Sellsword - And Now We Ride

Sellsword - And Now We Ride

Chroniques 5 Janvier 2021
Cet album assez conséquent paru en 2016 est le premier du groupe Sellsword, un groupe de power heavy metal symphonique. La couverture de l'album en dit déjà long sur l'album en question, cette atmosphère manowarienne avec une armée chargeant une muraille, tout ce que l'on souhaite d'un visuel de ce style de musique. Plongeons maintenant dans l'aventure musicale épique de ce mercenaire ayant tant combattu !


L'intro très caractéristique d'un film de fiction médiévale nous plonge dans une atmosphère chevalière qui précède une bataille avec les armées s'avançant vers le champ de bataille, avec une batterie avec un son se rapprochant des tambourins de guerre utilisés à l'époque napoléonienne qu'utilisaient les armées pour faire marcher les troupes, avec ce roulement constant faisant penser aux chevaux trottant. Ceci accompagné de sons de trompette ayant un son proche du cor et d'un son de violon venant ponctuer ce cor afin de donner une touche dramatique à l'ensemble de l'introduction. L'apogée en fin de cette intro avec la nappe de clavier nous donne une sorte de présage d'une suite très violente, comme nous le verrons avec les prochains morceaux.

La guitare du premier morceau "The warrior" marque une césure nette avec l'intro et un contraste assez fort avec l'orchestre symphonique qui a précédé. Cette progression d'accords beaucoup plus caractéristique du genre du Heavy nous fait rentrer dans le vif du sujet. On enlève le côté majestueux des violons et des saxophones et on rajoute le côté bourrin et épique de la guitare, des basses et de la voix, extrêmement mélodieuse et lyrique, qui se rapproche plus du chant lyrique avec des voyelles bien plus accentués que du Heavy Metal classique, mais qui garde malgré tout une énergie assez conséquente grâce notamment aux variations de hauteur bien exécutées par Perry Stuart, le chanteur. Les passages chantés avec une téciture plus basse donnent une allure beaucoup plus guerrière et ceux avec une hauteur plus haute une allure beaucoup théatrale, passages d'ailleurs très souvent ponctués par un suraigu, beaucoup plus proche du Heavy Metal classique. Une autre caractéristique de ce chant est la prononciation étrange de certaines voyelles, par exemple le "o" de "all" qui ici est bien plus prononcé vers le "o" que le "a", ou inversement avec le "shall" prononcé plus vers le "a" que le "o" (ce qui peut paraître étrange). Ce qui accentue d'autant plus le côté lyrique et théatrâl de la voix et donne un son beaucoup plus solennel !

Une caractéristique de beaucoup de morceaux est l'alternance de passages rapides et soutenus avec la guitare en lead avec des passages plus posés avec le clavier (extrêmement marqué au début de "crossing the blades", entre la partie instrumentale de l'intro et le début du chant), ou avec un chant se faisant doubler par un choeur, notamment dans "Battlegrounds". Ces changements de tempo radicaux accompagnés de variations de lead donnent un côté "imprévisible" à l'album. Il y a aussi une alternance avec des passages beaucoup plus "ballades" notamment avec "Ashen Hand". Ce morceau d'ailleurs, qui alterne des passages chantés et des passages contés procure une immersion d'autant plus forte! Ces modulations de tempo contribuent par ailleurs à un changement d'ambiance, très illustré par "Starlight", qui propose un ton beaucoup plus calme et posé et qui raconte de manière très métaphorique les devoirs du mercenaire jusqu'à sa mort.
Une caractéristique de l'album aussi (encore une !) est la variété d'instruments utilisés, en plus du son de saxophones et de violons que nous avons vu dans l'intro, nous avons la présence de clavier, caractéristique du genre symphonique mais aussi de la flûte ou du fifre dans l'intro de "Merchants Of Menace" qui donne un côté folklorique médiéval avec les troubadours jouant dans les villages, une fois de plus très immersif, et qui illustre d'ailleurs la comparaison des mercenaires à des marchands colporteurs ! 

Une chose à noter également dans l'album est la récurrence des paroles "and now we ride", ce qui insiste sur le côté nomade et éphémère du passage des mercenaires parmi les différentes armées pour lesquelles ils combattent. Ceux-ci étant le thème de l'album (en même temps c'est un peu le titre de l'album hein), leurs compétences sont assez mises en valeur, on montre leurs différentes expériences de combat notamment avec "Battlegrounds" et "Siege" . Il est par ailleurs montré que les mercenaires incarnent des noms qui ne perdurent pas dans l'histoire malgré leurs divers exploits avec la chanson éponyme "Sellsword" et ses paroles récurrentes "sellsword, a story never told". 

L'apogée de cet album "Meet Your Maker" est une très bonne conclusion étant donné qu'elle reprend tous les éléments caractéristiques de l'album pour les rassembler en un morceau. Celle-ci fait écho à l'intro avec ce début très lent et atmosphérique et la césure avec la guitare électrique encore plus marquée qu'au début. Une forme un peu étrange de composition est que le refrain arrive directement après l'intro, celui-ci marque d'autant plus la césure avec l'intro lente. Au milieu est incorporé un passage vocalisé du chanteur doublé d'une voix parlée de celui-ci, ce qui fait encore une fois écho au passage conté précedemment, tout cela qui finit sur le riff d'intro de la chanson, le refrain chanté sur une instrumentation beaucoup plus légère, qui se finit sur une outro faite au violon (écho au début de l'album !). 

Pour conclure, cet album est un concentré de Heavy symphonique accompagné d'un fort apport de lyrisme notamment par la voix du chanteur très particulière et surtout très poétique avec l'utilisation d'instruments peu communs comme le violon ou la flûte traversière et qui apporteront une dimension très immersive à la musique, tout cela accompagné par des paroles racontant l'épopée de ces mercenaires oubliés et mis à l'écart.