Fractal Gates - The Light That Shines

Fractal Gates - The Light That Shines

Chroniques 12 Juin 2018
Envie de de voyager aux confins de la voie lactée ? Alors laissez-moi vous présenter les Parisiens de Fractal Gates et leur dernier album : The Light That Shines. Amateurs de Death Metal, de visuels astronomiques, de mélodies ultra accrocheuses, et d’ambiances planantes, vous voilà servis. Fractal Gates nous propose comme à son habitude un album très orienté vers la contemplation stellaire et les passages atmosphériques, le tout parsemé de riffs groovy à souhait et de mélodies prenantes comme le groupe sait si bien le faire, ce qui le rend assez singulier dans la scène Metal française. Car bien que lourdeur et ambiant semblent antagonistes, Fractal Gates est l’un des rares groupes à avoir cette faculté de bien doser sa musique. Par-là, j’entends qu’ils n’en font ni trop, ni pas assez : le côté mélodique est suffisamment présent pour être apprécié à sa juste valeur, sans pour autant être partout, risquant de ruiner les atmosphères que l’album tente de créer. En cela, ils me font beaucoup penser à Insomnium. Mais parlons de l’album plus en détail.
 
 The Light That Shines est sans doute l’album le plus accessible que le groupe ait sorti jusque-là. Le style est plus défini, plus clair. Fractal Gates s’est réellement trouvé une direction musicale. On sait où l’on va, les intentions sont claires dès le départ : partir pour un voyage cosmique, tout en des riffs groovy à souhaits.
  
 Tout d’abord, parlons du côté ambiant de l’album. A ce niveau-là, Fractal Gates est selon moi l’un des groupes qui mélange le mieux la musique atmosphérique et le Death Metal, aux côtés de Enshine et Insomnium. Comme sur les albums précédents, The Light That Shines est parsemé de « Visions ». Ce sont de courts interludes ambiants qui font le lien entre différentes morceaux. Même si c’est loin d’être le premier groupe à utiliser ce genre de chose, ça n’en reste pas moins très pertinent dans la mesure où cela colle parfaitement avec les intentions de l’album, rendant ce dernier plus « aéré », moins répétitif.

 On a aussi le droit à la présence des chuchotements de Sébastien Pierre, chanteur du groupe (et qui est également chanteur dans Enshine, comme quoi tout est lié…), qui participent beaucoup au caractère nébuleux, qui se dégage de certains morceaux. Ajouté à cela une utilisation fréquente des effets tels que la reverb et le delay sur des mélodies de guitare harmonisées, en plus des nappes de synthés venant remplir l’espace sonore, et vous êtes partis pour les étoiles ! C’est particulièrement flagrant sur le morceau Faceless par exemple.

  Mais attention, partir pour les étoiles, ce n’est pas s’endormir et faire de beaux rêves. Les amateurs de gros riffs seront tout autant servis par cet album. Alors certes, on n’est pas sur rythmiques très recherchés, la plupart du temps ça se contente d'enchaîner les power chords (accord basique surutilisé dans le Metal) dans les graves, mais ici c’est suffisamment bien utilisé pour être pertinent dans la mesure où partir dans des riffs trop compliqués desservirait le travail effectué sur les leads. Tout ceci étant soutenu par une batterie suffisamment présente pour apporter de la lourdeur aux riffs, sans être trop technique, privilégiant des paternes rythmiques simples mais efficaces.

  Cependant je suis assez déçu de la faible présence de la basse. C’était déjà le cas dans les albums précédents, mais donner un aspect mélodique à la basse serait une très bonne idée selon moi. En plus de sortir cet instrument de sa condition de soutien rythmique, cela permettrait de façonner de nouveaux types de leads, spécifiques à la basse, et d’enrichir la musique du groupe.

  Un autre point qui m’a légèrement déplu est le manque de diversité dans les structures des morceaux. Je ne parle pas forcément de s’étendre sur des morceaux à rallonge qui ne mène nulle part, mais juste de varier les différents chemins que prennent les morceaux. En plus d’être généralement assez courts (entre 3 et 4 min), les morceaux de cet album suivent souvent une structure similaire que l’on connait tous (couplet, refrains, …). Être plus ambitieux à ce niveau-là apporterait selon moi beaucoup aux compositions, les rendant moins prévisibles, et leur donnant à chacune une singularité, une forme qui leur est propre.

  En bref, The Light That Shines tiens les promesses que Fractal Gates a l’habitude de faire. Il est dans la continuité des précédents opus du groupe, mais on sent de plus en plus de savoir-faire et d’adresse dans la composition des morceaux. L’ensemble est terriblement efficace, et le groupe conserve son style qui le rend assez unique sur la scène française, et même très original à l’international. Les ambiances, les mélodies, et les riffs sont extrêmement bien maîtrisés, mais on aimerait aller plus loin désormais. Je n’irai pas jusqu’à dire que Fractal Gates tourne en rond avec cet album, puisqu’on sent vraiment que ce qui fait l’essence du groupe, ses mélodies, ses atmosphères, ont été beaucoup travaillée. Mais pour le prochain album, du renouveau sera nécessaire pour apporter de la fraîcheur dans la discographie de Fractal Gates

 16/20