Heboidophrenie - Cannibalism for Dummies

Heboidophrenie - Cannibalism for Dummies

Chroniques 14 Juin 2020

Aujourd'hui nous allons retourner faire un tour du côté de la scène underground française. Le méfait Cannibalism for Dummies sera commis par le groupe Heboidophrenie le 15 Juin 2020. Après un premier jet effectué en 2013, déjà bien gras, Origin of Madness, les bordelais affirment encore davantage leur penchant pour le côté obscur, le Brutal Death. Le groupe est composé de Eric "Abyss" et Mickael Béarnais à la guitare, Rémy Martin à la basse et aux choeurs, Loïc "Worms" au chant lead et Matthieu "Crush" à la batterie. La première lecture de leur univers est apportée par un Artwork signé Bastien Jez très cohérent avec le sujet que nous allons aborder aujourd'hui : le Cannibalisme !

L'ouverture nous met immédiatement dans l'ambiance avec une émission de radio dans laquelle deux hommes discutent. L'un va visiblement aider l'autre à découvrir le goût de la chair humaine en coupant un morceau de la cuisse de ce dernier qui semble parfaitement consentant. Un petit fond sonore dissonant arrive en fade in pour remplacer le dialogue et venir s'enchaîner avec le premier morceau, HFC. L'atmosphère de ce morceau est plutôt humoristique, il s'agit là d'une chaine de cuisine et nous allons apprendre une recette pour cuisiner de l'humain. L'ambiance musicale est très sèche avec sa prédominance d'aigus qui donnent un son très râpeux aux guitares et à la basse. Les riffs plutôt francs sont appuyés par une batterie avec une double pédale en double-croche le plus souvent, ce qui donne d'ailleurs un effet rythmique très intéressant lors du solo de ce morceau, lorsque les autres éléments de batterie viennent s'appuyer sur la même ligne que la grosse caisse. Pour ce qui est du chant, inutile de vous dire que le growl bien gras est omniprésent et flirt souvent avec le pig squeal. Au fil de l'album on parcourt un monde de violences et de vices, abordant des thèmes toujours plus sales tels que l'homme qui décrit comment il ouvre le crâne de ses victimes avec un pied de biche pour les laisser à demi morts, la femme qui oblige un homme à se couper des morceaux de chair et à les jetter dans les toilettes pendant qu'elle se masturbe, le tout sur un fond sonore d'orgasme féminin, du type qui parle de son "abattoire à hipster", décrivant les pires tortures qu'il y inflige aux représentants de cette communauté qu'il n'apprécie guère... C'est sans aucune limites qu'Heboidophrenie flirt avec le malsain et le gore.

Pour les adeptes du Deathcore, échauffez-vous les cervicales car l'album présente également un joli panel de breakdowns tout droit sortis des enfers. A l'instar de leurs textes, les riffs très lourds viennent titiller les oreilles de l'auditeur mal avisé qui se serait aventuré par mégarde dans cet opus infernal. Des tempos ultra lents, des sonorités complètement dissonantes à grands coups de secondes mineures, voilà la recette magique pour activer une fosse et déboiter des nuques. Non on ne fait pas dans la subtilité. Pourtant vous aurez à coeur de remarquer quelques solos de guitare très bien construits et éxécutés comme ceux de HFC, de Bleeding Love ou de Left Half Dead. L'album possède une certaine constance: les moments calmes sont très rares et quelques surprises sont disséminées par-ci par-là, telles qu'une petite ligne d'arpèges en guitare clean, mais de façon très sporadique. Pourtant on ne voit pas tellement l'album passer quand on est dedans, le groupe arrive quand même à créer des ambiances particulières à chaque morceau. La présence de Doomsday, un morceau instrumental, est tout de même bienvenue pour pouvoir souffler un peu, les autres morceaux ne nous laissant pas tellement l'occasion de respirer car la tension ne redescend pas souvent. L'opus se termine sur une note très sombre puisqu'il s'agit de la lobotomie d'un déséquilibré qui sombre peu à peu, son esprit disparaissant lentement sur la table d'opération et la musique met parfaitement en valeur cette ambiance de plus en plus lente et lourde. Cette musique finira comme elle nous a accompagné à travers tous les morceaux : brutalement.

Les influences Napalm Death sont surement présentes, même si c'est un peu générique de dire ça, mais de toute évidence on ne retrouve pas la même production derrière Cannibalism for Dummies. Un peu moins propre, cette qualité sonore fait néanmoins ressortir encore plus l'aspect extrême des sonorités. Comme si le trémolo de la guitare voulait parfois imiter le bruit d'une tronçonneuse. Si ce son est un parti pris, je penses que c'est un choix cohérent. Et pourtant je suis plutôt un adeptes des prod' hyper carrées, très propres qui viennent explorer tous le spectre audible.

Pour conclure, je dirais que cette écoute a été plutôt surprenante et étrangement agréable. Je me suis surpris à bouger la tête sur presque tous les morceaux et à réécouter en boucle certains d'entre eux. Ce serait, selon moi, une bonne expérience de les voir en live pour assister à l'ambiance qui doit être dégagée dans leurs concerts. En tout cas j'attends de voir les retours qui seront fait sur cet album mais il seront surement positifs, je n'en doute pas.