort potentiel, mixé par X‐Fusion.

« Notre paradis » vous rappellera quelque chose si vous possédez une culture au niveau du Rap US. Le titre reprend la trame musicale du titre « Gangsta’s Paradise », véritable hit du rappeur américain Coolio en 1995, le tout bien entendu mis à la sauce Pavillon Rouge.

L’album se termine par « Klux Santur », véritable déclaration d’amour une nouvelle fois pour l’univers.

Vous l’aurez compris cet album ne s’écoute pas, il se vit. Pavillon Rouge frappe une nouvelle fois très fort en imposant un style novateur et prenant qui ne manquera pas de faire des vagues.Si vous aimez le black, l’électro , la mise en valeur de l’être humain et que vous rêvez de la conquête spatiale n’attendez plus et jetez vous sur cet opus qui pour moi vaut largement un 17/20.